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«Sakifo à Maurice: le contexte mauricien est compliqué» dit Jérôme Galabert
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«Sakifo à Maurice: le contexte mauricien est compliqué» dit Jérôme Galabert
Le festival Sakifo se tient du 1er au 3 juin sur les plages de la Ravine Blanche, à St-Pierre. Plus d’une cinquantaine d’artistes, venant des quatre coins du monde dont du Sri Lanka (M.I.A), de Madagascar (Kristel), de France (Les Négresses Vertes), du Brésil (Flavia Coelho) et d’Afrique du Sud (Nakhane) ont fait le déplacement pour ce festival considéré comme l’un des plus importants de la région.
Les concerts qui débutent vers 17 heures et qui prennent fin après minuit se tiennent en permanence sur cinq scènes, soit Salahin, Filaos, Radar, Poudrière et Vince Corner. Allant de la soul en passant par le maloya, le rock ou encore l’électro, de la musique au Sakifo il y en a pour tous les goûts.
Jérôme Galabert, fondateur et organisateur du Festival Sakifo, nous en dit plus.
Sakifo Maurice devait revenir cette année, mais finalement l’idée a été rejetée. Qu’en est-il au juste ?
Nous avons fait trois éditions à Maurice et par la suite, nous nous sommes davantage tournés vers des coproductions avec des coopérateurs mauriciens, sans dire parfois que c’était nous. On a fait venir des artistes tels qu’Ayo, M, et l’an dernier, Damian Marley. Depuis maintenant trois ans, nous avons des coopérateurs à Maurice qui nous sollicitent. Alexandre (NdlR, Alexandre Dany- Ruinet), mon directeur de festival, s’est rendu deux fois à Maurice l’année dernière. J’y suis allé aussi. On avait l’idée de refaire quelque chose à Maurice, notamment avec l’Institut français de Maurice (IFM), autour du Prix musiques océan Indien et puis, finalement, cela n’a pas abouti parce que nous n’avons pas eu le temps de le faire. On ne peut pas être sur tous les fronts. Mais je pense qu’on refera quelque chose sous l’appellation de Sakifo dans les deux ans qui viennent et à Maurice. Nous sommes en discussion avec des coopérateurs mauriciens pour soit coproduire, soit faire quelque chose. Si on fait un Sakifo à Maurice, l’idée n’est pas de venir avec l’équipe mais bien de s’implanter. Si vous vous en souvenez, j’avais dit «on ne partira pas» et la société existe toujours à Maurice, on fait toujours au minimum une ou deux opérations par an. L’entité est toujours vivante, mais il faut implanter une équipe à Maurice et cela prend du temps. Si dans les années qui viennent nous refaisons un Sakifo à Maurice, cela n’aura pas la dimension de Sakifo à La Réunion, c’est clair, parce qu’il faut aussi que le marché mauricien évolue.
Quelles sont les difficultés du contexte mauricien ?
Le contexte mauricien est compliqué mais ce n’est pas à moi de porter un jugement ni donner des leçons. C’est l’affaire d’un peuple indépendant qu’est le peuple mauricien. Mais par contre, ce que je peux dire c’est que derrière une marque comme le Sakifo, il y a des valeurs dont le partage, le mélange et donc il faut que le peuple accepte de se mélanger et ça, c’est impératif. Par exemple, l’Afrique du Sud est un pays jeune, qui vient de renaître postapartheid, il y a à peine 23 ans et où le poids de la ségrégation et du non mélange est encore malgré tout très présent. Mais sur une ville de deux millions d’habitants comme Durban, on arrive à réunir entre 3 000 et 5 000 personnes, ce qui n’est pas énorme.
Vous laissez entendre que c’est plus facile de travailler en Afrique du Sud qu’à Maurice ?
