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Ruisseau Créole: Carré d’As, le poids de l’attente
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Ruisseau Créole: Carré d’As, le poids de l’attente
Cela fait des années qu’ils prennent leur mal en patience, espérant être enfin relogés. Génération après génération, les habitants de Carré d’As stagnent au même endroit.
Trois, voire quatre générations de familles vivent dans ce coin nommé Carre d’As, à quelques mètres à peine de Ruisseau Créole. Pour certaines d’entre eux, cela fait 40 ans qu’elles patientent. C’est là qu’ont été installés des travailleurs des salines de Rivière Noire quand celles-ci étaient encore en opération. Depuis, les familles ont grandi, génération après génération. Marie Angélique Perès est l’une des plus anciennes à habiter dans les salines. Elle venait tout juste de se marier, à 19 ans, quand elle est venue y vivre. Depuis, elle a vu grandir dans ce coin exigu enfants, petits-enfants et arrière-petits-enfants.
«Cet endroit s’appelle Carré d’As parce qu’à l’époque où nous sommes venus nous installer ici, il y avait une salle de fêtes qui portait le même nom», raconte Marie Angélique Peres. «C’était il y a bien longtemps. J’ai 70 ans maintenant et beaucoup de choses ont changé autour de nous, mais pas ici.»
Elle n’est pas la seule dans le village à avoir vu passer les années, c’est aussi le cas de Raymond Frédéric qui, à 78 ans, est l’un des doyens de Carré d’As. Il n’a pas eu d’enfant mais c’est là, dans sa maison, qu’il a aidé à élever ses neveux.
«Quand nous venions de nous installer ici, il n’y avait pas toutes ces maisons et ces morcellements. C’était des terres en friche. Il y avait une seule voie, la route principale de Rivière-Noire», se rappelle le vieil homme. «Je me souviens que pour avoir de l’eau, il fallait traverser la route et aller au ruisseau.»
Des années plus tard, les maisons se sont retrouvées littéralement les unes sur les autres et l’eau est toujours le problème majeur dans le village. Ils doivent souvent attendre des heures pour avoir l’eau courante ou le service des camions-citernes de la Central Water Authority. Grâce à l’aide d’un financement de l’association du Pont du Tamarinier, deux réservoirs ont été installés pour pallier ce problème.
«C’est ça notre problème principal ici, l’eau. Et s’il n’y avait pas le Pont du Tamarinier, nous n’aurions pas d’eau du tout. Imaginez : parfois il y quatre à cinq familles dans la même maison qui doivent attendre l’eau», explique, pour sa part, Christelle François.
«Personne ne vient nous voir ici, les politiciens ne nous connaissent qu’au moment des élections. J’ai grandi ici, je me suis mariée ici et mes enfants sont nés ici. Ce n’est rien comparé au temps où mes grands-parents ont vécu ici.»
Pas moins de quarante-deux familles à vivre à Carré d’As dans une poignée de maisons. L’attente de voir un projet de relogement enfin se concrétiser fait partie de leur quotidien. Ils continuent à prendre leur mal en patience pour enfin avoir un toit sur leur tête. A l’instar du village du Pont du Tamarinier, un plan de relogement a été préparé.
«Avec l’aide du secteur privé et du gouvernement, nous avons mis en place un plan pour reloger ces personnes. C’est quelque chose qui prend du temps et qui a été ralenti pour le moment», explique Sébastien Moutou, de l’association du Pont du Tamarinier. «Nous n’attendons plus que les autorités nous confirment le terrain.»
Au ministère du Logement et des terres, on explique qu’un premier terrain identifié pour le projet de relogement n’était pas adéquat. Il n’y avait aucun accès vers ledit terrain. Une seconde proposition a été faite et elle est actuellement à l’étude par les fonctionnaires.
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