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Guillaume Hardy: «Nous ne comprenons pas pourquoi la GRA s’oppose au commingling»

28 avril 2018, 12:00

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Guillaume Hardy: «Nous ne comprenons pas pourquoi la GRA s’oppose au commingling»

Promouvoir le jeu responsable et non la répression. Dans l’entretien qui suit, l’homme fort d’Automatic Systems Ltd (ASL) dresse un constat de la situation et aborde aussi d’autres sujets d’actualité du monde hippique tels que le commingling et les nouvelles directives de la Gambling Regulatory Authority.

On s’est souvent posé la question. Le jeu d’argent, un mal nécessaire pour un pays selon vous ?
D’abord le jeu doit être perçu comme un hobby. Tout excès nuit et il faut miser selon ses moyens. C’est pour cela qu’au niveau d’ASL nous sommes d’avis qu’il faut établir un programme national qui va promouvoir le jeu responsable et aussi faire un constat des problèmes liés au jeu au sein de la société. D’ailleurs, tous les opérateurs de paris contribuent un pourcentage de leur chiffre d’affaires pour la promotion du jeu responsable et la GRA travaille sur un projet pour l’institution d’un programme qui va promouvoir le jeu responsable.

Pour répondre à votre question, l’interdiction du jeu engendrerait beaucoup plus de problèmes qu’un système légal bien régulé. Le jeu va exister quoi qu’on fasse, il est donc important de le contrôler et de le réguler afin de limiter les problèmes sociaux liés au jeu excessif.

On sent chez l’Etat, quel que soit le gouvernement, une sorte d’hypocrisie lorsque le jeu d’argent est évoqué. D’une part, on parle de contrôle et de l’autre, il y a la rentrée d’argent. Plus les gens jouent, plus la caisse de l’Etat grossit…
Je pense qu’il y a une volonté de la part du gouvernement et de l’autorité concernée d’essayer de limiter les problèmes liés au jeu d’argent avec l’institution imminente d’un programme de jeu responsable. Le programme veut dire établir une base de données sur la situation actuelle du jeu à Maurice à travers une étude. L’étude va démontrer la situation réelle du jeu à Maurice et de ses méfaits. Ensuite établir un programme afin de promouvoir le jeu responsable et de venir en aide aux personnes qui ont un problème d’addiction. Le programme va aussi sensibiliser les gens sur l’importance du jeu responsable.

Les études ont prouvé que l’interdiction n’est pas une solution. Au contraire, c’est un mal. Par exemple, une augmentation de la taxe ou une réduction des points de vente n’engendrent pas forcément une baisse dans les jeux mais bien au contraire cela occasionne une augmentation des paris illégaux sur le net ou avec les bookmakers clandestins. L’hypocrisie c’est de croire qu’on pourra le contrôler à travers des mesures drastiques.

«Au niveau d’ASL, nous trouvons inacceptable que les redevances payées au MTC soient imposées par la GRA. Ce changement dans la loi est une atteinte au droit de propriété intellectuelle du MTC.»

Venons-en aux courses. Cela fait plusieurs années maintenant que le football betting est autorisé. Peut-on dire que les courses et le football betting ont un public différent ?
Le lancement des paris sur le foot en 2008 a grandement affecté les paris sur les courses. Le chiffre d’affaires des courses a grandement chuté après 2009 de façon continuelle jusqu’en 2014. Il faut dire qu’il y a un regain depuis 2015 et l’année 2017 a été quasiment au même niveau que 2009 en termes de chiffre d’affaires. Il y a, certes, un public différent mais la majorité des joueurs s’intéressent aux deux activités car nous notons une baisse au niveau du chiffre d’affaires du football le jour des courses.

Qu’est-ce que les Mauriciens préfèrent au final, les courses ou le football ? Les chiffres en parlent, je suppose…
Le Mauricien est un passionné de courses et de football. A ce jour, le chiffre d’affaires des courses est plus élevé que celui du football mais je pense qu’il y a une plus forte croissance au niveau du foot.

Quelle est la tendance en ce début de saison cette année ?
La tendance est légèrement mieux que l’année dernière. Il faut dire qu’en 2017 nous avons eu notre meilleur chiffre d’affaires depuis 2012 au niveau du Tote. Au vu du nombre de chevaux dans les effectifs, on s’attend à une légère croissance encore cette année.

«Toutes les juridictions aujourd’hui exportent leurs courses afin de générer plus de revenus pour la filière hippique locale et offrent le commingling.»

Vous avez récemment tiré la sonnette d’alarme au sujet des coûts opérationnels. La GRA prête-t-elle, selon vous, une oreille attentive aux doléances des opérateurs ou est-ce qu’on évolue dans un environnement où, pour reprendre un peu la formule du ministre Gayan, «GRA is GRA and GRA decides» ?
Nous avons fait plusieurs représentations au niveau de la GRA et du ministère concerné qui sont restées lettre morte.

Quelles sont les relations entre le Tote et la communauté des bookmakers ? Au-delà de la concurrence, existe-t-il une entente commune lorsque la situation l’exige ?
Nous respectons nos concurrents tant que nous sommes traités sur un pied d’égalité et nous n’avons aucun problème avec les bookmakers. Par contre, nous notons qu’un opérateur qui vend des paris sur les courses françaises obtient des conditions de licence nettement plus favorables que les opérateurs locaux sur les courses mauriciennes.

Les bookmakers refusent en ce moment de se plier à une directive de la GRA concernant le taux de redevance. Ont-ils raison de le faire selon vous ?
Je ne vais pas m’exprimer au nom des bookmakers, cependant au niveau d’ASL nous trouvons inacceptable que les redevances payées au MTC soient imposées par la GRA. Ce changement dans la loi est une atteinte au droit de propriété intellectuelle du MTC. Selon nous, le MTC reste l’organisateur des courses et le club doit pouvoir négocier directement avec ses partenaires. Cependant, nous sommes convaincus que le MTC prendra les dispositions nécessaires pour contester cette nouvelle loi.

Le MTC veut s’ouvrir aux marchés extérieurs. Est-ce inévitable pour l’avenir des courses ?
ASL a toujours été en faveur du commingling et de l’exportation des courses mauriciennes à l’étranger. D’ailleurs, nous sommes à l’origine des négociations avec le PMU et PGE (Afrique du Sud) pour la prise des paris sur nos courses. Nous ne comprenons toujours pas pourquoi la GRA s’oppose au projet de commingling alors que la loi a été promulguée. Toutes les juridictions aujourd’hui exportent leurs courses afin de générer plus de revenus pour la filière hippique locale et offrent le commingling. Le MTC perçoit un minimum de 3 % sur les recettes réalisées à l’étranger. Le marché extérieur à travers le commingling reste le moyen le plus efficace pour une augmentation conséquente des revenus pour le club. La réalisation de ce projet dépend des autorités et la balle est dans le camp de la GRA.