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Christian Sarah entretient la Maison du séga ravanne à Paris
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Christian Sarah entretient la Maison du séga ravanne à Paris
Entendre résonner Lagrin kafe de Ti Frer lors d’un vernissage à la mairie du 6ème arrondissement à Paris. Il y a de quoi avoir des fourmis dans les jambes au printemps. C’est Christian Sarah qui chantait ainsi, à l’ouverture officielle d’une récente exposition d’artistes mauriciens dans la capitale française.
Christian Sarah, c’est une histoire de persévérance. Il est membre fondateur de la Maison du séga ravanne, une association qui voit le jour en 2007. Elle a pour parrain Menwar et a été associée à Fanfan.
L’objectif de départ est de «sauvegarder, promouvoir et développer le patrimoine qu’est le séga typik mauricien. Rann omaz seki bann anset finn less nou». Avec un intérêt particulier pour les instruments de musique : ravanne, maravanne, triangle. Sans oublier les «anciens instruments : bobre, dzèze, makalapo etc.».
Quand on demande à Christian Sarah si l’association possède des exemplaires de ces instruments à Paris, il nous assure que c’est le cas. «Ces instruments ont été fabriqués par feu Marclaine Antoine. Il a beaucoup soutenu la Maison du séga ravanne.» Des vidéos sur le site de l’association attestent des collaborations entre le griot disparu et ces Mauriciens qui veulent préserver leur musique identitaire en terre étrangère.
Le plus gros obstacle pour faire du séga ravanne à Paris ? Là où l’offre culturelle est exceptionnelle. Où tant de sonorités du monde entier sont en compétition pour se faire entendre. Dans un contexte où le séga moderne peine à sortir du cercle des soirées mauriciennes. Christian Sarah cite d’abord certaines lourdeurs administratives pour obtenir des visas pour des artistes locaux de passage à Paris. Si depuis 2009, le citoyen mauricien n’a plus besoin de visa pour la France, pour des séjours de moins de 90 jours, à ses débuts, l’association a eu fort à faire de ce côté-là.
Où se situe exactement la Maison du séga ravanne ? Si l’association porte le nom de «maison», pour le moment elle n’existe pas physiquement. Mais Christian Sarah a bon espoir de la voir prendre forme. Notamment grâce à une collaboration avec Guillaume Toussaint et Kailash Seesungkur, le trésorier de l’association. C’est le prochain projet de l’association, qui cherche des financements, pour se doter d’une maison.
Pour Guillaume Toussaint, spécialiste du développement des organisations citoyennes notamment sur des questions culturelles, le «séga avait tendance à perdre son identité». La faute, selon lui, à certains impératifs économiques ainsi que des «influences extérieures venues de l’image que des gens se faisaient de Maurice avant même d’arriver à Maurice. On a voulu faire correspondre le séga à cela». Il souligne que le travail de la Maison du séga ravanne a démarré quand «un groupe d’intellectuels a décidé de porter ce patrimoine immatériel à l’Unesco. C’est pour cela que la Maison du séga ravanne est dépositaire d’instruments traditionnels. Et tout ce qui va avec. Le séga ce n’est pas juste jouer d’un tambour, il y a toute une culture qui va avec. Pour protéger le patrimoine, il faut le faire vivre.»
La Maison du séga ravanne propose des cours de percussions et de danse dans les locaux de Paris Anime, dans le 14ème arrondissement de Paris. Il y a aussi des cours d’arts plastiques pour la fabrication de ravannes. «D’ailleurs celles dont on joue ont été fabriquées sur place», indique Christian Sarah avec fierté. La Maison du séga ravanne propose aussi des animations, où l’on retrouve des plats mauriciens typiques. «C’est pour cela que nous avons créé l’association. Se pou explik bann fami ki finn detase konpletman de kiltir morisien fason kwi manze, trie enn bred, fer enn rougay. C’est tout cela que nous voulons défendre coûte que coûte», ajoute-t-il.
Guillaume Toussaint précise qu’il a un rôle d’accompagnement du développement de la Maison du séga ravanne, «en termes d’activités économiques». Selon lui, une autre collaboration en cours est l’association avec la Maison du maloya. Christian Sarah a rencontré Stéphane Grondin, président de la maison réunionnaise. «Ils sont tombés amoureux culturellement parlant, de la cause commune à défendre. Nous avons des racines communes».
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