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Témoignage: «Victime de viol, ma sœur n’est plus la même»

29 avril 2018, 01:00

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Témoignage: «Victime de viol, ma sœur n’est plus la même»

Dans sa voix, la colère et le dépit se mêlent. Sa soeur, qui souffre d’un handicap mental, avait 17 ans quand elle a été violée. C’était il y a huit ans. Depuis, «elle n’est plus la même». Confidences d’un jeune homme en marge de la marche contre la violence sexuelle sur les enfants en situation de handicap, qui a eu lieu hier, à Port-Louis. 

Quant aux proches de la jeune fille, leur quotidien est une bataille. Un double combat, l’un pour que leur benjamine, la prunelle de leurs yeux, retrouve son sourire et l’autre pour que la justice condamne l’auteur de cet acte, qui a changé à jamais leur vie. «Et qui, étant toujours en liberté, pourrait être en train de gâcher la vie d’une autre personne», lâche son grand frère. 

À 17 ans, la jeune handicapée fréquente une école spécialisée. Sa situation de handicap n’est pas une barrière à son bonheur. Choyée par ses parents, elle s’épanouit à son rythme. Mais un jeudi, tout s’arrête. 

La jeune fille rentre de l’école irritée, elle passe la nuit à pleurer. Elle ne ferme pas l’oeil et sa famille non plus. Ils sont tous inquiets. Pressée de questions, elle se mure dans le silence. Elle se livrera enfin à sa mère. 

Un homme lui a fait du mal. La jeune handicapée ne comprend pas l’ampleur de l’acte. Mais ce chauffeur qu’elle voit de temps à autre lui a fait du mal. Cela, elle le sait, elle le sent. Il faut du temps pour que la famille comprenne ce qui s’est vraiment passé. 

«Elle a parlé à ma maman, qui est très proche d’elle, explique son grand frère. Le chauffeur de van qui la récupère parfois le matin avait fait un arrêt impromptu un matin lorsqu’elle était seule.» Il est passé à l’acte, au milieu d’un champ de canne. 

L’adolescente ne s’en est jamais remise. «Mo ser nepli parey. Asterla li irité tou létan. Ena zour li kapav korek enn minit, enn minit apré li pé ploré», soutient le jeune homme.

Ce jour, la jeune femme le revit en permanence. Ses proches se battent pour qu’elle ait une assistance psychiatrique. Quand le service public ne suffisait plus, ils se sont tournés vers le privé. 

Preuves insuffisantes 

En 2011, quand ils se rendent au poste de police, ils sont envoyés d’une instance à une autre. Huit ans après, ils ne comptent plus les visites aux postes de police, les avocats… ils ont même été en cour. Mais les preuves n’étaient pas suffisantes. «Li ena raport medikal. Dokter finn ateste tou me lakour pa ti ena ase prev e finn re al stasion», explique le frère. 

Cette quête de justice, la famille en a fait son combat. «Je me souviens encore du jour où la police a fait venir cet homme au poste de police. On était presque comme des parias, nous. Je ne sais pas, il semblait être connu dans le quartier, il a été accueilli dans la franche camaraderie. Nous étions là nous aussi, nous nous sommes sentis extrêmement mal», témoigne-t-il. 

Pour ce jeune homme, il faudrait un vrai changement institutionnel et structurel dans la façon dont l’on traite ce genre de cas…