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José Poncini: le courage de ses rêves

3 juillet 2018, 02:46

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José Poncini: le courage de ses rêves

La biographie de l’entrepreneur José Poncini a été lancée à titre posthume, la semaine dernière. «Bâtir sur ses rêves» est paru aux éditions Vizavi. 

Un témoignage à la première personne. Valeur ajoutée de la bio- graphie de José Poncini. Elle vient de paraître aux éditions Vizavi. Bâtir sur ses rêves de José Poncini, a été réalisé en collaboration avec Gilbert Deville et Pascale Siew.  

Avec son épouse Linette, vers 1950.

Publiée à titre posthume (José Poncini est décédé le 22 novembre 2015 à 87 ans), ce survol de huit décennies d’une vie au mouvement perpétuel, manie le «je» avec humour, ironie et sarcasme. Avec véhémence parfois. Avec de la tendresse aussi, même quand il égratigne d’importants personnages, comme Malcolm de Chazal ou l’historien Auguste Toussaint. Inutile de prendre ombrage. Ils sont, pour beaucoup, comme l’auteur, morts. Profitons plutôt – rions aussi – de ces aperçus que l’on ne retrouve pas ou si peu, dans les histoires conventionnelles et complaisantes.  

Ce qui frappe, c’est aussi le «je»/ jeu du recul. Celui, qui, arc-bouté sur une longue et fructueuse expérience, voit loin. Ce qui donne des passages toujours d’actualité, même quand ils datent d’un certain nombre d’années. Pourquoi l’entrepreneur a-t-il voulu raconter sa vie ? En avant-propos Nikhil Treebhobhun, ancien directeur exécutif du National Productivity and Competitiveness Council – sous la présidence de José Poncini – nous renseigne. «Au départ, José était réticent à cette idée. Il craignait de heurter les susceptibilités des uns et des autres, en particulier de ceux qui s’étaient approprié le titre de père de la zone franche mauricienne et du tourisme. Mais finalement en 2012, quand il s’est rendu compte que l’histoire de la zone franche n’était même pas connue des journalistes, il accepta de prendre la plume pour écrire ses mémoires.»  

À l’âge de 13 ans.

Merci aux journalistes grâce à qui, nous pouvons replonger dans le climat de reconstruction qui a marqué l’après-cyclone Carol en 1968. Autour de la table, au bâtiment du Trésor : James Meade, qui deviendra en 1977, excusez du peu, prix Nobel d’économie. José Poncini écrit non sans fierté, qu’après avoir été black listé par l’establishment, les Anglais sont revenus le chercher.  

Après l’avoir écouté, James Meade dit à José Poncini : «Je savais que vous étiez un rêveur, mais je n’avais pas réalisé que vous étiez un rêveur aussi dangereux.» Ce que le protagoniste principal prend pour un compliment. Résultat, à trois, «Yves Appasamy, contrôleur des douanes, Benoit Arouff, secrétaire permanent du ministère de l’Industrie, nous avons créé un concept de zone franche original qui fut non seulement adopté à Maurice mais aussi à l’étranger».  

Portrait d’un homme  

Quand il faut taper sur les fonctionnaires, José Poncini n’hésite pas. Il raconte qu’en 1990, lors d’une conférence, Mauritius at the crossroads, «les fonctionnaires furent furieux contre moi car j’avais expliqué pourquoi nous avions des problèmes. Pour importer une machine, on en était encore à devoir demander plusieurs permis. Il y avait une incroyable lourdeur administrative, une terrible attente due à la paresse ou à une mauvaise volonté». En 2018, c’est à se demander ce qui a vraiment changé.  

Au gré de sa biographie, José Poncini lance : «Il faudrait restructurer notre acquis : l’industrie sucrière, le textile, tout le secteur manufacturier, le tourisme bien sûr.» Ou encore : «la cybercité a été construite dans un désordre incroyable». Il dit aussi : «Faire venir des étrangers à Maurice, c’est faire en sorte qu’ils s’y plaisent. Chez nous, aucune ville ne fonctionne 24 heures sur 24.» Il plaide pour un «campus cinq étoiles (…) cela nous permettrait de former nos ambassadeurs et des personnes capables de gérer une institution internationale. Ainsi les ambassadeurs ne seraient-ils plus des nominés politiques». La voix d’outre-tombe sera-t-elle entendue ?  

Cette biographie trace aussi le portrait d’un homme. Il y a un avant et un après «problème cardiaque». «J’avais compris qu’il ne suffisait pas d’avoir des idées, il fallait aussi les réaliser. C’était ça le courage.»  

* Disponible en librairie et supermarché à Rs 600