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Budget 2018-19: les galères de l’industrie locale

6 juin 2018, 01:22

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Budget 2018-19: les galères de l’industrie locale

Cela fait un moment déjà que les opérateurs tirent la sonnette d’alarme. Le secteur manufacturier local, autrefois florissant, se désagrège. Contribuant à 24 % du Produit intérieur brut (PIB) entre 1968 et 2001, l’industrie locale ne représente plus que 13 % du PIB à ce jour. Tour d’horizon…

Les cinq maux des producteurs

Hausse des coûts de production

Les coûts de production, notamment celui de la main-d’œuvre, ont pris l’ascenseur durant les dix dernières années, alors que la productivité des employés du secteur est restée quasi inchangée. Les chiffres de Statistics Mauritius sont sans équivoque : alors que le mon- tant des compensations salariales dans le secteur manufacturier a grimpé de 5,1 % entre 2007 et 2017, la productivité ouvrière (labour productivity) a, quant à elle, grimpé de 3,1 % seulement durant cette période.

À cela s’ajoute l’introduction du salaire minimum en janvier, qui, selon la Mauritius Export Association (MEXA), coûtera Rs 400 millions de plus aux entreprises manufacturières de l’exportation. Pire : le prix du carburant a grimpé de 10 % le mois dernier. La dépréciation de la roupie face au dollar (qui a un impact direct sur l’importation des matières premières) n’arrange pas non plus les choses. Tous ces coûts supplémentaires contribuent à diminuer la compétitivité du secteur face au marché international et aux produits importés.

Chute de l’investissement depuis les dix dernières années

L’investissement dans l’industrie locale a drastiquement chuté durant ces dix dernières années, atteignant son point le plus bas, à environ 0,8 %, à ce jour, a souligné la MEXA dans son mé- moire budgétaire. Rien qu’en 2017, les investissements directs étrangers (IDE) vers le secteur se chiffraient à Rs 108 millions… sur un total de Rs 17,4 milliards d’IDE.

En 2015 et 2016, les investissements étrangers vers la manufacture étaient de Rs 91 millions et de Rs 511 millions respectivement, alors que d’autres secteurs, comme l’immobilier de luxe, attirent entre 50 % et 75 % des investissements chaque année (voir plus loin). Ce qui a poussé des associations comme la MEXA à identifier d’autres moyens d’attirer l’investissement dans l’industrie.

Parmi les idées qu’elle propose pour le Budget: la création d’un Export Hub Equity Fund d’un milliard de roupies, géré par le secteur privé et par le gouvernement, des campagnes de promotions plus «agressives» pour attirer l’IDE dans l’industrie locale, axer une partie de notre stratégie africaine sur l’attraction de l’investissement en provenance du continent, ou encore, une mutualisation du secteur du Global Business et de celui du secteur manufacturier de l’exportation, entre autres.

Manque de main-d’œuvre

C’est une tendance qui se dessine depuis plusieurs années. Le nombre d’emplois dans le secteur secondaire, qui regroupe la manufacture, régresse progressivement au profit du secteur des services et des postes à revenus plus élevés. De 156 900 employés en 2007, ils n’étaient plus que 133 700 à travailler dans le secteur secondaire en 2017, selon le rapport de Statistics Mauritius sur l’emploi et le chômage durant cette période.

À cela s’ajoute le problème de recrutement de la main-d’œuvre étrangère, dont les pro- cédures sont jugées trop contraignantes par les opérateurs ou encore le manque de maind’œuvre qualifiée pour les différentes indus- tries. Face à cette situation, certains ont décidé de prendre les choses en main, en développant leur propre programme de formation à l’intention des jeunes, à l’instar de la MEXA.

L’association a en effet mis sur pied le Dual Training Programme avec l’université des Mascareignes, ou encore, avec l’ex-Charles Telfair Institute (maintenant Curtin Mauritius) pour des postes spécifiques où il y a un manque de personnel dans le secteur. L’Association of Mauritian Manufacturers (AMM) se penche également sur des programmes pour attirer les jeunes vers l’industrie.

Concurrence quasi déloyale des produits importés

Maurice est à ce jour un grand importateur de produits alors que nos ex- portations ont régressé. La valeur totale des importa- tions prévues cette année est de Rs 193 milliards contre 84 milliards seule- ment pour les exportations.

Ce que déplorent les producteurs locaux: les produits importés qui bé- néficient du retrait des barrières tarifaires, qui ne sont pas soumis aux mêmes normes et réglementations que les produits fabriqués localement. De même que l’absence d’un filet de protection pour l’industrie locale. Résultat : certains secteurs, comme celui du cuir, ont quasiment dis- paru de l’économie locale.