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Seychelles: regarde et prends-en de la graine…

7 novembre 2018, 02:00

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Seychelles: regarde et prends-en de la graine…

Langue créole et créolité, environnement, plages, pêche… tels sont les domaines à travers lesquels Maurice pourrait s’inspirer des Dalons. Là-bas, on parle créole au Parlement, on respecte la nature, on ne massacre pas le bord de mer… et on y reçoit des touristes !

Les plages de sable blanc enclavées dans les pierres de granite, la mer aux cinquante nuances de bleu, les cocotiers penchés vers l’eau comme une tentative d’assouvir le désir insatiable de vouloir s’y immerger… Le paysage carte postale des Seychelles a de quoi faire pâlir d’envie tout Mauricien qui s’enorgueillit de son île «paradisiaque». Mais là n’est pas le seul atout de cet archipel que l’on devrait jalouser. À l’occasion du Festival Kreol, qui a pris fin le 2 novembre, l’express a été invité à y séjourner pendant quatre jours sur l’île de Mahé. L’occasion de faire un tour d’horizon des leçons que pourraient nous apprendre les Seychelles…

La créolité: ce patrimoine culturel

La créolité est un concept flou, mal compris par beaucoup d’entre nous. Aux Seychelles, l’on ne le comprend peut-être pas plus, mais on y adhère sans réserve. La créolité n’est pas réservée à une partie de la population. La nourriture, la danse seychelloise, la langue créole, les traditions créoles seychelloises… sont l’apanage de toute la population. Ce patrimoine est le résultat de 240 ans d’histoire qui puise son origine des traces laissées par seize Français, huit Indiens et quatre esclaves noirs dont la nationalité est inconnue…

«Be normal nou koz kreol dan Parlman»

La langue créole fait partie intégrante de toutes les sphères de la vie aux Seychelles. Si, à Maurice, 86 % de la population la revendique comme sa langue maternelle, elle n’est pas pour autant assez «formelle» ou «officielle» pour qu’elle fasse son entrée au Parlement. C’est tout le contraire aux Seychelles. Depuis 1993, les parlementaires seychellois utilisent principalement le kreol seselwa dans l’Hémicycle. Pour ces députés, mais surtout pour le Seychellois lambda, cette situation est tout ce qu’il y a de plus normal. «Le Parlement, c’est «lakaz mama.» C’est l’institution de tout le monde. Ça ne doit pas être formel, ça doit être accessible», lâche une jeune Seychelloise lors d’une conversation. Interrogée, Macsuzy Mondon, la ministre de la Culture et aussi ministre désignée (équivalent de ministre mentor) abonde dans le même sens. «Il faut que tout le monde comprenne ce qui se passe au Parlement puisque c’est le Parlement des Seychellois.» Le Seychellois parle au moins aussi l’anglais couramment et le français de manière régulière.

Le poisson à outrance !

Poisson frais ? Oui ! Le samedi matin, en bordure de route seychelloise, dans les marchés on fait le plein de poissons. Le prix ? Pour un poisson (photo), il faut compter SCR 100 (soit, Rs 254 selon le taux de change du jour). Une aubaine ? Non, nous dit-on. «Li normal, ena fwa ena mwins pwason, ena fwa ena plis. Me touletan ena, e li fliktié otour sa pri lamem », explique le marchand de poissons au marché d’Anse-Royale. Il est 11 heures du matin et il ne lui reste que trois poissons. Avec le tourisme, la pêche est l’industrie qui contribue le plus à l’économie seychelloise. La pêche artisanale, la pêche semi-industrielle et la pêche industrielle sont pratiquées dans les eaux seychelloises. Cependant, les règles mises en place assurent une pêche durable qui profite le plus à la population seychelloise. Par exemple, les saisons de pêche mises en place pour les différentes espèces sont strictement respectées. De plus, pas plus de 50 licences sont octroyées aux chalutiers étrangers à la fois. L’exportation de poisson est strictement contrôlée.

Le respect de l’environnement, une habitude

Ne pas polluer ? C’est une habitude bien ancrée chez le Seychellois. Envoyer un mégot de cigarette de sa voiture, jeter son emballage de chocolat en marchant dans les rues de la capitale ne sont pas des choses que l’on voit souvent. Comme pour leurs plages, les Seychellois sont très respectueux de leur environnement. Ce n’est pas pour autant que les poubelles courent les rues. Il semble même qu’elles soient moins présentes et qu’elles se fondent dans le décor, à Victoria, du moins.

Les plages: pas tombées du ciel…

Sur l’île de Mahé, l’on compte environ 66 plages. Si certaines d’entre elles sont bordées par des hôtels, elles ne sont pas nombreuses. À Beau-Vallon (ci-contre), plage décrite comme la plus grande et la plus fréquentée de l’île, cinq hôtels se sont installés à proximité. Mais si l’on ne nous l’avait pas dit, nous ne l’aurions sûrement pas remarqué. La plage reste l’endroit le plus privilégié des habitants.

Les plages paradisiaques des Seychelles ne sont pas un cadeau tombé tout droit du ciel. Enfin si, peut-être. Mais c’est aussi un cadeau qu’ont su préserver les Seychellois. Sur les plages de Mahé, pas de bouteille de boisson gazeuse vide, pas d’assiette en plastique ou de take-away, résultats de camping familial ou de « dimans borlamer» le weekend. D’ailleurs, le camping en bord de mer est strictement interdit aux Seychelles. Les fêtes d’anniversaire sont, elles, très fréquentes. La tradition seychelloise veut que les familles fêtent les anniversaires à l’ombre d’arbres ornés de ballons longeant les plages.

Mais ces fêtes, qui ne s’étendent jamais au-delà de 19 heures, se tiennent dans le plus grand respect de la nature. Les déchets, on les ramène chez soi !