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Mesure anti-tabac: cinq idées fumeuses sur le «paquet neutre»

4 novembre 2018, 20:53

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Mesure anti-tabac: cinq idées fumeuses sur le «paquet neutre»

Après les images trash, le flingage du design. Le gouvernement se donne neuf mois pour imposer des paquets de cigarettes sans logo ni couleur distinctive. L’occasion de balayer quelques idées reçues.

Le paquet neutre s’impose partout

Faux

Seuls six pays fument du «neutre». Une dizaine d’autres ont l’intention d’imposer ces emballages à brève échéance. En face, les géants de tabac font de la résistance. C’est le cas de British American Tobacco (BAT), qui a contesté à plusieurs États le droit d’imposer les paquets neutres. En vain jusqu’alors. «Il n’existe aucune preuve convaincante que le paquet neutre est efficace pour réduire le tabagisme», s’époumone le cigarettier sur son site. Il y voit une mesure contre-productive susceptible d’entraîner une explosion du marché noir en facilitant la contrefaçon.

Maurice est à l’avant-garde de la lutte anti-tabac

Faux

Certes, notre pays pourrait être l’un des tout premiers d’Afrique à imposer le paquet neutre (en attente d’application au Burkina Faso). Le hic : il s’est engagé à le faire depuis des lustres. Cette mesure est en effet une recommandation de la convention-cadre pour la lutte anti-tabac de l’OMS, texte que Maurice a signé… en 2003 et ratifié l’année suivante. Depuis, le pays piétine dans la réduction de la prévalence et les accusations de «laxisme» pleuvent. Illustration : l’échec à faire appliquer la loi sur l’interdiction de vente au détail. Pendant ce temps, le tabac serait la cause d’un millier de morts chaque année, selon le ministre de la Santé. C’est sept fois plus que les accidents de la route. Les pathologies mortelles qui frappent les fumeurs ? Cancers, maladies cardiovasculaires et respiratoires.

Cette mesure a fait ses preuves

Ce n’est pas démontré

Le paquet neutre a rejoint l’arsenal antitabac depuis trop peu de temps pour disposer de données sur son impact à long terme. L’Australie est le premier pays qui l’a mis en place, fin 2012. Depuis, les études sont contradictoires et donnent lieu à une guerre des chiffres entre les autorités de santé et les firmes du tabac. La France a suivi en 2017. Un an après, les ventes de cigarettes n’ont pas reculé. Un bilan d’autant plus décevant que les prix, dans le même temps, ont augmenté.

Le but est de faire décrocher les fumeurs réguliers

Faux

À Maurice, un adulte sur cinq fume. Ils n’arrêteront pas à cause de la neutralité du paquet. L’objectif est plutôt de dissuader les jeunes de se mettre à cloper. Comment ? En annihilant la fonction marketing de l’emballage, ce «vendeur silencieux» si efficace auprès des ados. Le paquet neutre, c’est laid, fade, terne, peu attirant… et c’est fait pour. Sa fonction essentielle est donc de dissuader les fumeurs potentiels ou débutants, c’est-à dire ceux qui ne sont pas encore accros ou pas trop.

Une hausse des prix serait plus efficace

Faux

On pourrait croire que le fait de frapper les fumeurs au portemonnaie de façon significative et répétée permet d’infléchir durablement la consommation de tabac. C’est l’inverse qui s’est produit à Maurice ces dernières années. Le prix du paquet de Matinée, l’un des plus vendu, a quasiment triplé en dix ans. Pourtant, la clope fait toujours un tabac. Hausses de prix, interdiction de fumer dans les lieux publics, photos chocs : rien n’y a fait. Tout cela a même conduit à une hausse de la consommation. La raison : la cigarette a gagné en popularité chez les jeunes et les femmes. En 2008, une femme sur 90 et un adolescent (13-15 ans) sur 7 étaient fumeurs. Désormais, c’est une femme sur 20 et un jeune sur 5…

Sources consultées : British American Tobacco Annual Report, GlobalYouth Tobacco Survey, Health Statistics Report, Mauritius Non Communicable Disease Survey, WHO Report on the Global Tobacco Epidemic.