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Tourisme culturel: Miser sur Paul et Virginie pour attirer les visiteurs

19 mai 2018, 22:15

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Tourisme culturel: Miser sur Paul et Virginie pour attirer les visiteurs

Donner un nouveau souffle à l’industrie touristique. C’est ce qu’envisage Bernard Li Kwong Ken, ancien président du Mauritius Museums Council, en s’appuyant sur le roman «Paul et Virginie», de Bernardin de Saint-Pierre. En particulier sur le «lieu d’habitation» des deux protagonistes.

Il fallait un stratège un peu rêveur pour y penser. Pourquoi ne pas s’appuyer sur le roman Paul et Virginie, de Bernardin de Saint-Pierre, pour en faire un pilier du tourisme culturel ? Un concepteur d’idées brûle de se lancer.

Les affaires, Bernard Li Kwong Ken connaît. Les arts aussi. Pour avoir été l’ancien président du Mauritius Museums Council. Pour avoir fait du cinéma, en tenant un petit rôle dans Lonbraz kann, le long-métrage de David Constantin. Pour avoir lu L’art de la guerre de Sun Tzu.

La statue de Paul et Virginie dans la cour de l’église Saint-Françoisd’Assisses, à Pamplemousses.

Son concept, c’est de faire de la fiction une réalité. Point de départ du voyage : partir des indications fournies par Bernardin de Saint-Pierre sur le lieu où auraient habité les deux enfants, Madame de la Tour et Marguerite, les deux esclaves, Marie et Domingue et le chien Fidèle.

«On pourrait organiser un concours, soit ouvert au grand public, soit une compétition ciblant les étudiants, estime Bernard Li. Après d’innombrables triangulations, on pourrait décider, par consensus avec les autorités, que c’est à tel endroit que ces deux personnages mythiques ont foulé.»

 Une fois tout le monde d’accord sur lieu légendaire (situé quelque part entre Crève-Cœur, Vallée-des-Prêtres ou Les Mariannes), il suffirait alors de planter la tente. Ou plus exactement un gîte, propose Bernard Li. Il décortique son raisonnement : «En France, le modèle même de l’histoire romantique, ce n’est pas Roméo et Juliette, c’est Paul et Virginie. Ensuite, quel est le pays qui nous envoie le plus de touristes ?»

 Les chiffres parlent d’eux-mêmes : entre janvier et avril 2018, la France représentait 24 % du marché, avec 110 783 touristes. La Réunion arrive deuxième, avec 9,9 % du marché. En combiné, les Français comptent pour pratiquement 30 % du marché touristique local. «Il y a matière à exploiter», maintient fermement Bernard Li.

2 Selon le roman, les deux protagonistes fréquentaient l’église Saint-François-d’Assisses.

Avant de s’insurger: «Il est aussi grand temps de faire sortir les touristes hors des hôtels. On pourrait ainsi donner un nouveau souffle à l’industrie. Combien de touristes repeaters vont se contenter, année après année, de bronzer idiot ?»

Bernard Li précise que son projet cible les visiteurs «avec une petite bourse ou des gens qui ne sont pas en quête de luxe». Selon lui, ce projet pourrait aussi intégrer «des formules chez l’habitant, qui permettrait aux gens de la région de louer des chambres».

 Le tourisme culturel est un concept qui revient régulièrement, notamment parmi les grands noms de l’industrie. Bernard Li, lui, dresse un constat sans appel : «Depuis que Gaëtan Duval a parlé de tourisme culturel, qu’est-ce qu’on a fait ? Cela fait 22 ans qu’il est décédé…»

Roman :Ce qu’a écrit Bernardin de Saint-Pierre

À votre boussole. Voici les indications qui figurent dans le roman de Bernardin de Saint-Pierre quant au lieu d’habitation de Paul et Virginie : «Sur le côté oriental de la montagne qui s’élève derrière le Port-Louis de l’Isle-de-France, on voit, dans un terrain jadis cultivé, les ruines de deux petites cabanes. Elles sont situées presque au milieu d’un bassin formé par de grands rochers, qui n’a qu’une seule ouverture tournée au Nord. On aperçoit à gauche la montagne appelée Le Morne de la Découverte, d’où l’on signale les vaisseaux qui abordent dans l’isle, et au bas de cette montagne la ville nommée Port-Louis ; à droite, le chemin qui mène de PortLouis au quartier des Pamplemousses ; ensuite l’église de ce nom, qui s’élève avec ses avenues de bambous au milieu d’une grande plaine ; et plus loin une forêt qui s’étend jusqu’aux extré- mités de l’isle. On distingue devant soi, sur les bords de la mer, la Baie-du-Tombeau ; un peu sur la droite, le Cap-Malheureux ; et au-delà, la pleine mer, où paroissent à fleur d’eau quelques islots inhabités, entre autres, le Coin-de-Mire, qui ressemble à un bastion au milieu des flots. À l’entrée de ce bassin, d’où l’on découvre tant d’objets, les échos de la montagne répètent sans cesse le bruit des vents qui agitent les forêts voisines et le fracas des vagues qui brisent au loin sur les récifs ; mais au pied même des cabanes, on n’entend plus aucun bruit, et on ne voit autour de soi que de grands rochers escarpés comme des murailles. Des bouquets d’arbres croissent à leurs bases, dans leurs fentes, et jusque sur leurs cimes, où s’arrêtent les nuages. Les pluies que leurs pitons attirent peignent souvent les couleurs de l’arc-en-ciel sur leurs flancs verts et bruns, et entretiennent à leurs pieds les sources dont se forme la petite rivière des Lataniers.»