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Dopage: le monde hippique secoué à trois reprises en peu de temps
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Dopage: le monde hippique secoué à trois reprises en peu de temps
Dopage. Ce mot est revenu sur les lèvres des mordus de courses hippiques, ce vendredi 15 juin. Soit quelques semaines après les cas de produits illicites trouvés dans le sang des chevaux Maxamore et Aspara. Cette fois-ci c’est le coursier League of Legends, de l’écurie Daby, qui est concerné. Selon un communiqué du Mauritius Turf Club (MTC) émis hier, son entraîneur a été informé des résultats préliminaires du premier échantillon de sang testé. La présence d’un produit prohibé, que des sources fiables disent être de l’EPO, a été détectée, forçant le retrait de League of Legends de la liste des chevaux engagés lors de la journée de demain. D’autres échantillons ont été prélevés, pour des analyses plus poussées.
Dans le milieu, c’est la consternation. Trois cas de dopage, dont les deux premiers détectés après les courses respectives de Maxamore et d’Aspara, alors que nous ne sommes qu’à la 12e journée de la saison 2018. Mais le MTC se veut rassurant. Le Club, dit-on, fera tout son possible pour éviter de nouveaux cas semblables.
Un cas de trop
Les turfistes se posent beaucoup de questions, sans forcément obtenir des réponses. Pour eux, ce cas de dopage suspecté sur League of Legends est un cas de trop. Ils espèrent que le MTC va prendre des mesures nécessaires en matière de sécurité. «Il faudra que le Club assume davantage ses responsabilités», lâche un turfiste. Selon lui, il ne faut pas porter tout le blâme sur les épaules du palefrenier. «Il se chuchote qu’il y aurait une main puissante derrière cet épisode. Il doit bien y avoir un Mastermind. » Pour lui, si rien n’est fait pour combattre ce fléau, le monde hippique connaîtra le même sort que le football mauricien. «Il faut prendre des mesures drastiques pour que ce sport ne meure pas. Il faut mettre plus d’accent sur la sécurité.»
Écurie Rousset : un avenir sombre
En plus de trente ans d’existence, Soodesh Seesurrun n’a jamais été confronté à ce genre de problème. L’assistant-entraîneur de l’écurie Rousset confie que Gilbert Rousset et lui vivent des moments pénibles. Pour cause, Maxamore et Aspara, testés positifs à des produits dopants, appartiennent à cet établissement, sacré sept fois champion de Maurice. «On a été choqué. Surtout que c’est vers la fin de notre carrière que nous sommes confrontés à ce genre de situation.»
Le bras droit de Gilbert Rousset voit un avenir sombre pour le monde hippique. «Les entraîneurs doivent assumer leurs responsabilités, que leurs coursiers se trouvent à Port- Louis ou à Floréal. Ils sont souvent mis devant des faits accomplis.» Le moins que l’on puisse dire, c’est que du côté de cette écurie, une décision drastique pourrait être prise.
«Nous devons prendre une décision quant à notre avenir. Soit nous allons continuer soit nous allons tout arrêter ! Afin d’éviter des problèmes. Tous les jours, nous vivons des moments pénibles avec les enquêteurs.» La police poursuit son enquête dans ces affaires. Le palefrenier d’Aspara, Lavish Lallbeeharry, a reconnu avoir administré un produit illicite au cheval. Il se trouve actuellement en liberté conditionnelle.
Le MTC : vigilance maximale
Ces cas de dopage ne font pas de bien à l’image des courses hippiques. Ce n’est pas le directeur général par intérim du MTC, Benoît Halbwachs, qui dira le contraire. Toutefois, il relativise. «Cela arrive aussi dans d’autres pays. Les tricheurs sont partout et la lutte contre le dopage reste un combat constant. Il y a moins de cas à Maurice qu’ailleurs. Dans d’autres pays, c’est au moins cinq cas testés positifs, sur 1 000 chevaux, après les courses.»
