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Les murs végétalisés s'accrochent

4 juillet 2018, 02:00

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Les murs végétalisés s'accrochent

Pravind Jugnauth a annoncé, dans son discours du Budget 2018/2019, un don de Rs 10 000 pour financer la création de Mini Sheltered Farming Schemes. Ce concept va promouvoir l’aménagement de mini-jardins, l’agriculture verticale et le jardinage sur les toits. Cette somme devrait favoriser les productions locales mais pourrait aussi privilégier des maisons alliant le vert et, pourquoi pas, des bâtiments verts.

La création de murs végétalisés ou de jardins suspendus ou encore l’usage de plantes sur les murs sous forme de décoration ne date pas d’hier. Dans la mythologie, les jardins suspendus de Babylone en auraient ébloui plus d’un. Depuis quelques années, de nombreux pays ont décidé de mettre en avant le concept de mur vert, un pan mural recouvert de plantes. Cette idée est reprise partout dans le monde pour compenser le bétonnage que provoque l’urbanisation. L’aéroport SSR à Plaisance possède déjà un mur vert, qui accueille les passagers à leur arrivée. Si cette solution est loin de compenser les constructions en tous sens, les murs verts pourraient avoir des effets palliatifs, voire positifs sur les villes en leur permettant de respirer.

«La construction de murs verts est différente. Il en existe de plusieurs types qui permettent d’avoir des résultats distincts dépendant du type d’installation», explique Tony Lee Luen Len, le président du Green Building Council Mauritius. «Les variantes dépendent de nombreux facteurs mais c’est avant tout un atout pour les bâtiments.»

Cependant, les murs végétalisés offrent une perspective autre qu’uniquement visuelle. Ils donnent plusieurs avantages tangibles à l’intérieur des bâtiments, faisant pencher la balance en leur faveur pour une installation à plus grande échelle.

«Un des rôles que vont jouer les murs végétalisés est celui d’isolant. Surtout dans la région où il peut faire chaud, par exemple, les plantes donnent de l’ombre au bâtiment, ce qui garde plus de fraîcheur et évite d’utiliser l’air conditionné par exemple», affirme, pour sa part, Cédric Affouye, concepteur de murs végétalisés de la compagnie Le Coin Vert. «Mais ce n’est pas que du bonus thermique. Un autre exemple parlant est que ce type de mur va aussi permettre de purifier la pollution de l’air.»

La purification de l’air, à travers la photosynthèse est l’un des avantages les plus soulignés des murs végétalisés. C’est ce qui fait pencher la balance dans des villes où les constructions ont pris beaucoup de place comme à Singapour et Kuala Lumpur, en Asie du sud-est, et dans certaines villes d’Europe comme Milan ou encore aux États-Unis, comme à Chicago. Les murs végétalisés sont aussi bien des balcons ouverts avec différentes plantes mais aussi de simples murs destinés à la végétation. La Chine, qui depuis le début des années 2010, a investi le plus possible dans la purification de l’air en raison de l’importante pollution de ses villes, a démontré son intérêt pour ce type de mur pour aider à la purification de l’air dans les centres-villes.

«Plusieurs types de plantes s’adaptent bien au mur végétalisé, même suspendu. On peut y planter autant d’arbustes que des plantes à fleurs, voire de petits arbres», ajoute Cédric Affouye. «Et quand les plantes sont vivantes, les insectes et les oiseaux s’y installent. Ils viennent nidifier et vont polliniser ces plantes.»

Une autre question qui revient souvent par rapport aux murs végétalisés est leur entretien et leur coût. Ce à quoi les experts se montrent plus confiants.

«Cela va dépendre du type d’installation et des plantes qu’on y a mis. Par exemple, un mur comme celui de l’aéroport SSR coûtera beaucoup plus cher qu’un balcon, qui sera mis au vert. D’autres dont l’arrosage se fait depuis le toit et se disperse à travers toutes les plantes, auront un autre coût», explique pour sa part Tony Lee Luen Len. «Cela dit, les avantages d’un mur vert font qu’il en vaille la peine.»

Cependant, les murs végétalisés ont encore des preuves à faire, estime, pour sa part, Vasantt Jogoo, consultant environnemental. «Leurs avantages sont nombreux mais leur contribution dans l’atténuation des effets du changement climatique n’est pas encore clairement établie.» L’urbaniste ajoute que «Maurice pourrait très bien végétaliser le mobilier urbain comme les lampadaires et le futur métro.»

L’installation de murs végétalisés apporterait une bouffée d’air frais à la capitale, qui ainsi respirera nettement mieux.