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Tour du monde: des sirènes de la marine indienne échouées sur les côtes mauriciennes

22 avril 2018, 22:30

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Tour du monde: des sirènes de la marine indienne échouées sur les côtes mauriciennes

Elles sont six femmes. Elles font partie de la marine indienne et participent à l’expédition Navika Sagar Parikrama, soit une circumnavigation du globe, entamée depuis septembre 2017. Le nom de leur voilier: l’INSV Tarini.

Le but derrière cette première traversée indienne exclusivement féminine ? Faire avancer la cause de la femme dans la Grande péninsule, faire évoluer les mentalités, en démontrant que les Indiennes peuvent elles aussi surmonter des épreuves dans des milieux difficiles. De Port-Louis, elles mettront cap sur Goa, en Inde, après avoir traversé l’océan Indien, l’Atlantique et le Pacifique.

Le lieutenant commandant Vartika Joshi, capitaine à bord, explique qu’en haute mer, «il n’y a pas de journée type. Tout dépend du temps. Si la mer est démontée, nous avons beaucoup plus de travail, nous n’avons pas beaucoup de temps pour nous reposer. Mais lorsque la mer est calme, on arrive à se consacrer un peu de temps».

Produits frais

Quoi qu’il en soit, il faut veiller à l’entretien journalier du bateau, ce qui est loin d’être une mince affaire avec la maintenance qui doit se faire chaque jour. «Il faut absolument s’assurer que tout est en ordre, que tout marche bien car sinon lorsque le temps se gâte nous serions prises au dépourvu», indique la jeune femme originaire du Rishikesh.

Sur le voilier de 17 mètres, les préparations vont bon train pour la dernière étape du voyage jusqu’à Goa, en Inde. Les membres de l’équipage ont profité de cette escale pour faire le plein de produits frais. «Les voyages durent des fois plus de 40 jours d’affilée en haute mer. Ce ne sont que les 10 à 15 premiers jours que nous pourrons manger des produits frais. Il faut en profiter», indique le lieutenant commandant Pratibha Jamwal, originaire de Kullu, au Himachal Pradesh.

Ses mains s’activent en même temps qu’elle parle, il faut mettre les précieuses provisions à l’abri. Celles-ci sont stockées dans de grands bacs fixés au sol de la cabine commune qui sert également de cuisine et de dortoir.

«Il faut maximiser l’espace», fait valoir le lieutenant Vijaya Devi Shougrakpam, qui, elle, est née à Manipur. Mais surtout, dit-elle, il ne faut rien laisser traîner. Car avec les vagues, le voilier tangue et «tout s’envole. Même quand on cuisine, parfois, on doit faire vraiment attention. Il ne faut pas quitter les ingrédients ou les ustensiles sur la table, il faut bien tenir la marmite». Un vrai exercice d’équilibriste.

Déshydratation

Par ailleurs, tous les membres de l’équipage cuisinent. «Nous venons tous de différentes parties de l’Inde et sommes toutes des férues de nourriture ! La cuisine est donc toujours très variée et délicieuse. Nous avons aussi notre propre pâtissière, le lieutenant commandant Swathi Patarapalli, qui nous fait de très bons gâteaux.»

Cette dernière, originaire de Visakhapatnam, s’attelle à ranger les bouteilles d’eau qui seront utilisées lors du voyage. «Chacune des filles reçoit une bouteille d’eau d’un litre et demi tous les matins. Elles sont toutes datées et doivent être vides à la fin de la journée. L’un des plus gros soucis en mer, c’est la déshydratation. Je pense que c’est surtout l’eau qui nous aide à garder la forme, à ne pas tomber malade.»

Un autre membre de l’équipage, le lieutenant Payal Gupta de Dehradun, vérifie et scelle minutieusement les effets personnels et autres matériels. Elle est tout au fond du voilier, dans le sails locker, où se trouvent un deuxième jeu de voiles et les valises des filles.

Au-dessus de sa tête, une trappe utilisée pour balancer les voiles sur le pont. Celles-ci, nous explique-t-on, ne pèsent pas moins de 200 kg chacune. «Nous devons bien distribuer le poids de chaque côté du voilier afin que celui-ci reste à plat», indique le lieutenant commandant Swathi Patarapalli.

Dans cette pièce séjournent aussi des cordes de rechange pour les voiles et d’étranges combinaisons qui ressemblent à ceux des pompiers. «Elles sont étanches et utilisées en cas de mauvais temps. Des fois il y a le froid, la pluie. Mais même dans ces conditions, nous devons continuer à naviguer. Ces combinaisons nous protègent alors», confie le lieutenant commandant Swathi Patarapalli.

«C’est bien d’avoir peur…»

Parfois, il arrive que la grêle provoque des dommages, sans parler du bruit assourdissant sur la coque… «Cela fait même peur, mais c’est bien d’avoir peur car cela nous rend plus prudentes. On ne fait pas de faute d’inattention car notre sécurité est en jeu. Avec l’expérience, les tâches sont devenues presque seconde nature, on le fait instinctivement.»

Assez parler, il faut se mettre au travail. Vérifications, stockage, nettoyage et réparation, l’équipe travaille en osmose. Les filles se dirigent ensuite vers l’hôtel où elles logent le temps que l’INSV Tarini soit réparé. C’est la première fois depuis qu’elles ont démarré la traversée qu’elles rencontrent un souci technique. Ce qui a poussé ces as de la mer à approcher nos côtes.

Notre île, cependant, est loin d’être une terre inconnue. Avant qu’elles ne démarrent leur voyage, elles avaient effectué la traversée Inde-Maurice, histoire de faire un peu de repérage.