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Sexualité en prison: ramas savonet… «Li enn laont pou rakont sa»
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Sexualité en prison: ramas savonet… «Li enn laont pou rakont sa»
À chaque crime atroce, les internautes s’en donnent à cœur joie. Ils préviennent coupables et suspects, surtout impliqués dans des délits à caractère sexuel : «Aster to pou al ramas savonet dan prizon.» Est-ce vrai ? Qu’en est-il du sexe derrière les barreaux ?
Les relations sexuelles en prison sont presque plus communes que les téléphones portables, à en croire ceux qui travaillent quotidiennement dans le milieu carcéral. Selon les gardiens, plusieurs raisons peuvent contribuer à ce que les prisonniers décident de «le» faire. Agressions des plus forts sur les plus faibles, échanges contre des cigarettes ou appels téléphoniques… les raisons sont nombreuses. «Ce sont d’habitude les plus anciens, ceux qui purgent de lourdes peines ou encore les plus ‘ riches’ qui sont les dominants.»
Les prisonniers ne s’attaquent qu’aux plus vulnérables. «Ils font cela dans des lieux où il n’y a pas de caméra. Comme dans leur cellule, le soir ou dans la douche.» D’où l’expression «ramas savonet». La violence est présente, mais les victimes ne portent pas plainte car c’est une honte à leurs yeux. «Zot res trankil, zot sibir.»
Plusieurs facteurs contribuent à ce mutisme. Beaucoup ont peur que leur(s) agresseur(s) s’en prenne(nt) davantage à eux et les torture(nt) encore plus. Il n’est pas rare que les agresseurs fassent partie de gangs où règne la loi du plus fort. Même si le détenu victime dénonce son agresseur aux autorités pénitentiaires, celles-ci vont l’éloigner, certes, mais les amis de ce dernier vont continuer à lui miner l’existence.
Les plus anciens ont recours à cette pratique pour assouvir leurs pulsions sexuelles. «Ils savent qu’ils ont encore longtemps à rester enfermés. Zot kouma tou dimounn zot ena bann anvi.» Encore une fois, ce sont les plus vulnérables qui en font les frais. «Ena ki zot fami in tourn lédo ek zot ek zot nepli ena nanyé, mem pa pou dépansé dan lakantinn, lerla bann-la propoz zot kitsoz an retour.»
Les actes sexuels existent aussi bien chez les détenus hommes que femmes. Mais, toujours selon des sources pénitentiaires, les agressions sont plus rares chez les femmes en prison. «Les femmes sont consentantes, dans la plupart des cas.»
André (prénom d’emprunt) : enfermé, rien n’est impossible
<p>Il a été en prison pour possession de drogue. André (nom d’emprunt) explique qu’il est habitué à ce que les hommes aient des relations sexuelles. <em>«Kan ou al laba ou pa pansé ki enn zour ou pou kav fer enn zafer koumsa. Mé pena swa. Mo gagn onté mo mem kan mo pans sa. Mé kan ou anfermé ek ki ou fat yen, pou enn-dé sigaret, nanyé pa inposib.</em>» Il est difficile pour ce dernier, qui est aussi un ex-toxicomane, de rentrer dans les détails. Aujourd’hui, il dit avoir avancé dans la vie et laissé ces <em>«souvenirs amers»</em> derrière lui. <em>«Mo santi mwa bien aster. Zamé mo’nn rakont sa mo fami. Parski pou enn zom, li enn zafer ki inimazinab.</em>» Mais cela est monnaie courante dans les prisons. <em>«Bokou fer li.»</em></p>
La loi
<p>L’article 250 du code pénal mauricien incrimine l’acte de sodomie au même titre que celui de bestialité. Les deux délits sont passibles d’une peine de prison ne dépassant pas cinq ans. Mais les actes sexuels forcés, ce n’est pas que la sodomie…</p>
En chiffre
<p> De 2010 à 2015, un seul cas de sodomie a été enregistré à la prison de Beau-Bassin. Selon des sources pénitentiaires, quelques autres cas d’agressions sexuelles ont été signalés. Mais après enquête, la police a conclu qu’il ne s’agissait pas de sodomie. De 2016 à octobre 2018, un cas de sodomie a été noté dans la prison de Grande-Rivière. La plainte a été faite au poste de police de Pointe-aux-Sables, en juin. L’administration pénitentiaire peut seulement agir lorsqu’une agression sexuelle est rapportée. Si tel est le cas, il faut suivre un protocole établi, à commencer par l’ouverture d’une enquête interne, puis informer la police tout en s’assurant au préalable que toutes les pièces à conviction sont préservées. <em>«En attendant l’arrivée de la police, il est aussi de notre devoir de donner les premiers soins médicaux à la victime. Le présumé agresseur est mis en garde à vue jusqu’à son interrogatoire et son examen par la police et le médecin légiste. Au-delà de l’aspect légal, les autorités pénitentiaires offrent également un suivi psychologique à la victime, qui bénéficie de l’encadrement du département du soutien et du bien-être de la prison.»</em></p>
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