Je vais vous répondre très précisément. La différence, c’est que le premier partenaire du festival en Afrique du Sud est le ministère de la Culture sudafricain, ce qui veut dire que cela répond à une volonté politique très forte au plus haut niveau du gouvernement. C’est le premier partenaire financier qui veut que cette marque et cette démarche aillent de l’avant. Ils sont venus visiter en deux occasions le Sakifo et on a fait une déclinaison du Sakifo en Afrique du Sud nommée Zakifo. Z signifie ZAR, qui est l’abréviation de la monnaie sudafricaine et qui revêt tout un symbolisme. Le ministère de la Culture sudafricain a investi deux millions de rands sur ce festival, c’est-à-dire plus que le ministère de la Culture français a mis en 15 ans sur le Festival Sakifo à La Réunion. C’est une vraie volonté politique. Ma présence là-bas n’a de sens que si le pays veut de moi.
Hommage: Sakifo salue la grande Césaria Evora
<p>Le Festival Sakifo, dans le cadre de sa 15e édition, qui se tient actuellement et ce, jusqu’à demain, 3 juin, à St Pierre, La Réunion, mise sur des créations. Pas de têtes d’affiche donc, cette année, mais trois créations originales, mises sur pied pour apporter du renouveau et se démarquer. Il s’agit d’abord d’un documentaire retraçant la vie de la chanteuse sri-lankaise M.I.A, puis d’un projet mettant l’accent sur la musique électronique, le Fire Sound System, et un hommage à la célèbre chanteuse capverdienne Césaria Evora. C’est surtout cette dernière création, qui est mise en exergue. Elle marque un partenariat, qui se veut à long terme, entre l’Atlantic Music Expo, marché de la musique du Cap Vert, la Société des Auteurs, Compositeurs et Editeurs de Musique (SACEM) et Sakifo.</p>
<p><em>«Avec Lilian Goldstein de la SACEM, organisme qui nous soutient depuis le début de Sakifo, nous avons eu une discussion sur ce qu’on pouvait apporter de plus à ce festival. Et lorsqu’il m’a demandé si je devais rendre hommage à un artiste, j’ai cité le nom de Césaria Evora. Elle était venue à La Réunion pour Sakifo quelques mois avant son décès. C’est peut être l’une des plus grandes artistes que nous ayons eues sur ce festival et c’était pour moi un moment important dans mon parcours personnel. Puis, avec Josée Da Silva, le manager de Césaria Evora, nous sommes en discussion depuis longtemps»</em> a souligné Jérôme Galabert, fondateur de Sakifo, lors d’une conférence de presse mercredi, à Palm Hotel, situé à Petite Ile, La Réunion.</p>
<p>Cette rencontre avec la presse s’est faite en présence d’Élodie Da Silva (à droite sur la photo), de l’Atlantic Music Expo et fille de Josée Da Silva, manager de Césaria Evora, et a permis de faire découvrir au monde l’immense talent de cette dame aux pieds nus. La fille de la disparue a expliqué que <em>«nous avons présenté cet hommage après le décès de Césaria Evora au Cap Vert, puis il s’est exporté un peu partout à travers le monde. Mais la présentation à La Réunion est unique. Parmi les musiciens se trouve le Réunionnais Carlo De Sacco du groupe Gren seme».</em></p>
<p> Pour cette création, plus d’une quinzaine d’artistes étaient attendus sur la scène du Salahin, vendredi soir. Parmi eux, deux chanteuses capverdiennes dont Lucibella et Elida Almeida (à g. et au centre sur la photo). Pour Lucibella qui entame actuellement une carrière internationale, <em>«il est important de continuer de faire vivre la musique de Césaria Evora»</em> tandis que pour Elida Almeida, qui n’a pas personnellement connu Césaria Evora, c’est un privilège de reprendre les chansons de cette grande dame.</p>
<p>Si l’accent est mis sur la musique capverdienne, pour Lilian Goldstein, chargé de l’action culturelle de la SACEM, ce projet va bien au-delà. <em>«Plus que la musique capverdienne, c’est la créolité et ce patrimoine que nous voulons mettre en avant. Nous commençons avec le Cap Vert mais plus tard, nous souhaiterions ouvrir les portes de ce projet à d’autres régions créoles».</em></p>
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