Publicité

Urvashi Gooriah, Miss Mauritius 2018: «Les Mauriciens sont trop petits pour moi»

21 octobre 2018, 18:10

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Urvashi Gooriah, Miss Mauritius 2018: «Les Mauriciens sont trop petits pour moi»

Elle a l’âge des matins heureux et des possibles infinis. Un corps de guêpe à faire bourdonner de jalousie la moitié de l’île. Sa spontanéité mordille et elle gigote tout le temps. Elle, c’est Urvashi Gooriah et on l’appelle «Miss Mauritius» depuis huit jours. Interview paillettes, mais pas que.

Quel livre emporteriez-vous sur une île déserte?
Je ne lis que du Shakespeare.

Ah bon?
C’était quand j’étudiais la littérature anglaise. Othello, Roméo et Juliette, Antony and Cleopatra… J’ai presque tout lu. Depuis, j’ai arrêté de lire.

Pourquoi avez-vous gagné le concours de Miss Maurice?
Peut-être que je me suis démarquée par mon intelligence. Par rapport aux autres filles, j’avais moins d’expérience mais aussi moins d’arrogance. Maintenant, je peux être arrogante (elle passe une main dans ses cheveux en surjouant le second degré)

«Peut-être que je me suis démarquée par mon intelligence. Par rapport aux autres filles, j’avais moins d’expérience mais aussi moins d’arrogance. Maintenant, je peux être arrogante.»

Une Miss est souvent soupçonnée d’être stupide. Pourquoi ce cliché?
(Elle réfléchit à haute voix) Est-ce que je suis stupide? Je ne sais pas. Vous me trouvez stupide, vous ? Dites-moi sincèrement. Moi, je n’ai pas d’opinion sur ça.

Quand je vous ai contactée, vous m’avez répondu : «Je n’ai pas le droit de vous parler, j’ai besoin de la permission de Madame Obeegadoo.» Cela renforce l’idée qu’une Miss est une potiche…
Je peux parler à qui je veux. Le problème, c’est que vous êtes journaliste et que certains écrivent n’importe quoi. Madame Obeegadoo fait le tri, elle a raison. Moi, j’écoute ce qu’elle me dit parce qu’elle m’aime. Elle me traite trop bien, comme sa fille, pas comme une potiche.

Les concours de beauté crispent un peu les féministes. Vous leur répondez quoi?
Je ne vois pas ce qui est crispant. Au contraire, ça demande du cran de défiler sur un podium. Est-ce moins dégradant d’être enfermée à la maison, faire le ménage, regarder des séries ? Do what you want, girl! Moi, ce concours m’a aidée à m’affirmer. L’aventure a duré deux mois, personne ne m’a dégradée.

Elle représente quoi cette couronne?
Un rêve de petite fille qui se réalise. Ce titre m’a changée, j’ai une self confidence que je n’avais pas. Je me sens forte, capable de tout affronter. S’il faut monter sur un ring à Miss World, je suis prête!

Votre petit copain, il vit ça comment?
Lequel ? Il y en a eu tellement ! (éclat de rire). Le dernier est parti travailler sur un bateau de croisière, l’histoire s’est finie comme ça. Je suis contente, je ne voulais pas de lui (sic). Je ne cherche personne, les Mauriciens sont trop petits pour moi. De toute façon je n’ai pas le temps, tout le monde me veut à son event. J’ai même reçu l’invitation d’une société télégoue. Je suis croyante, je crois en Jésus, mais peu importe, je suis la Miss de tous les Mauriciens.

Vous préférez quoi chez vous?
Dans ma maison (sic)?

Non, physiquement…
Tout, surtout mon mètre soixante-quinze. Je n’aurais pas aimé être petite

Vous étiez comment, ado?
(Rire) Ayo, j’ai à peu près tout fait : mal parler à ma mère, fuguer, une relation avec une fille… Aujourd’hui, je me sens bien dans ma peau.

On vous a souvent dit que vous étiez jolie?
On me l’a dit toute ma vie, un peu moins ces jours-ci. Des commentaires sur Facebook…

Du genre?
Ouais, la fille est moche, elle a dû gagner parce qu’elle a payé, parce qu’elle connaît des ministres… J’essaie de ne pas y accorder trop d’importance. Ceux qui vous félicitent par SMS sont parfois les mêmes que ceux qui vous fracassent sur les réseaux sociaux. Y’a des gens bien hypocrites.
Votre physique vous a-t-il joué d’autres mauvais tours?
Je me fais régulièrement siffler dans la rue. Je ne le vis pas mal, j’ai l’habitude, je m’en amuse même.

Comment?
Comme ça (elle nous fixe sévèrement). Généralement, le type perd ses moyens. C’est là que tu vois que les siffleurs sont des petits garçons, pas des hommes. Tu les intimides un peu et y’a plus personne.

Maurice est un pays de machos?
On l’est encore, malgré des progrès. Moi, je me vois mal obéir à un homme. Après, y’a des moments où l’on aime être dominée. C’est ça, une femme : on aime les deux, dominer et être dominée, ça dépend du moment.

Votre dernier job, on en parle?
Comme infographiste ? J’ai décidé d’arrêter pendant ma formation.

C’est vrai ce mensonge?
(Hésitante) Bon, OK, j’ai été virée. Depuis j’ai repris des études de comptabilité.

Pourquoi ce choix?
Pour l’argent. Et parce que tout le monde est comptable dans ma famille.

Comment gérer cette parenthèse d’un an durant laquelle vous serez traitée comme une princesse?
Déjà, en profiter ! Je vais avoir droit à des soins beauté, des séances de gym, des cours de danse, de chant, de catwalk… Tout ça, pour bien représenter Maurice à Miss World, l’an prochain. J’aimerais m’investir auprès des enfants autrement capables. Cette cause me touche de près, j’ai une petite nièce handicapée mentale.

Quelle est la pire chose qui pourrait vous arriver durant votre règne?
Perdre ma couronne. Je vais devoir me tenir à carreaux, y’a des choses que je ne pourrais plus faire. Sortir en pyjama à la boutique, par exemple (rire). Après, j’ai 19 ans, j’aime faire la fête, je ne compte pas m’en priver. Je serai juste plus discrète. Ça a commencé, on m’a fait retirer des photos d’Instagram et Facebook. Certaines étaient un peu, comment dire, compromettantes… Bref, je vais devoir faire attention à ce que je fais et à ce que je publie.