Il précise que la responsabilité finale revient à l’entraîneur. «Le MTC met un filet de protection, où il essaie de protéger les turfistes.» En ce qu’il s’agit des palefreniers, la majorité est employée par le MTC. «On donne une subvention aux écuries sur un certain nombre de chevaux qu’elles possèdent mais, quand elles dépassent le nombre, les palefreniers sont à leur charge.» Cependant, ils n’ont pas de certificat de bonne conduite (certificate of character).
«Ils sont enregistrés avec une licence du MTC. Une fois que les palefreniers sont affectés aux écuries, c’est aux entraîneurs de leur allouer leur tâche. Ils ne sont pas tous à travailler sur la surveillance et les soins d’un cheval.» Benoît Halbwachs soutient qu’un renforcement du système de sécurité au niveau des écuries n’est pas à écarter. Il confie qu’une somme de Rs 20 millions est allouée pour la sécurité et les tests chaque saison.
La GRA, plus présente que jamais
Un lien étroit unit les membres de la Gambling Regulatory Authority (GRA) à ceux du MTC. Les vendredis, de même que les samedis, les officiers de la GRA effectuent, en compagnie des employés du MTC, des prélèvements sur les coursiers. L’exercice de vendredi se fait sous l’oeil de caméras de surveillance, dans un «box» spécial dédié à cet effet.
Il faut dire qu’un champ d’environ 80 chevaux est choisi et que les échantillons sont acheminés, sous escorte d’un officier de la GRA et aussi de la police des Jeux, vers le laboratoire Quantilab Ltd. Par contre, les samedis, des prélèvements sont effectués sur tous les gagnants.
«À aucun moment nous ne savons le nom du cheval. Car chacun porte un code. Ce n’est qu’une fois qu’une anomalie est relevée que nous demandons au MTC d’identifier le coursier», confie un responsable de la GRA. Ce dernier souligne qu’une fois le labo suspecte une substance illicite, l’échantillon B est envoyé à l’étranger, pour une analyse plus approfondie. «Nous privilégions les laboratoires de Singapour, de la France ou encore de l’Afrique du Sud.»
L’expertise étrangère demandée
Il a effectué une visite éclair à Maurice, à la demande du MTC. Le Dr Paul-Marie Gadot, vétérinaire, conseiller technique à la Fédération internationale des autorités hippiques, et responsable du contrôle antidopage pour France Galop, va apporter son expertise au Club. Le Français s’est dit rassuré en voyant l’engagement du MTC. Selon ses dires, le système mis en place ressemble à celui de Hong Kong.
«Il y a une forte détermination du MTC à surveiller les chevaux et à assurer la régularité des courses.» En ce qu’il s’agit des dispositifs mis en place pour lutter contre le dopage, il souligne l’importance du laboratoire de dépistage. «Selon moi, l’un des cinq meilleurs laboratoires au monde est Quantilab. C’est un atout énorme, car c’est la condition première pour avoir des courses propres…» (L’intégralité de son entretien est à lire dans l’express turf).
Les bookmakers : les grands perdants
Le président de la Turf Bookmakers’ Association, Bijay Coomar Greedharry, est catégorique : les bookmakers sont les grands perdants dans ces affaires de dopage. «Il ne faut pas être sorcier pour savoir si un cheval a été dopé. On ne le voit jamais et puis, d’un coup, il gagne comme un champion.» Il confie que dans ce cas de figure, 15 à 20 minutes avant la course, le cheval est joué.
«On parle souvent de heavy betting et à la fin, quand le cheval s’impose, c’est bien nous, les bookmakers, qui enregistrons le manque à gagner.» Selon le président, il faudrait que les samedis, le MTC intensifie la sécurité aux alentours des «box». «Que l’on fasse des analyses sur tous les chevaux. Et surtout, que tous ceux impliqués prennent leurs responsabilités, passant du MTC à la police des Jeux.»
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