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Rodrigues: «L’OSMOSUN produit 80 000 litres d’eau potable par jour»

22 août 2018, 00:45

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Rodrigues: «L’OSMOSUN produit 80 000 litres d’eau potable par jour»

 

Le mois dernier, Rodrigues a inauguré une unité de dessalement d’eau de mer, afin de pallier le manque chronique d’eau potable qui affecte l’île. La Française Camille Noté, 28 ans, y est basée pour un an en tant que chef de projet et du développement commercial dans l’océan Indien pour l’entreprise Mascara Mauritius. C’est cette filiale de Mascara, dont la maison mère se situe à Chartres, qui a mis en place cette unité de dessalement.

Le projet Osmosun, installé très récemment, a l’air de bien fonctionner puisqu’il fournit de l’eau potable. Expliquez-nous la technologie derrière.

Il s’agit d’une unité de dessalement d’eau de mer par osmose inverse, qui fonctionne au gré du soleil, sans batterie et sans émission de CO2. Mascara Renewable Water a développé la première technologie au monde de dessalement solaire. Les unités de dessalement conventionnelles ne supportent pas les variations d’énergies, comme le solaire lors du passage d’un nuage par exemple. L’OSMOSUN® est la seule unité au monde pouvant fonctionner avec des énergies variables telles que les énergies renouvelables.

Ayant déjà vu une unité d’osmose inverse, le matériel peut rapidement se dégrader. Quels sont les risques d’une utilisation intensive de l’unité?

Il n’y a pas de risques. Les équipements d’Osmosun sont robustes et fiables. Nous utilisons des composants très performants et de très haute qualité. Comme toute unité de

dessalement, il faut changer certains composants après plusieurs milliers d’heures de fonctionnement.

Les détracteurs du solaire n’en démordent pas. Ils continuent d’affirmer que le solaire n’est utilisable que durant la journée. Osmosun a-t-il des installations pour y pallier, comme des batteries par exemple?

L’OSMOSUN®80 de Rodrigues produit 80m3 (80 000 litres) par jour et cela, avec huit à dix heures de soleil. Cependant, la nuit, l’énergie est disponible et à moins chère.

De plus, Rodrigues possède des éoliennes, qui ne fonctionnent pas tout le temps la nuit par manque de charges et qui peuvent donc alimenter l’OSMOSUN®80 via le réseau. L’utilisation de batteries serait coûteuse et il y aurait un fort impact environnemental pour leur renouvellement. De plus, il est très facile de stocker de l’eau plutôt que de l’énergie.

Quel est le prix de l’installation? Comment peut-on valoriser les systèmes de dessalement pour faire baisser le prix?

Le prix de cette installation OSMOSUN®80, qui produit jusqu’à 300 m3/jour en hybride solaire et réseau, est compris entre 400 000 euros et 450 000 euros (NdlR : entre Rs 16 millions et 18 millions). Ce coût englobe la prise en mer, la préfiltration, la logistique, le générateur solaire, l’installation, la mise en service et le prix varie en fonction des difficultés et de la qualité de l’eau.

Cette installation fonctionne sous énergie solaire uniquement ou peut-on espérer la faire fonctionner à partir d’autres énergies vertes?

D’autres énergies vertes peuvent être utilisées.

Ce projet a eu le soutien du programme Énergie de la Commission de l’océan Indien (COI) pour une partie du financement. Y a-t-il d’autres parties prenantes dans cette aventure?

Il y a eu la COI avec un financement de l’Union européenne, le Fonds français pour l’environnement mondial, avec l’aide de l’Agence française de développement, et une grosse contribution de l’Assemblée régionale de Rodrigues.

Comment fonctionne le transfert de l’eau vers la population? Y a-t-il un partenariat avec la Central Water Authority (CWA) pour cette distribution?

L’eau est acheminée vers un réservoir de 1 000 m3 (1 000 000 litres) et est acheminée par tuyaux PEHD vers les foyers. La CWA n’intervient pas à Rodrigues, c’est l’Assemblée régionale de Rodrigues qui fournit l’eau aux Rodriguais.

Combien d’installations de ce type faudrait-il pour pallier le manque d’eau chronique à Rodrigues ou faut-il d’autres installations pouvant produire plus d’eau potable?

Il y a déjà des installations existantes qui produisent deux fois 1 000 m3 et une autre de 300 m3 (300 000 litres) et des installations en cours de construction, soit trois de 1 000 m3, ce qui fait un total de 5 800m3 (5 800 000 litres). Il en faudrait le double pour pallier les besoins en eau potable des Rodriguais. Compte tenu du coût élevé de l’électricité, il faudrait utiliser l’énergie solaire ou éolienne pour satisfaire de tels besoins dans des conditions économiques et  environnementales acceptables.

Dans le cadre de votre projet, un puits a dû être foré pour puiser de l’eau salée et du concentrât (le résidu du dessalement) est rejeté. En termes d’impact environnemental, les détracteurs du projet estiment que ce concentrât peut déséquilibrer l’écosystème marin. Y a-t-il une surveillance accrue du rejet du concentrât comme c’est le cas dans les hôtels à Maurice?

Nous surveillons ce que nous rejetons. Nous avons déjà fait des analyses en début de production et nous en ferons tout au long de l’année. Nous respectons les normes environnementales de Rodrigues et l’étude d’impact environnemental, qui a été fait en début de projet.

Quel sont les prochains projets verts de Mascara Mauritius?

Nous avons quelques pistes pour des hôtels à Rodrigues et nous souhaiterions convertir les osmoseurs conventionnels du réseau électrique en solaire hybride.