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Créances douteuses: une épée de Damoclès sur la tête des institutions bancaires
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Créances douteuses: une épée de Damoclès sur la tête des institutions bancaires
SBM Holdings a approvisionné Rs 1,4 milliard pour compenser des prêts douteux durant l’unique trimestre se terminant au 30 juin dernier. Prêts douteux qui ont poussé le Chief Executive Officer de la SBM, Raj Dussoye, à démissionner jeudi 16 août. Mais force est de constater que les créances douteuses ou des prêts non performants ne sont pas l’apanage uniquement de cette banque d’État.
D’autres établissements ont été exposés, dans le passé, à ce risque tant au niveau des prêt locaux que transfrontaliers (hors de Maurice). Notamment la MCB, la Barclays, la Banque des Mascareignes ou encore la MauBank, l’ex-MPCB pour n’en citer que quelques-unes, à des degrés divers.
Avec en plus des «high profile cases» pour des prêts. Dawood Rawat, propriétaire de l’ex-BAI impliquant la SBM (Rs 1,1 milliard) et la Barclays ; Rakesh Gooljaury, l’ex-partenaire d’affaires de Nandanee Soornack, qui a entraîné l’écroulement de l’ex-MPCB en 2015 (Rs 700 millions) ; ou encore de prêts hors de Maurice accordés à des sociétés offshore. À l’instar de celui de la MCB en 2008, victime d’une fraude alléguée de presque Rs 1 milliard en Inde de la part de Varun Corporation Ltd.
Risques mesurés et calculés
Faut-il s’étonner des financements à risque qui sont le fondement même du secteur bancaire ? Non, rétorque un ex-banquier, affirmant que l’industrie bancaire repose sur la prise de risques, à condition toutefois qu’ils soient bien mesurés et calculés.
Un prêt, insiste-t-il, devient non-performant après que le client s’est trouvé dans l’incapacité de rembourser le capital et les intérêts qui y sont associés après trois mois. Dès lors, il incombe à l’institution bancaire de faire déjà des provisions tout en engageant des procédures pour recouvrer le montant prêté et en disposant des actifs qui ont été offerts sous forme de garantie.
Cependant, avec l’International Financial Reporting Standards (IFRS) 9 – la nouvelle norme comptable des instruments financiers, obligatoire depuis le 1er janvier 2018 –, même si un client est tenu à rembourser régulièrement son prêt, l’institution financière est appelée à faire obligatoirement des provisions conformément à cette réglementation, compte tenu des financements hors du pays et dans des juridictions à risque.* «Dans le passé, les actifs étaient évalués quantitativement, aujourd’hui les banques privilégient la qualité des actifs quand il s’agit de négocier un prêt», souligne un économiste.
Face au ralentissement de crédits privés suivant l’endettement des principaux secteurs économiques, dont la construction et le tourisme, les banques commerciales se tournent aujourd’hui davantage vers l’étranger pour financer les opérations internationales. Or, celles-ci sont de nature risquées, si les enquêtes ne sont pas effectuées correctement pour établir la réputation et le profil financier du client.
Terrain glissant à l’international
«Le prêt de Rs 932 millions accordé à une société de Dubaï, classé officiellement aujourd’hui comme une fraude, et accessoirement celui octroyé à Pabari Investments du Kenya témoignent combien le terrain est glissant, voire dangereux à l’international», affirme un spécialiste. Et un courtier boursier d’enchaîner que «l’objectif déclaré de SBM Holdings de doubler les actifs entre 2015 et 2020, passant de Rs 136 milliards à Rs 272 milliards, a contraint le groupe bancaire et son Chairman, Kee Chong Li Kwong Wing, à s’y investir pour brasser large en multipliant les acquisitions au Kenya et à accepter de financer des prêts d’où qu’ils viennent à tour de bras».
Certes, la responsabilité de directeurs appelés à évaluer les risques associés à un prêt, surtout transfrontalier, est aussi engagée. L’ex-gouverneur de la Banque de Maurice, Dan Maraye, trouve qu’il existe plusieurs étapes avant qu’un prêt soit déboursé. «Lorsqu’un comité a procédé à une évaluation des risques, il fait des recommandations à l’équipe dirigeante chargée de prendre la décision finale. Toutefois, il arrive que celle-ci estime que les risques sont trop grands et refuse de donner suite aux recommandations. Il se peut que le Top Management les contourne et approuve le prêt. Dans ce cas, l’équipe de direction assume l’entière responsabilité de ce prêt.»
Tendance haussière
Dans l’industrie, le niveau de créances douteuses continue sa tendance haussière et atteint plus de Rs 46 milliards aujourd’hui, selon l’édition 2017 du Financial Stability Report de la Banque de Maurice. Toutefois, le taux de prêts non-performants par rapport au portefeuille varie d’une banque à une autre, oscillant entre 2 % et 6 % qui est la moyenne dans cette industrie. Aussi, chaque institution bancaire fait des provisions trimestrielles, dépendant de sa capacité à prendre des risques et du nombre de prêts classés non-performants, ce qui peut varier de Rs 200 à Rs 300 millions.
Hier comme aujourd’hui, les créances douteuses demeurent une épée de Damoclès sur la tête des institutions bancaires.
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