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Prison: du trafic de denrées au trafic de drogue

31 juillet 2018, 23:45

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Prison: du trafic de denrées au trafic de drogue

Ils sont une centaine de détenus hommes et une vingtaine de prisonnières à avoir fait une grève de la faim le samedi 28 juillet. Si le commissaire des prisons Vinod Appadoo précise qu’elle a pris fin, d’autres sources soutiennent que la protestation dure toujours. À l’origine de cette fronde : la décision de l’administration pénitentiaire, il y a deux semaines, de revoir la limite des allocations que les prisonniers sont autorisés à recevoir. À partir de ce mercredi 1er août, les détenus n’auront droit qu’à Rs 500 sur leur compte par mois, contre Rs 1 000 actuellement.

Business parallèle

«Avec cet argent, les détenus peuvent se procurer des denrées alimentaires, comme le beurre, le lait, des confitures, des achards ou des nouilles. Sauf que pour eux, l’argent ne sert pas qu’à cela. Il y a un business parallèle qui a cours et auquel j’ai commencé à m’attaquer», explique Vinod Appadoo. Il ne s’étendra pas davantage sur la question mais nous explicitera volontiers son plan.

Le commissaire des prisons avance que son objectif final est d’abolir complètement ce système d’Earnings Scheme. Actuellement, lorsque les prisonniers font des travaux, ils sont rémunérés. L’argent va sur un compte mais ils peuvent aussi recevoir de l’argent de leurs proches.

«J’ai dit aux détenus que les grèves de la faim fonctionnent à l’extérieur des prisons mais pas à l’intérieur»

«Le rapport de la commission Lam Shang Leen vient apporter de l’eau à mon moulin. Cela fait un moment que je réfléchis à comment abolir ce système. J’avais déjà fait mettre des affiches dans les prisons pour dire que, désormais, les sommes autorisées seraient revues à la baisse. Cela a fait des mécontents mais bientôt, nous abolirons ce système complètement», poursuit le commissaire des prisons.

Les pourparlers ont déjà démarré entre les autorités pénitentiaires et les fournisseurs. «Je ne peux pas prendre cette mesure là, tout de suite, parce que les fournisseurs ont déjà des stocks de produits. Mais cela viendra. J’ai dit aux détenus que les grèves de la faim fonctionnent à l’extérieur des prisons. Mais pas à l’intérieur. Les cerveaux de cette opération ont été transférés à La Bastille», soutient Vinod Appadoo.

«Ce business représentait une somme de Rs 17 millions à un moment. C’était ingérable.»

Sollicitée, une source au sein de la prison centrale revient sur le trafic de denrées qui se passe dans les prisons. «Chaque détenu avait le droit d’avoir jusqu’à Rs 2 000 sur son compte auparavant. Cette somme avait été réduite à Rs 1 000. Demain (NdlR, le mercredi 1er août), cette somme passera à Rs 500… Et ils pouvaient aussi recevoir de l’argent par la poste, ce qui a été aboli également parce que des trafiquants utilisaient ce mode opératoire pour mettre de l’argent sur le compte de certains détenus. Ce business représentait une somme de Rs 17 millions à un moment. C’était ingérable», poursuit notre interlocuteur.

Il faut comprendre qu’à la prison, les détenus s’achètent des produits et les utilisent ensuite comme monnaie d’échange. Du coup, le détenu qui n’a pas d’argent sur son compte et qui voudrait un peu plus de confort peut accepter les produits des autres. En échange, le prisonnier doit rendre service à ses créanciers. Souvent, il est question d’être un maillon pour faire entrer de la drogue à l’intérieur de la prison. La cigarette reste le produit phare utilisé pour faire du chantage.