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Histoire: le Moulin à Poudre tonne encore

14 mai 2018, 20:30

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Histoire: le Moulin à Poudre tonne encore

Les chercheurs font parler la poudre. En tout cas, ce qui reste des imposants vestiges du Moulin à Poudre, à Pamplemousses, situés non loin de l’actuel hôpital. The Moulin à Poudre Cultural Landscape History and Archaelogy est une publication récente du Centre for Research on Slavery and Indenture (CRSI) de l’université de Maurice. Elle a été lancée lors du récent atelier de travail, qui avait pour thème, Between slavery and post slavery citizenship, dependence and abolitionism in Africa and Indian ocean societies.

Histoire et archéologie sont mises à contribution pour étudier deux aspects bien distincts du Moulin à Poudre. D’abord – c’est le volet le mieux documenté – l’aspect militaire. Malgré les explosions successives ou grâce à elles, la fabrication de poudre dans la colonie s’est perfectionnée.

«The Moulin à Poudre Cultural Landscape History and Archaelogy» est une publication du Centre for Research on Slavery and Indenture de l’université de Maurice.

La première poudrière, qui était à Balaclava explose en 1774. «This led to another mill being built in Pamplemousses on the site of the former Forges de Mon Désir. The need for gunpowder production in a colony, when the Royal Powder mills in France were already producing sufficient quantities, requires further investigation», écrit Vijaya Teelock.

En ouverture de l’ouvrage, Alain Bénard remonte le temps d’avant le Moulin à Poudre. Jusqu’à ces «forges disparues de Mon Désir» qui «peuvent être considérées comme la première grosse industrie civile à l’île Maurice, son activité se situe entre 1754 et 1773».

Le Moulin à Poudre est décrypté dans son volet militaire, sur la fabrication de poudre, et dans son aspect humain, sur la vie des esclaves.

L’autre aspect, qui reste encore à défricher, relève de l’humain. Tous les détails de la vie des esclaves qui ont donné leur sueur dans la production de la poudre ne sont pas encore connus. Il s’agit d’une catégorie spécifique de la main-d’œuvre : les esclaves du gouvernement.

«Government slaves occupied what could be described as a ‘priviledged’ if not anomalous position in Mauritius in the prevailing slave hierarchy, in the 18th century. The practice of paying slaves a regular sum/wage in particular, has made their status somewhat of a problem and contradiction in contemporary definitions of slavery (…) Economic historians have yet to study this very unique group of slaves.» L’historienne cite des chiffres.

Esclaves forgerons, charpentiers, matelots…

En 1775, les esclaves du gouvernement sont 3 004, l’année suivante, ils sont 3 084 et en 1781, ils sont 3 263. Mais si on enlève le nombre d’infirmes ainsi que les enfants, c’est sur un peu plus de la moitié de ces chiffres que, «rested the burden of carrying out all public works».

Ces «esclaves du Roi» sont artilleurs, travaillent dans le génie civil. Ils sont aussi matelots, gardiens du port, rotineurs, forgerons, menuisiers, casseurs de roches, leste du port etc. Au Moulin à Poudre, les esclaves sont charpentiers, forgerons, entre autres. Des médailles ont été trouvées lors des fouilles archéologiques. «There were grande and petite médaille which distinguished senior and junior supervisors and their pay scales.»

La production de la poudre était assurée par les esclaves du gouvernement, appelés «esclaves du Roi».

L’époque est marquée par un autre paradoxe bien mauricien, souligne Vijaya Teelock en introduction. «In other French colonies, providing arms and ammunition and slaves producing gunpowder was unheard of and would be considered very risky given the colonists’ paranoia about slaves’ revolts. Nevertheless in Mauritius, their existence testifies to their importance and to their level of ‘integration’ in colonial societies. The role of slaves, of mainly Mozambican and Malagasy origin, in French military successes in the 18th century, deserves to be fully brought out in the historiography of the French empire, slavery and of Mauritius.»

*L’ouvrage est disponible à l’université de Maurice.