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L’île-aux-cerfs: à la recherche du paradis perdu

3 novembre 2018, 20:30

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L’île-aux-cerfs: à la recherche du paradis perdu

La fréquentation des deux îlots ne cesse d’augmenter, causant leur défiguration, dénoncent les plaisanciers. Et l’accroissement du nombre d’activités nautiques ainsi que l’implantation prochaine d’un hôtel de luxe ne devraient guère arranger les choses.

L’île-aux-cerfs et l’Île aux-Bénitiers attirent à elles seules plus de 1 000 personnes par jour. Et le double durant la saison de pointe, d’octobre à début janvier. C’est le constat de nombreux plaisanciers de Trou-d’Eau-Douce et de Grande-Rivière-Noire. Si à l’Île-aux-Cerfs, on parle de saturation, la situation serait sous contrôle à l’Île-aux-Bénitiers, du moins pour le moment.

Des rangées de transats, 200 bateaux par jour dans le lagon, des hordes de touristes... Désormais, l’Île-aux-Cerfs ressemble presque à la plage de Flic-en-Flac.

Ile-aux-Cerfs: le point de non-retour ?

À l’Île-aux-Cerfs, la contestation se fait de plus en plus grande. Surtout étant donné que deux permis de parasailing devraient incessamment être alloués à un propriétaire de bateau. Deux nouvelles plateformes devaient d’ailleurs être installées. Toutefois, le 19 octobre, un des plaisanciers de Trou-d’Eau-Douce, Christian Tonta, a juré un affidavit en cour intermédiaire contre ce projet. Depuis, celui-ci a été gelé.

Les plaisanciers de Palmar, Belle-Mare et Trou-d’Eau-Douce, réunis sous l’Association des plaisanciers de l’Est, se sont rencontrés lundi 22 octobre pour discuter des permis de parasailing à l’Île-aux-Cerfs. Ils ont noté qu’il y a déjà quatre plateformes dans le lagon et qu’il faut garder une distance d’un kilomètre entre chacune. L’association s’est aussi penchée sur les points d’embarquements dans l’est du pays, estimant qu’il en faut plus.

Selon la Fédération des plaisanciers de l’île Maurice, il y a déjà trop d’activités nautiques dans la région de l’Île-aux-Cerfs. Faisant valoir que cela représente un danger pour le public, surtout que plus de 200 bateaux naviguent dans ces eaux quotidiennement. «Nous pensons que l’endroit est déjà saturé avec les bateaux, catamarans et autres qui y circulent chaque jour», explique Prem Beerbul, le président de la fédération.

Dans les années 80, souligne Prem Beerbul, «c’était le coin de paradis des Mauriciens. La plage était à l’état sauvage. Dimounn ti pé vini vrémen pou relax». Il y a encore 18 ans, dit-il, «dimounn ti pé vinn l’Île-aux-Cerfs vrémen akoz so boté».

Or, l’Île-aux-Cerfs aurait entamé sa lente descente aux enfers avec l’aménagement d’un terrain de golf. Aujourd’hui, regrette Prem Beerbul, non seulement la plage a perdu tout son éclat en raison du grand nombre de visiteurs et la pollution ainsi engendrée, «mais la plus belle partie est privée et sécurisée par des vigiles depuis plus d’un an déjà». Ce qui lui fait dire que «aster dimounn vini apré zot sové, zot pa rod révini».

 L’Île-aux-Bénitiers : bientôt un hôtel de luxe

Des visiteurs débarquent pour une balade sur la plage, en 2005.

Des changements, l’Île-aux-Bénitiers en connaîtra également bientôt. Notamment avec l’aménagement d’un hôtel de luxe. Les plaisanciers de la région font remarquer que le gouvernement n’en est pas à sa première tentative. En 2002, 2007 et 2014 déjà, un tel projet avait été évoqué.

À l’époque, les pêcheurs et plaisanciers ont protesté et envoyé des pétitions. Ils ont même écrit au Premier ministre d’alors, pour réclamer que l’Île-aux-Bénitiers ne soit pas «massacrée par cette décision», avance Karl Lamarque, président de l’Association des pêcheurs professionnels et des plaisanciers de l’Est et aussi secrétaire de la Fédération des plaisanciers de l’île Maurice.

 À ce jour, en moyenne, plus de 500 personnes se rendent à l’Île-aux-Bénitier en week-end, ce qui représente plus d’une cinquantaine de bateaux qui accostent par jour. «Cela a défiguré la beauté de l’endroit au fil des années. Plusieurs visiteurs ne respectent pas les lieux et jettent leur saleté partout sur l’île», déplore Karl Lamarque. Il faut ajouter à cela l’augmentation du nombre de marchands de plage. Ils sont actuellement une cinquantaine. Un nombre qui devrait doubler d’ici à l’année prochaine, au dire des plaisanciers.

S’il a perdu de son éclat d’antan, il y a tout de même une petite partie de l’îlot qui est préservée. L’Île-aux-bénitiers est divisée en trois parties.Le Nord est réservé aux oiseaux migrateurs et aux tortues qui viennent y pondre leurs œufs. La partie du milieu est destinée aux clients des catamarans et plaisanciers, tandis que le public en général, «bann séki vinn par bann navet dépi La Gaulette», peut profiter de la partie au sud de l’île.