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Commission drogue : l’exaspérante inaction des autorités après la publication du rapport
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Commission drogue : l’exaspérante inaction des autorités après la publication du rapport
Les membres de la commission d’enquête sur la drogue devraient bientôt faire entendre leurs voix. Idem pour les ONG et travailleurs sociaux. Ils déplorent l’inaction des autorités deux mois après la publication du rapport Lam Shang Leen.
Aucune interpellation ni arrestation effectuée jusqu’ici. Deux mois après la publication du rapport de la commission d’enquête sur la drogue (NdlR, vendredi 27 juillet), c’est toujours l’impasse. Suscitant la frustration et le scepticisme de ceux qui s’attendaient à un «big bang» après le travail abattu par la commission Lam Shang Leen.
Or, force est de constater que la Task Force censée enquêter sur ceux dont les noms sont mentionnés dans le rapport s’intéresserait davantage aux étrangers ayant agi comme prête-noms dans l’immobilier (voir encadré). Dans les milieux concernés, on s’interroge : où en est l’enquête sur les VIP citées dans le rapport ? Ou en sont les Attachments Orders pour la saisie des biens ? Le comité présidé par le Premier ministre ne s’est, lui, réuni qu’une seule fois depuis sa création.
Sursis à ceux épinglés
Au niveau de l’ex-commission d’enquête sur la drogue, des membres commencent à s’impatienter devant la lenteur dans la mise en œuvre des recommandations. Selon nos informations, ils comptent prochainement effectuer une sortie et faire entendre leur voix afin de maintenir la pression. «Nous espérions des actions promptes suivant l’énorme travail qui a été abattu», affirme un proche collaborateur des assesseurs. Qui fait valoir que cette situation donne un sursis à ceux épinglés dans le rapport. «Nous ne pouvons pas permettre que ce rapport soit jeté aux oubliettes, surtout pas après autant d’efforts. Nous avons mis nos vies en péril.»
Travailleurs sociaux et ONG désespèrent. «Nou dimann nou si sé pa enn léléfan blan», fulmine le président de Collectif Urgence Toxida (CUT), Danny Philippe. Il ne cache pas son inquiétude face à la prolifération des drogues, surtout dans le milieu estudiantin. Où est passé le Drug Control Master Plan qui a été finalisé au bureau du Premier ministre il y a un an, se demande le travailleur social. Le gouvernement avait fait savoir que ce plan sera rendu public une fois les «findings» de la commission d’enquête sur la drogue connues. Aucune avancée non plus sur le plan de la prévention et de la réhabilitation, malgré les propositions contenues dans le rapport, regrette Danny Philippe.
La bureaucratie va tuer le rapport
Même exaspération du côté de Kunal Naik, chargé de plaidoyer chez PILS. Il déplore l’absence de mesures concrètes de la part des autorités. «On ne peut pas mesurer le succès quant au nombre de saisies effectuées», soutient-il, tout en regrettant un flou total au niveau du comité interministériel. «Pourquoi ne pas le remplacer par un comité interparlementaire ?» Les ONG engagées dans le combat envisagent de publier un communiqué commun, la semaine prochaine, pour faire part de leurs critiques et propositions.
«Je ne comprends pas pourquoi la Task Force prend autant de temps», lâche Ranjit Jokhoo, ancien cadre de l’Anti-Drug and Smuggling Unit. «Toute cette bureaucratie va tuer ce rapport», dit-il. Selon lui, la police et l’Independent Commission against Corruption (ICAC) auraient dû prendre les devants et initier des enquêtes indépendamment des travaux de la Task Force.
«Cette lenteur pour se prémunir d’Attachment Orders profite aux présumés trafiquants de drogue qui ont le temps de se débarrasser de leurs biens mal acquis. La loi ne les empêche nullement de le faire», soutient l’ancien inspecteur de police.
Au dire de Ranjit Jokhoo, ce laxisme jette le doute sur l’indépendance de nos institutions.
Où en est la Task Force ?
<p>Après une première étape visant à assurer une collaboration efficace entre les différentes «<em>law enforcing bodies</em>», notamment la police, l’ICAC, la Financial Intelligence Unit, la Mauritius Revenue Authority et l’Integrity Reporting Services Agency (IRSA), l’on assure que les premières interpellations devraient intervenir dans les jours, voire les semaines à venir. Une dizaine de cas visant des ressortissants étrangers qui auraient agi comme prête-noms, ont été référés à l’IRSA. Ces dossiers seront décortiqués. En cas de maldonnes avérées, des ordres de la cour seront sollicités pour la saisie des biens. Aucune indication, en revanche, sur les «<em>high profile persons»</em> mentionnées dans le rapport. Deux membres du MSM ont dû démissionner suivant la publication du rapport Lam Shang Leen : la ministre Roubina Jadoo-Jaunbocus et le<em> «Deputy Speaker» </em>Sanjeev Teeluckdharry.</p>
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