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Dubaï Papers: l’argent détourné soupçonné d’être à Maurice

8 octobre 2018, 22:02

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Dubaï Papers: l’argent détourné soupçonné d’être à Maurice

Rs 4 Mds auraient été véhiculées dans notre secteur offshore, révèlent pour l’heure les «Dubaï Papers». Un Français, qui habite à Maurice, est actuellement surveillé.

L’express collabore depuis ce week-end avec des journalistes du journal français, l’Obs, qui enquêtent sur les «Dubaï Papers». Au total, sur les 400 000 documents y relatifs, 160 000 ont été épluchés par L’Obs. Ceux-ci démontrent des mécanismes d’évasion fiscale. Un premier constat est accablant: de l’argent blanchi, soit autour de Rs 4 milliards, aurait atterri à Maurice. Ces révélations risquent de ternir davantage l’image du secteur offshore mauricien, déjà fragilisé.

Geraldine Whittaker, une personnalité britannique faite chevalier des Arts et des Lettres par Sarkozy, est citée dans les «Dubaï Papers».

Pour faire simple, les Dubaï Papers révèlent comment Helin, une entreprise dubaïote, s’est convertie en une nébuleuse de corporations pour blanchir des fonds de certains clients (aristocrates, chefs d’entreprise, oligarques). La formule est classique : l’argent sale (commissions illégales, argent détourné, profits non déclarés ou même revenus générés de trafic d’armements) est déposé dans des comptes de Helin à Hong Kong ou dans d’autres paradis fiscaux. Helin va réaliser une série de transferts complexes et opaques, passer par un maximum de structures intermédiaires – notamment avec comptes omnibus (un compte omnibus est un compte au nom d’un broker alors que les détails du réel titulaire restent secrets) – pour déconnecter les fonds du nom du titulaire.

Au final, pour récupérer leur argent «blanchi», les clients ont droit à des «prêts» provenant de trusts gérés par Helin. Ces prêts ne seront jamais remboursés puisqu’au final l’argent appartenait dès le départ aux clients. Le problème, c’est que Helin a aussi des clients «propres» qui ne cherchent pas à blanchir leur argent mais qui sont juste à la recherche d’optimisation fiscale. Ces clients ont commencé à douter de Helin, en la soupçonnant de détourner leur argent. Ils ont tiré la sonnette d’alarme. Ce qui a abouti aux Dubaï Papers.

Le doute s’est installé quand un Russe, Aleksei Korotaev – un homme très proche du no 2 du gou- vernement russe, selon L’Obs – a tenté de payer Helin avec un chèque en bois de 18 millions d’euros. Helin a porté plainte. Aleksei Korotaev a été arrêté le 10 février à sa descente d’avion à Dubaï et il a accusé, à son tour, Helin de «détournement de fonds, de faux et usage de faux». L’affaire reste «banale» jusqu’à ce que L’Obs arrive à mettre la main sur les 400 000 documents de mémos internes, transferts et notes de Hélin.

Maurice dans tout cela ?

On découvre alors qu’Aleksei Korotaev avait, à l’heure de ses grandes amours avec Helin, créé une société de type GBL 1 à Maurice : Private Kapital Partners Asset Management (PKP). Les documents démontrent qu’Aleksei Korotaev a bénéficié du financement de Helin pour créer cette entreprise censée agir de levier d’investissement pour les fonds de Helin. Mais, au final, les Dubaï Papers révèlent qu’au moins €102 millions (Rs 4 milliards) ont été discrètement redistribués chez PKP. Cet argent pourrait constituer une partie du «butin» de ceux qui sont à la tête de Helin.

Et là, les noms vont étonner plus d’un : Geraldine Whittaker, une personnalité britannique, faisant partie de l’ordre de l’Empire britannique, ex-banquière à Hong Kong, faite chevalier des Arts et des Lettres par Sarkozy. Autre nom : Henri de Croÿ, aristocrate belge, que l’État belge avait soupçonné d’avoir blanchi €75 millions. Ou encore le Français Sébastien de Montessus, exemployé d’Areva mis en examen pour corruption privée, et Bernard Ouazan, lui aussi mis en examen dans l’affaire Areva.

C’est un véritable «réseau international de fraude fiscale et de blanchiment», écrit L’Obs. «Un réseau» qui a choisi Maurice comme repaire. Selon des insinuations et des notes contenues dans les Dubaï Papers, certains de ces acteurs sont venus à Maurice au cours des cinq dernières années. On découvre aussi qu’un autre Français, un de leurs associés, a élu domicile à Maurice et il est toujours sur le territoire mauricien. Il est surveillé par les autorités internationales.

L’Obs les a tous contactés pour démentir le contenu de son enquête. Un mois après, personne n’a réagi. D’autres sociétés d’Asset Management de l’offshore mauricien sont aussi citées dans les Dubaï Papers. Certaines seraient mêmes détentrices de licences de la Banque centrale de Maurice. Nous ne les citerons pas pour le moment car pour l’heure, les documents ne révèlent rien d’abusif dans leur comportement.

 Mais sur les 400 000 documents, seuls 160 000 ont été épluchés jusqu’ici par L’Obs. L’express va, à son tour, examiner les 240 000 autres documents constituant les Dubaï Papers.