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Bourse Africa : la chute, huit ans après
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Bourse Africa : la chute, huit ans après
La première Bourse de commerce met un terme à ses opérations après huit ans. En dépit des efforts des dirigeants, Bourse Africa Ltd n’a pas rayonné sur le marché des capitaux.
Elle n’a pas pu prendre un nouvel envol malgré un nouveau nom. Et huit ans après son démarrage en grande pompe, la première Bourse de commerce, Global Board of Trade (GBOT), rebaptisée Bourse Africa Ltd en 2013, a été contrainte de rendre ses deux licences à la Financial Services Commission (FSC), celle de Bourse Africa et de sa filiale lancée en juillet de la même année, Bourse Africa Clear Ltd. Retour sur un krach.
Financée au coût de Rs 2 milliards par Financial Technologies (India) Ltd (FTL), groupe appartenant au milliardaire indien Jignesh Shah, GBOT était installée à Ebène House. Elle traitait des contrats à terme sur les devises, notamment avec le contrat dollar-roupie, sur les métaux précieux (or et argent) et non ferreux (cuivre, aluminium et zinc), sur les denrées (café ou sucre), sur le pétrole ou encore sur le fret maritime. Cette Bourse incarnait l’espoir pour de jeunes professionnels en in- formatique, analyse financière et en trading contrat à terme.
Son premier Chief Executive, Joseph Bosco, visait principalement le continent africain, cherchant à promouvoir les opportunités offertes par les marchés des finances et de matières premières. GBOT s’appuyait sur des installations des plus sophistiquées de FTL à Bahreïn, au Botswana, à Dubaï, ou encore à Singapour, en sus de ses plateformes dans la Grande péninsule et à Maurice. L’idée était de servir de pont entre les investisseurs globaux et les marchés émergents d’Afrique qui compte actuellement 19 bourses de valeurs et neuf marchés spécialisés dans les matières premières.
Scandale financier
Mais sur le terrain, les réalités étaient différentes. Pour de nombreux observateurs de marché des capitaux, GBOT n’a pas connu le rayonnement attendu. Les transactions sur le marché se sont révélées très faibles en dépit des efforts de ses dirigeants. Le changement d’appellation de GBOT à Bourse Africa Limited, décidé en 2013 pour témoigner, selon les dirigeants, de la volonté de la société de se focaliser sur les marchés financiers africains, n’a pas changé la donne.
Les démêlés judiciaires auxquels Jignesh Shah était confronté en Inde, notamment son implication dans un scandale financier, n’ont pas non plus arrangé les choses. Cela a influé négativement sur les opérations de FTL à l’étranger, surtout à Bourse Africa Ltd, dirigée entre-temps par Rinsy Ansalam.
En fait, sur un ordre de la Forward Market Commission et du Securities Exchange Board of India en mars 2014, Jignesh Shah était considéré comme «not a fit and proper person». La société attendait toujours un repreneur lorsqu’est venue la directive de la FSC ordonnant à FTL de se désinvestir du capital de Bourse Africa et de Bourse Africa Clear Ltd.
En fait, sur un ordre de la Forward Market Commission et du Securities Exchange Board of India en mars 2014, Jignesh Shah était considéré comme «not a fit and proper person». La société attendait toujours un repreneur lorsqu’est venue la directive de la FSC ordonnant à FTL de se désinvestir du capital de Bourse Africa et de Bourse Africa Clear Ltd.
Qui est Jignesh Shah ?
Le nom de Jignesh Shah a été évoqué au Parlement, mardi. Les licences de ses compagnies ont été révoquées le 24 janvier, a affirmé le ministre des Services financiers et de la bonne gouvernance. Qui est cet homme, et pourquoi son nom a-t-il fait surface ?
Jignesh Shah a longtemps été le symbole par excellence de la réussite en Inde, mais sa chute a été encore plus médiatisée que son ascension et ses réalisations. Issu d’un milieu modeste de la ban- lieue de Mumbai, Jignesh Shah a fait des études en informatique et avait été recruté par la Bombay Stock Exchange pour informatiser la Bourse. En découvrant ce milieu, il songe à lancer une plateforme similaire pour les commodités.
Il lance la Multi-commodity Exchange et en 2005, il met sur pied la National Spot Exchange (NSEL) qui donne la possibilité aux vendeurs et investisseurs d’acheter et de vendre de l’or, l’argent et produits agricoles en temps réel. Ses connexions avec le gouvernement indien d’alors lui permettent même de proposer un délai supplémentaire à ses acheteurs de payer les commodités.
Arrestation
Le succès est immédiat, et Jignesh Shah est sacré «Youngest 1st Generation Billionaire» par le magazine Forbes en 2006. Il avait alors 39 ans. Jignesh Shah lance des plateformes similaires dans plusieurs pays, dont Maurice.
En 2012, un des acheteurs de commodités, notamment de l’huile, ne peut pas honorer son paiement. Le vendeur se tourne alors vers la NSEL, qui se portait garant jusqu’au paiement, car l’huile était stockée dans un entrepôt lui appartenant. Sauf que la commodité n’y était pas. S’ensuit alors plusieurs autres cas similaires, et le montant des dettes atteint les Rs 56 milliards de roupies indiennes. D’autres transactions sont aussi faites avec des périodes de paiements allant au-delà du délai autorisé et la licence est alors révoquée.
Par la suite, l’enquête s’oriente vers le blanchiment d’argent, avec un money trail s’élevant à plus de 30 milliards de roupies indiennes qui est soumis à la cour. En juillet 2014, Jignesh Shah est arrêté pour la première fois pour non-coopération avec les autorités. En 2016, il est à nouveau arrêté suite à cette affaire avant d’être libéré sous caution plus tard. Le procès est toujours en cours.
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