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Réchauffement climatique: ce que risque Maurice à +1,5° C

26 octobre 2018, 22:11

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Réchauffement climatique: ce que risque Maurice à +1,5° C

Si le réchauffement climatique global dépasse 1,5° Celsius au cours des prochaines décennies, l’humanité fera face à l’une  des pires crises de son histoire. Mise en garde du Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (GIEC), début octobre. Qu’est-ce que cette hausse implique  pour des États insulaires comme Maurice ?

Rehaussement du niveau d’eau

Une hausse de la température de 1° Celsius a déjà des effets négatifs importants sur le climat autour du monde. Résultant en une hausse du niveau des océans en raison aussi bien de la fonte accentuée des glaces de la calotte polaire que des glaciers en montagne.

Et Maurice sera aux premières loges si rien n’est fait. «C’est difficile d’estimer avec précision à quelle hauteur sera l’eau d’ici à 2030 si la hausse de la température globale n’est pas restreinte à 1,5° Celsius au pire. Les pays africains et côtiers en général prennent cela très au sérieux», explique le Dr Moussa Sall du Centre de suivi écologique du Sénégal.

Il fait partie des scientifiques qui travaillent activement pour limiter les dégâts sur la côte ouest africaine. «C’est encore plus important pour les îles. Il n’y a pas d’endroit pour se mettre à l’abri dans le cas d’une montée des eaux. Toutes les côtes et les populations et les pays qui en dépendent devront y faire face si ce n’est pas stoppé.»

Des kilomètres de plages se retrouveront sous les eaux, l’eau salée et saumâtre pénétrera plus loin à l’intérieur des terres et pourra contaminer l’eau fraîche. Pire encore, des terrains agricoles seront salés par l’eau de mer et l’érosion sera encore plus importante. La majeure partie des constructions pied dans l’eau ou en bord de mer devront être abandonnées.

Perte de la biodiversité

Avec 3° Celsius de plus, la perte des écosystèmes serait catastrophique. Déjà, à partir de 1,5° Celsius, le GIEC estime que 70 % à 90 % des coraux mourront. Les récifs coralliens sont déjà mis à mal avec la hausse de seulement 1° Celsius dans le monde.

Maurice et les îles de l’océan Indien seront encore plus fragiles. Déjà qu’ils ont subi des dégâts dus au blanchissement. «Nous avons vu qu’avec le plus récent blanchissement de 2016, 20 % des coraux sont morts. Et ce n’est qu’avec une hausse de la température d’un degré. La barre de 1,5 degré est déjà trop haute, mais si c’est supérieur à cela, la perte de la diversité sera si importante que les écosystèmes mourront», prévient Saïd Ahamada, du programme biodiversité de la Commission de l’océan Indien.

«Des plans pour sauver les coraux et les récifs ont été mis en place comme le projet Biodiversité de la COI», ajoute-t-il. Mais cela risque d’être un coup d’épée dans l’eau si la température est trop haute pour la survie des récifs coralliens.

Et si une partie de l’écosystème meurt, c’est tout le lagon qui meurt. Ce qui aura aussi un impact sur le tourisme avec la perte de plages. La pêche ne s’en sortira pas mieux, même les stocks en pleine mer disparaîtront.

Des conditions climatiques encore plus difficiles

Si le réchauffement climatique n’est pas mis en veilleuse très rapidement, le temps continuera à être la problématique numéro 1. Nous connaîtrons des événements météorologiques de plus en plus intenses, des pluies diluviennes, des cyclones plus puissants et des sécheresses plus longues.

«Avec le réchauffement climatique, on va connaître de plus en plus d’événements météorologiques qui gagneront en intensité. Et ce sera de plus en plus difficile de les gérer», explique Vasantt Jogoo, consultant environnemental pour la Banque mondiale. «Déjà, avec la hausse actuelle, l’eau plus chaude dans les océans intensifie les cyclones et les pluies. Le phénomène continuera à s’amplifier.»

Le début de l’année a déjà montré quels dégâts la pluie intense peut causer. Les événements météorologiques qui frappent Maurice sont gonflés par l’énergie prise en mer. Avec la hausse de la température, les océans seront globalement plus chauds, surchargeant les évènements météorologiques.

Réduire ou subir

Le GIEC l’a exprimé de façon simple. D’ici à 2030, il faudrait réduire de 45 % les émissions  actuelles de CO2 et arriver au point de neutralité d’ici à 2050. Autrement dit, ne pas produire plus de CO2 que la terre ne peut absorber. Au cas contraire, les retombées seront catastrophiques.