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Discrimination au travail: Soolekha, jamais sans son tika

15 avril 2018, 16:30

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Discrimination au travail: Soolekha, jamais sans son tika

Cela fait 14 ans qu’elle travaille à l’hôtel The Residence, à Belle-Mare. Et cela fait 14 ans qu’elle porte le «tika», symbole de son statut de femme mariée, pour se rendre au boulot. Il n’y a jamais eu de problème. Jusqu’en février, où la Corporate Human Resource Manager lui a demandé de l’enlever…

Soolekha Dalwhoor est, en fait, employée comme sales assistant au sein de la boutique de l’hôtel. Elle ne serait pas la seule à avoir subi des «pressions». Si d’autres collègues, apprend-on, ont fini par céder, de peur de perdre leur gagne-pain, tel n’a pas été le cas pour l’employée en question.

Dans son entourage, on explique qu’elle refuse d’abdiquer, qu’elle revendique ses droits à la liberté d’afficher ses croyances. D’autant plus qu’elle ne porte pas de «sindoor», qui provoque chez elle des allergies. Mais face à son refus d’obtempérer, la direction a commencé à lui servir des avertissements. Vendredi, elle a reçu le «last and final warning».

En attendant, des employés de l’hôtel disent ne pas comprendre le problème que pose le «tika» dans ce cas. «S’il s’agissait des femmes qui bossent dans la cuisine, on aurait pu comprendre. D’ailleurs, le contrat stipule que le port du tika n’est pas autorisé pour les employés qui y travaillent. Mais en quoi est-ce cela peut compromettre l’hygiène dans un espace où on ne prépare pas et où on ne sert pas la nourriture ?»

Refus d’obtempérer

 D’autres affirment ne pas comprendre cette démarche de la direction car les touristes sont salués par un «namasté» alors que les jardinières portent des saris à l’hôtel… «Quel est donc le problème avec le tika de Soolekha ? La Corporate Human Resource Manager a déjà demandé à des femmes de cacher leur sindoor. Pourquoi cacher des symboles de notre culture à nos touristes qui savent très bien que Maurice est un pays multiculturel ? C’est bien l’une des raisons pour lesquelles ils viennent chez nous, non ?» martèle-t-on.

L’entourage de Soolekha Dalwhoor ajoute, dans la foulée, que les touristes trouvent le «tika très beau. Certains s’enquièrent de la signification, du symbolisme, auprès de celles qui le portent. Allant jusqu’à en demander au personnel féminin pour le porter à leur tour !»

En attendant, la direction de l’hôtel, elle, voit rouge. Selon nos informations, elle pourrait présenter la quadragénaire devant un comité disciplinaire et éventuellement la mettre à la porte. Depuis, associations, facebookeurs et lobbies sectaires se sont emparés de l’affaire. Des associations qui soutiennent Soolekha Dalwhoor ont déjà mis un avocat à sa disposition.

Vendredi, la direction de The Residence et le ministère du Travail, ont émis des communiqués à ce sujet. L’hôtel affirme ainsi que «le sindoor, le mangalsutra (NdlR, l’alliance), ou le thali sont autorisés, mais pas le port du tika, cela dans le but de ne pas créer de discrimination entre les départements (indirect discrimination) puisque dans certains départements, tels qu’en cuisine ou au restaurant, le port du tika est contraire aux règles d’hygiène». Et qu’en cas de non-respect des règlements, l’employée dispose d’un délai minimum de 24 heures pour rectifier le tir. Elle a droit à un avertissement seulement si elle récidive.

Le ministère du Travail a, lui, enclenché des démarches légales pour poursuivre l’employeur au criminel. Ce, pour non-respect de l’article 4 de l’Employment Rights Act, qui concerne la protection des employés contre toute forme de discrimination au travail. Une démarche qui survient après que la direction de l’hôtel a refusé d’obtempérer face à l’avis du Parquet, qui a jugé cette interdiction «anticonstitutionnelle et discriminatoire