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Sir Victor Glover se défend: «Nous n’avions pas tous les éléments»

27 octobre 2018, 15:59

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Sir Victor Glover se défend: «Nous n’avions pas tous les éléments»

Comment Christopher Perrine, suspecté de vol avec violence, a pu bénéficier d’une remise de peine ? C’est ce qu’a tenté de découvrir «l’express», qui est allé à la rencontre du président de la commission, de pourvoi en grâce hier. Il nous explique le fonctionnement et le rôle de ses membres.

Le président de la Commission de pourvoi en grâce explique comment Christopher Perrine, suspecté de vol avec violence, a pu bénéficier d’une remise de peine. L’instance ne peut se baser que sur le dossier de la police et de la prison, et elle n’était pas au courant de ses antécédents. Même le cardinal avait préconisé la libération du détenu.

À peine libéré après la grâce présidentielle, il a récidivé. Christopher Perrine, 33 ans, habitant La-Tour-Koenig, est soupçonné d’avoir commis un vol avec violence sur la fille de la Deputy Commissioner of Prisons, chez elle, à Roche-Brunes, le 12 octobre. Son casier judicaire est lourd. Par l’entremise de son avocat, Me Erickson Mooneapillay, il avait écrit à la Commission de pourvoi en grâce pour demander le pardon présidentiel. Dans sa pétition, il a argué qu’il avait laissé derrière lui sa vieille mère, qu’il fallait qu’il occupe d’elle et qu’il avait l’intention de se marier. Il a ajouté qu’à sa libération, il trouverait un emploi vu qu’il a appris un métier en prison.

L’express a essayé de comprendre comment ce récidiviste a pu obtenir la grâce présidentielle. Sir Victor Glover, président de la Commission de pourvoi en grâce, que nous avons rencontré hier, explique le fonctionnement et le rôle de ses membres. «Quand nous recevons une pétition, nous demandons un rapport à la police confirmant que tout ce que dit la personne est correct. Est-ce qu’il a bien été condamné pour ce délit pour lequel il est emprisonné, par exemple. Dans le cas de Christopher Perrine, nous n’étions pas au courant de certaines choses.» L’ancien chef juge affirme que «la commission était simplement en possession d’informations que Christopher Perrine était poursuivi pour viol, un délit qui remonte à dix ans. (NdlR, il était condamné à 18 ans de prison pour viol sur une touriste française de 16 ans à Blue-Bay) La question à poser est de savoir si la personne était consentante. Dans 95 % des cas, après l’acte, la victime se demande ce qu’elle a fait. Qu’est-ce que les gens vont dire ? Elle va alors voir la police pour dire qu’elle a été violée, alors que strictement parlant, elle n’a pas été violée. Dans des cas de mineurs, parfois, c’est lorsque les parents apprennent la relation qu’ils se rendent à la police.»

«La commission n’était pas en possession de tous les antécédents judiciaires de Christopher Perrine. La police et la prison ne nous ont pas fourni les documents appropriés. Il faut que la commission ait les bons renseignements car nous n’avons pas d’enquêteurs.» Ils sont quatre à siéger sur la commission et à éplucher les dossiers. Ils se basent sur les éléments fournis.

Demande soutenue par le cardinal Piat

Quelles solutions et suggestions afin qu’un cas similaire ne se répète pas ? Sir Victor Glover demande à ceux qui doivent fournir des renseignements, en l’occurrence la police ou la prison, qu’ils fassent leur travail comme il faut et qu’ils vérifient bien avant d’envoyer un dossier.

Sir Victor Glover rapporte que la demande de Christopher Perrine était aussi soutenue par le cardinal Maurice Piat. Nous avons tenté de contacter ce dernier. Mais la cellule de communication de l’évêché nous a expliqué qu’il était pris et qu’elle reviendrait vers nous après avoir recueilli de plus en plus d’informations sur le cas.

 

Démêlés des avocats avec la justice : trop de membres du barreau

<p style="text-align: justify;">Sir Victor Glover a également commenté l&rsquo;arrestation de Me Rex Stephen pour blanchiment d&rsquo;argent. Il a pris connaissance de l&rsquo;affaire dans les journaux. <em>&laquo;C&rsquo;est triste de constater que plusieurs avocats aient été cités dans le rapport de la commission d&rsquo;enquête sur la drogue. Malheureusement, nous avons des brebis galeuses partout, dans toutes les professions et même parmi les membres du barreau. D&rsquo;autant que nous comptons environ 700 à 800 avocats, c&rsquo;est une aberration.&raquo;</em> Cette aberration s&rsquo;explique historiquement. Le <em>&laquo;Council of Legal Education&raquo;</em>, créé en 1984, a fait légiférer pour que pour pratiquer comme avocat, il fallait un diplôme universitaire et ensuite passer l&rsquo;examen à Maurice, avalisé par le conseil. Résultat : le nombre d&rsquo;avocats était restreint. Dans les années 90, on a rechangé la loi. Sir Victor Glover explique qu&rsquo;on peut être <em>&laquo;call to the bar&raquo;</em> en Angleterre et que le <em>&laquo;passing mark&raquo;</em> a été réduit à 45 %. <em>&laquo;C&rsquo;est très facile de devenir avocat.&raquo;</em> Ainsi, des avocats rendent des visites à des détenus 14 fois dans une journée pour avoir des clients. <em>&laquo;S&rsquo;il y avait un nombre restreint d&rsquo;avocats, il n&rsquo;y aurait pas besoin de courir après les clients. Tandis que là, avec 800 professionnels, pour gagner leur vie, c&rsquo;est plus dur&hellip;&raquo;</em></p>