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Dhyaneshwar Dausoa : «exposer ? Pour qui ?»
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Dhyaneshwar Dausoa : «exposer ? Pour qui ?»
Il compte plus de 50 ans à travailler le bois, la pierre, le fer. 1968 correspond à un «tournant» dans la carrière de Dhyaneshwar Dausoa, 73 ans, sculpteur. C’est l’année où il remporte un concours artistique à l’occasion de l’inauguration de l’hôpital de Pamplemousses. «À l’époque, je travaillais au petit bonheur. Je pra- tiquais un style naïf.» Rien à avoir avec le style épuré et fluide qu’il a développé par la suite. Sa pre- mière exposition date de 1969 à la galerie Max Boullé, à RoseHill. Dhyaneshwar Dausoa a aussi contribué aux débuts de l’école des Beaux-Arts au Mahatma Gandhi Institute, dans les années 1970. Extraits d’une conversation avec Dhyaneshwar Dausoa, où il jette un regard.
«Il y a beaucoup d’expositions qui se tiennent. Certains viennent avec arrogance. Ils ont une couverture médiatique, dix personnes ont assisté au vernissage. Mais qui sont ces gens ? Fami avek kamarad. Ce n’est pas une audience. Ces expositions ne font pas un impact réel sur la société. Je n’expose plus depuis 2003. Exposer ? Pour qui ?»
«Depuis la fermeture de la galerie Max Boullé, c’est une page d’histoire qui s’est déchirée. Où est la vie culturelle qu’il y avait à Rose-Hill ? À l’époque, dimoun ki pa konn narien, les touristes, qui passent par là, visitent les exposi- tions. Rose-Hill était un haut lieu de la culture, notamment avec le centre culturel de Roches-Brunes. Aujourd’hui, l’Institut Français touche un certain public.»
«J’ai été charpentier avec mon père, typographe. J’étais un bricoleur. Je n’ai pas eu l’occasion d’aller au collège. Le week-end je prenais des leçons, le soir j’apprenais. Zordi mo pa sagrin. Grâce à toutes ces expériences, mo kapav fer ninport ki travay».
«Où sont les relations hu- maines entre les artistes ? Nou finn vinn masinn. Impossible de rassembler les artistes. Ena dimoun met baton dan larou»
«Dans les années 70, on avait déjà prévu un musée et une galerie d’art au Mahatma Gand- hi Institute. Les humains ont du mal à imaginer comment quelque chose peut devenir productif sur le long terme. Nou get zis linstan. On voit seulement la grosse dépense qu’il faut faire pour concré- tiser le projet. Et on se dit qu’on pourrait faire autre chose avec cet argent.»
«Quand la National Art Gallery fait une exposition d’art contemporain pour tous, li mem organisateur, li mem deside. L’ins- titution aurait dû être en communication avec les artistes. Ne pas rester dans un bureau, attendre que les artistes viennent vers vous.»
«Pourquoi aller s’inscrire comme artiste auprès du ministère des Arts et de la Culture ? C’est une liste qui reste dans un tiroir. C’est le ministère qui aurait dû faire le tour pour savoir ce que font les artistes.»
«Les décideurs décident d’après leur niveau d’éducation, leur niveau de culture. Pour certains, la religion c’est la culture. Il y a une promotion de la culture ethnique, de la culture religieuse et de la culture festive. La culture de l’âme – le théâtre, la mu- sique, les arts visuels – est inexistante. Personne n’en parle. La culture, se pa ou get enn dimoun ou fer enn zafer. La culture, c’est pas le copinage, c’est un regard global sur la société.»
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