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Bruno Dubarry: une autre vision de l’entrepreneuriat

10 juin 2018, 20:30

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Bruno Dubarry: une autre vision de l’entrepreneuriat

À partir du 1er juillet, il sera le nouveau Chief Executive Officer (CEO) de l’Association of Mauritian Manufacturers (AMM). Pour Bruno Dubarry, il faut consolider les plateformes d’entrepreneurs et les embarquer dans des projets collaboratifs avec le secteur public et la société civile.

Bruno Dubarry a beau arborer le costume qui accompagne sa fonction, mais il fait moins que ses 33 ans. Cependant, dès qu’il s’exprime, finie cette impression d’avoir affaire à un jeunot. Devant nous, un jeune professionnel dynamique qui sait ce qu’il veut et dans quelle direction il va.

Sa facilité à communiquer tient sans nul doute à ses études supérieures en communication. Mais ses origines mixtes – sa mère Floryse Labonne est une Mauricienne qui a passé huit ans en Afrique et son père Bernard est un Français qui a vécu 33 ans sur ce continent – et les pérégrinations parentales ont fait de leurs trois enfants, dont Bruno Dubarry est l’aîné, des citoyens cosmopolites.

Floryse Labonne et Bernard Dubarry ont effectivement beaucoup voyagé. Ils se sont rencontrés en Côte d’Ivoire où Floryse Labonne travaillait pour la Banque africaine de développement et Bernard Dubarry était responsable du département informatique de la Compagnie intercontinentale Air Afrique. Ils se sont mariés et ont fondé leur famille à Maurice.

Après quoi, les Dubarry se sont installés en région bordelaise, en France, avant d’émigrer à Montréal, au Canada, pour ensuite déposer leurs valises pour de bon dans le bassin d’Arcachon, en France. Tous ces mouvements ont développé chez Bruno Dubarry l’impératif d’intégrer un nouvel environnement, de communiquer et de développer une grande faculté d’adaptation.

Lorsque Bruno Dubarry termine ses études secondaires au Lycée Grand Air, à Arcachon, il se met en tête d’étudier le droit à l’université de Bordeaux. Après deux ans, il jette l’éponge car il a l’impression d’être retourné en arrière, à l’époque du lycée, où il était obligé de faire de l’apprentissage par coeur. Il s’oriente alors vers la communication générale et obtient une licence en la matière avant d’embrayer avec une maîtrise en communication publique et politique, filière qui l’attire car très élitiste puisque cette faculté ne compte que 11 places. Il fait partie des 11 «élus».

De ces années, Bruno Dubarry garde le souvenir d’avoir beaucoup appris hors de la faculté. Il fait de l’associatif culturel avec une compagnie théâtrale et son rôle est non seulement d’être comédien mais aussi de rechercher des financements. Des amis et lui mettent sur pied une agence de conseils au sein de l’université et là, il fait de la communication dans le domaine des lettres, c’est-à-dire que l’agence offre du conseil sur les événements, s’occupe de rebranding, effectue des études et des sondages. Ce qu’il trouve le plus passionnant dans cette aventure, c’est de «créer une structure, la faire fonctionner et de transformer un potentiel non exploité».

Lorsqu’il obtient son Masters en communication, il démarre une campagne pour un centre de culture scientifique, technique et industriel et pour mener à bien cette campagne, il s’adjoint les services d’étudiants en Masters. En parallèle, il est approché par la faculté de communication de l’université pour donner des cours portant notamment sur l’organisation d’événements et des relations avec la presse.

Après quoi, Bruno Dubarry aide un chef d’entreprise à monter une association sur le développement durable. «C’était une plateforme secteur public-privé, avec l’apport d’associations et d’organisations non gouvernementales et c’était intéressant de découvrir les enjeux nationaux et internationaux.»

Un cheminement qui aboutit à l’adoption du concept anglais de design de service, qui est une démarche créative et collaborative basée sur la compréhension des attentes fonctionnelles et émotionnelles des utilisateurs. «C’est aussi accepter que cette démarche puisse déboucher sur un imprévu agréable ou désagréable.» Son premier employeur se trouve être le chef d’entreprise qui lui avait demandé de l’aider à monter une association sur le développement durable et qui est membre de la Chambre de commerce de Bretagne. Il veut que Bruno Dubarry le rejoigne à Rennes pour agir comme animateur du Plato Bretagne et Plato France.

Plato est un réseau d’entreprises reposant sur les échanges d’expériences entre dirigeants de Petites et moyennes entreprises et de Petites et moyennes industries et cadres de grandes entreprises afin que les premières puissent acquérir des connaissances, des outils et des compétences relationnelles. Ces deux Plato n’avaient pas eu d’animateur depuis des années et Bruno Dubarry décide de relever le défi. Mais il réalise bien vite que c’est «mission impossible» car en sus d’organiser des rencontres entre entrepreneurs et cadres, de chercher des partenariats possibles et même des financements au niveau régional, il doit aussi faire le tour des régions pour le réseau Plato France.

Avec du recul, il estime avoir mieux réussi à faire interfacer les entreprises et les dirigeants des grosses sociétés des quatre régions du Plato Bretagne. «Sur le Plato France, il me manquait du temps et des moyens. Comme pendant des années, il n’y avait pas eu d’animateur pour ce Plato, les délais impartis étaient très courts.»

Il regagne alors Bordeaux. En 2015, la GDF Suez, qui était un de financiers du réseau Plato France, essaie de le débaucher pour agir comme développeur. Il refuse et se dit qu’il trouvera peutêtre son bonheur à Maurice. Après avoir postulé «de manière exploratoire» pour voir ce que valait son profil à Maurice, tout en étant en France, il décide de venir trois mois sur place pour tâter le marché. Après des entretiens au sein de plusieurs entreprises, il frappe à la porte du cabinet de recrutement Alentaris et rencontre le patron, Thierry Goder. Celui-ci le voit bien conseiller en communication d’entreprise. Bruno Dubarry se dit prêt à s’adapter là où il pourrait être utile.

Thierry Goder le rappelle peu après et lui apprend que l’AMM cherche un Project Manager. Le poste cadrant avec son profil, il postule lorsque l’appel à candidatures est lancé. Il passe un entretien et deux mois après, il est recruté.

Lorsqu’il débarque à l’AMM, la CEO, Catherine Gris, lui confie les projets du label Made in Moris. Il s’occupe alors de logistique, de partenariats avec les prestataires et de relations avec la presse. «Cela a vite glissé sur les enjeux entrepreneuriaux», raconte-t-il, en ajoutant que Catherine Gris lui a laissé la liberté de propositions. «J’ai proposé que l’AMM ne reste pas une association classique en fonctionnant en mode pyramidal et qu’elle s’embarque dans un projet collaboratif en s’ouvrant au secteur public et à la société civile. Nous avons donc redéfini la vision de l’AMM qui a évolué et qui est de défendre les intérêts de l’industrie locale et d’accompagner sa transformation pour qu’elle devienne un partenaire stratégique. Mon expérience internationale m’a servi.»

Catherine Gris ayant décidé de lever le pied de l’accélérateur, elle laisse la place à une codirection, Shirin Gunny, devenant directrice exécutive du Made in Moris et Bruno Dubarry occupant le poste de CEO de l’AMM. Ce qu’il entend faire à ce poste, c’est «encore plus d’ouverture et de collaboratif avec nos membres, nos partenaires privés et publics, avec l’Economic Development Board, faire davantage de facilitation d’entreprise». En d’autres termes, faire de l’AMM un Think and Do Tank pour l’industrie…