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Chez les Oaris: la médecine inscrite dans les gènes

15 juillet 2018, 02:30

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Chez les Oaris: la médecine inscrite dans les gènes

Outre des caractéristiques génétiques, il semblerait que Dawood Oaris, OSK, et son épouse, Lata, tous deux médecins, aient transmis la médecine à leurs quatre enfants. En comptant leurs gendres et leur belle-fille, cela fait neuf médecins dans leur famille. Qui dit mieux ?

Le Dr Dawood Oaris, qui agit comme Medical Director et président du Trust gérant la clinique Chisty Shifa, à Port-Louis, est issu d’une famille propriétaire d’arpents de terre sous culture de canne à sucre à Campde-Masque. Un facteur a été déterminant dans le choix de carrière de ce troisième des sept enfants Oaris. Lorsque Dawood Oaris a 13 ans, il voit mourir en couches sa mère, Fatima.

Dawood Oaris, qui fréquente l’école primaire de la localité, se montre porté pour les études. Si bien qu’il décroche la petite bourse, ce qui lui ouvre les portes du Collège Royal de Curepipe. Brillant, il obtient la médaille d’or en mathématiques et en physique.

Le recteur Bullen fait appeler son père et lui conseille d’envoyer son fils étudier l’ingénierie électronique à l’étranger. Hassen Oaris ne l’entend pas de cette oreille. Il veut que son fils devienne médecin. Dawood Oaris obtient une bourse du gouvernement indien

Vers la fin des années 60, il se rend à Delhi où il fait ses études prémédicales qu’il fait suivre par sept ans d’études de médecine à l’université du Gujerat. Il se lie d’amitié avec Lata, qui étudie la médecine dans le même cours que lui. Et bien vite, leurs sentiments muent en amour. Si bien qu’ils décident d’unir leur destin.

Dawood Oaris et Lata se marient civilement en Inde en 1974 et un an plus tard, ils font le nikah à Maurice. Ils intègrent la fonction publique et sont postés à l’hôpital SSRN, où ils font le tour des départements.

Leur premier enfant, Ameera, naît en 1977. La deuxième, Akeela, voit le jour un an plus tard. Dawood Oaris et son épouse décident d’aller se spécialiser en Inde. Les parents de Lata sont trop heureux de garder leurs deux petites-filles. Dawood Oaris, qui a obtenu une bourse du Commonwealth, se spécialise en oto-rhino-laryngologie ; alors que pour Lata, c’est la radiologie et l’imagerie. La famille s’agrandit avec l’arrivée d’Akbar en 1981 et d’Iqtidaar, trois années plus tard.

Si à leur retour, Dawood et Lata Oaris retrouvent le secteur public, lorsque le ministère de la Santé refuse que les spécialistes du public fassent de la clientèle privée en 1991, 30 spécialistes, dont Dawood Oaris, démissionnent. Il se consacre alors à la clientèle privée. «Ce qui est bien, c’est que vous êtes votre propre chef», dit-il.

En 1992, il est partie prenante du petit groupe de médecins – les Drs Hassam Gareeboo, Anwar Husnoo, Siddick Maudarbaccus – qui veut mettre sur pied une clinique et la rattacher à l’orphelinat musulman à Port-Louis. Ils constituent un Trust et font bâtir la clinique Chisty Shifa. Depuis, il y agit à titre bénévole.

Cours à la SSR Medical School

Le ministère de la Santé est revenu à de meilleurs sentiments depuis, car le Dr Oaris a réintégré le service public et a retrouvé l’hôpital ENT en l’an 2000. Tout comme on lui a demandé cette année-là de donner des cours en otorhino-laryngologie aux étudiants de la SSR Medical School.

Le Dr Oaris et son épouse, qui compte 40 ans de carrière au sein du service public, ont travaillé dur pour envoyer leurs enfants étudier à l’étranger. Leurs quatre enfants ont décidé d’étudier la médecine. «Nous ne les avons jamais poussés dans ce sens. Ils l’ont eux-mêmes décidé», raconte Lata Oaris. Des propos confirmés par leur fils Akbar, qui dit avoir été inspiré par ses deux sœurs aînées.

Après avoir étudié la médecine, Ameera a épousé le Dr Bhavish Aubeelauck, spécialiste en médecine interne. Et le couple et leurs deux fils de 13 et six ans se sont installés au Nebraska, aux ÉtatsUnis. Akeela, qui a fait des études de médecine en Hongrie, a fait une triple spécialisation en médecine interne, pédiatrie et gériatrie. Elle est mariée à un médecin péruvien, le Dr Fidel Barrantes, spécialiste en médecine interne et néphrologie. Ils vivent à New Mexico, aux États-Unis

Les Drs Dawood et Lata Oaris sont épaulés par Akbar, qui a étudié la médecine en Roumanie. Iqtidaar a fait de même, avant de se spécialiser en chirurgie en Malaisie, où il a obtenu la médaille d’or en chirurgie générale. Son épouse, la Mauricienne Minakshi Boodhun, qui a également étudié la médecine, s’est spécialisée en médecine interne. «Aujourd’hui, nous sommes une famille de médecins», constate le Dr Dawood Oaris, qui préside la Private Clinics Association après avoir, dans le passé, été secrétaire de la Government Medical and Dental Officers Association.

Appelé à dire ce qu’il pense du système de santé mauricien, le Dr Oaris le trouve «très bien». Il s’explique: «Avec le Welfare State, le gouvernement a rendu la médecine gratuite pour tous. Les gens ont beau critiquer ; mais ils ne se rendent pas compte comment à l’étranger, et même aux États-Unis, c’est difficile d’avoir un rendez-vous avec un médecin. Il faut attendre des mois.» 

Par contre, ici, dit-il, une personne va à l’hôpital et est vue par le médecin le jour même. «On peut dire qu’à Maurice, on est un paradis. Mais parce que la médecine est gratuite, des Mauriciens sont critiques. Cela dit, je reconnais que l’on peut mieux faire dans le secteur public en termes d’accueil, de compassion et d’empathie au niveau du personnel médical. Mais de l’autre côté, il faudrait aussi éduquer le public pour qu’il réalise à quel point il est chanceux.»

La santé privée n’est-elle pas devenue un business ? «La santé privée coûte cher parce que les dépenses d’opération d’une clinique sont énormes. Si les cliniques obtiennent des incitations ou que les plans d’assurance changent, ces frais peuvent diminuer. Cela dit, il y a des brebis galeuses partout. Mais je pense que la majorité des médecins, qu’ils soient du privé ou exercent dans le public, sont honnêtes.»

Lui et son épouse vont voir leurs enfants à l’étranger deux fois par an. Mais ils aiment bien retrouver Maurice ensuite. Le Dr Oaris suit la politique de près. Il confie avoir récemment eu des propositions. «Je prends mon temps et je réfléchis. S’il est trop tard pour faire de la politique active, cela ne m’empêche pas de me tenir au courant et d’être à la disposition du pays…»