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La Nouvelle Clinique Ferrière dotée d’une unité de soins palliatifs

19 novembre 2018, 10:55

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La Nouvelle Clinique Ferrière dotée d’une unité de soins palliatifs

Cette nouvelle unité devrait être opérationnelle en janvier 2020. Le Dr Claude Grange formera sur les soins à être prodigués aux personnes en fin de vie.

Qu’est-ce qu’une unité de soins palliatifs ?
En gros, c’est de s’occuper des personnes, notamment les cancéreux, qui sont en fin de vie. Malheureusement, beaucoup de personnes meurent dans de terribles douleurs. Dans les sociétés modernes, la prise en charge des derniers jours de vie, devient une véritable spécialité. En médecine, on a le cure et le care. Les soins palliatifs n’ont pas pour vocation de soigner mais de prendre soin. À ce stade de la vie, on arrête les traitements curatifs, qui sont devenus inutiles et disproportionnés.

Qu’est-ce que cela implique ?
La médecine, c’est trouver le bon diagnostic et essayer de guérir. Mais quels que soient les progrès de la science, on oublie qu’on va tous mourir. Lors de mes études de médecine, on n’a jamais prononcé le mot ‘mort’. On n’est pas du tout préparé à cela et le médecin vit la mort comme un échec. Quand on ne sait plus guérir et soigner, la personne meurt dans des conditions inacceptables. On a une tendance à être dans l’acharnement thérapeutique. Souvent, on s’aperçoit que les malades ne meurent plus de leur cancer mais des complications des chimiothérapies, qui étaient devenues inutiles. Au centre de soins palliatifs, nous mettons notre médecine au service du malade.

Comment accompagne-t-on quelqu’un qui vit ses derniers jours ?
On soulage sa douleur. Quand quelqu’un hurle de douleur, c’est insupportable pour le malade, la famille et les médecins. Dans ce genre d’unité, nous agissons pour que les gens ne souffrent pas, qu’ils se sentent entourés et accompagnés. Nous faisons en sorte que la famille soit présente et de ce fait, il n’y a d’heure de visite fixe. C’est ouvert 24/24. L’unité à la Nouvelle Clinique Ferrière sera dotée d’un espace famille, d’un coin cuisine et salon, en plus du lit d’accompagnement dans la chambre. C’est possible de mourir sans souffrance, dans la dignité et dans la paix. Il y aura une prise en charge spirituelle et religieuse dans cette unité pour les personnes de toutes confessions. Elles pourront avoir accès à des rites importants pour elles. Souvent les gens en fin de vie se rapprochent de leur religion, même si pendant leur vie, ils n’ont pas été pratiquants. On permet également à la personne de voir son animal de compagnie et même les enfants de moins de 12 ans peuvent voir leurs proches, qui vivent leurs derniers jours.

Les médecins conventionnels ne peuvent-ils pas soulager une personne en fin de vie ?
Les médecins durant leurs études n’ont jamais eu de formation pour les soins palliatifs, qui réclament des techniques spécifiques, par exemple le dosage des médicaments. Soulager la douleur, c’est techniquement bien savoir manier les doses de morphine et les sédatifs pour atténuer la douleur physique et apaiser les angoisses et les peurs. Il y a une méconnaissance des traitements de la douleur et de l’approche qui convient à ces malades. Par exemple, quand le médecin établit le diagnostic et le pronostic vital, il le fait savoir à la famille mais pas au malade. On le lui cache, croyant bien faire. Le médecin doit tenir un langage de vérité. On prend les gens pour des imbéciles parce que quand le malade voit qu’il maigrit, qu’il n’est pas bien, qu’il a mal partout, dans sa tête il y pense et il a peur. Cette peur, il ne peut la partager avec quiconque parce que tout le monde évite le sujet avec lui. Le malade est de plus en plus seul. Les médecins spécialisés maîtrisent cette approche et la personne sera sujette à des soins et pas objet de soins parce qu’on respecte aussi ses volontés. Cela demande de l’empathie, du relationnel, un savoir- faire et un savoir être.

Ce n’est pas simple pour les médecins…
Il faut comprendre qu’avoir mal et être confronté à une fin de vie proche, ce n’est pas du tout la même chose que d’avoir mal pour une lombalgie ou une entorse. Il y a plus que de la douleur, il y a la souffrance. Une souffrance globale qui est à la fois psychique, physique, sociale et spirituelle. Les médecins et le personnel ne doivent pas être effrayés par les personnes, qui sont en train de mourir. Mais, il faut le reconnaître, il n’est pas simple de côtoyer en permanence des mourants. Il y a des gens qui ne sont pas préparés pour ça.

A quoi ressemblera cette unité ?
On a déjà établi les plans et les fonds sont trouvés. En janvier 2020, cette nouvelle unité de soins palliatifs verra le jour. Elle comprendra 12 lits et son architecture ressemblera davantage à une maison qu’à un hôpital. Ce sera une unité où régnera de l’empathie, de la chaleur, de l’accompagnement et de l’écoute.

Comment le personnel de la clinique sera-t-il formé ?
On a déjà eu deux séances avec le personnel et les médecins. On les a sensibilisés. Ils ont été très intéressés. Il faut faire les choses dans le contexte local, avec les traditions. Ils avaient l’air assez motivés par rapport à ce projet. Quand l’unité sera construite, je reviendrai pour faire une formation. En France, je suis formateur pour le diplôme universitaire de soins palliatifs. Je fais cela depuis 20 ans et j’aide à mettre en place des structures. Je reviendrai pour une formation avant l’ouverture et je resterai dix jours complets. Et je reviendrai six mois après pour m’immerger dans le service et discuter de situations complexes, qui surviendront inévitablement.

Ce sera une unité indépendante ?
La clinique recrutera un chef de service, qui a de l’expérience, capable d’organiser le fonctionnement de l’unité et il sera aidé par trois jeunes médecins, qui seront formés spécifiquement aux soins palliatifs. Le personnel sera sélectionné parmi celui existant à la clinique et par recrutement.