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Gilets jaunes: Maurice pas épargné par le blocage à La Réunion

22 novembre 2018, 22:30

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Gilets jaunes: Maurice pas épargné par le blocage à La Réunion

Les émeutes à l’île soeur ont une incidence directe sur les vols et les Mauriciens habitant La Réunion. Nous avons débarqué mercredi 21 novembre dans une île en plein chaos, pour assister à une conférence dont le programme a été chamboulé.

Mercredi, 12 h 36. Cela fait plus d’une heure et demie que notre avion, au départ de l’aéroport de Plaisance, a atterri à Gillot. Place à un véritable parcours du combattant pour quitter la zone aéroportuaire. Des bouchons, des passagers délaissant leur véhicule pour continuer la route à pied, valises en main… Le décor de ce qui nous attend lors de notre court séjour dans l’île sœur est planté.

 

«Nous assistons à des scènes de violences gratuites et à du chantage contre paiement à des ronds-points par des jeunes délinquants profitant de la situation.»

 

La radio de la voiture permet de suivre la situation en direct. Les gilets jaunes en sont à leur cinquième jour de manifestation, occupant les points stratégiques du pays. Ils ne sont pas près d’abandonner, puisqu’ils appellent d’autres chauffeurs à enfiler leur gilet jaune et à descendre de leur véhicule.

Il est 13 h 45, lorsque nous arrivons enfin à notre hôtel, à Ste-Clothilde. Un établissement pourtant situé près de Gillot. On a un quart d’heure pour s’acheter une pizza après l’interminable attente dans les bouchons. Comme plusieurs autres commerces, qui ont pris le risque d’ouvrir en ce cinquième jour de désordre, la pizzeria du coin est contrainte de baisser les volets à 14 heures.

La galère est loin d’être terminée. Alors qu’on pensait pouvoir enfin se détendre dans une chambre climatisée à l’hôtel, on aura droit à deux heures de coupure d’électricité.

«Les rencontres internationales du développement durable», la conférence à laquelle nous participons, et qui est la raison officielle de notre séjour dans l’île, n’est pas épargnée non plus. Organisée par Export Réunion, elle a démarré hier à St-Denis et prendra fin demain, vendredi 23 novembre. À cause du chaos prévalant dans l’île, seule la moitié des 600 personnes conviées des 17 pays, dont Maurice, a répondu présent. Le lieu et le programme ont dû également être modifiés.

Par ailleurs, la situation paralysant La Réunion depuis samedi n’est pas sans répercussion sur les habitants. Christina Atia, une Mauricienne habitant St-Pierre depuis neuf ans, raconte être dans l’angoisse. Si elle est favorable aux raisons à la base de la manifestation des gilets jaunes, cette mère de trois enfants et femme au foyer se dit contre le déferlement de violence, surtout de la part des jeunes. «Nous assistons à des scènes de violences gratuites et à du chantage contre paiement à des ronds-points par des jeunes délinquants profitant de la situation. Le soir, c’est pire avec les incendies et les casses. Malheureusement, on a un président qui ne veut pas fléchir, et on en a marre.»

«Cinq ans depuis que nous sommes installés à La Réunion et c’est la première fois que nous assistons à ce type d’émeute. Nous n’allons pas rouvrir tant qu’il n’y a pas d’accalmie.»

 

Sharon Bret-Hector, une autre Mauricienne mariée à un Réunionnais, n’est pas en reste. Même si elle habite St-Leu, commune qui jusqu’ici est épargnée par les violences des casseurs comme à St- Louis, St-Pierre ou encore St-Denis, cette mère de deux enfants en bas âge ne peut sortir comme à l’accoutumée pour faire ses courses car les supermarchés ont fermé. «Si personnellement je suis en sécurité, je sais à travers les médias que ça chauffe dans d’autres communes et villes.»

Les opérateurs économiques, dont des groupes mauriciens comme Leal, sont aussi touchés. Interrogée par l’express, Virginie Quevauvilliers, la Chief Operating Officer Marketing du concessionnaire automobile à Maurice et à La Réunion, affirme qu’ils ont été contraints de fermer leurs deux sites, à Ste- Clothilde et St-Pierre, depuis lundi midi. «Bien qu’il n’y ait pas eu de directive des autorités, nous avons décidé de fermer par mesure de sécurité pour que nos 80 employés puissent rentrer chez eux. Cinq ans depuis que nous sommes installés à La Réunion et c’est la première fois que nous assistons à ce type d’émeute. Nous n’allons pas rouvrir tant qu’il n’y a pas d’accalmie.» Avant de faire ressortir que plus cette situation dure, plus le manque à gagner économique sera important.

Idem pour Air Mauritius. Le transporteur national, qui traîne déjà un bilan financier dans le rouge, s’efforce de trouver une solution pour ses passagers affectés à destination ou en partance de La Réunion, suite à la reprogrammation de ses vols. Depuis mardi soir, trois vols ont été reprogrammés alors qu’un, le MK 239, a été annulé.

«Nous informons les passagers des changements par l’intermédiaire de notre centre d’appels. Nous tiendrons les passagers informés en cas de nouvelles perturbations», indiqu Prem Sewpaul, responsable de communication du transporteur national.

Toutefois, hier, le président du conseil régional de la Réunion, Didier Robert, a annoncé au journal de l’île de La Réunion qu’il a obtenu de l’État le gel pour trois ans de la taxe spéciale.

Pourquoi les gilets jaunes manifestent ?

<p>Depuis samedi, des automobilistes vêtus de leur gilet réfléchissant en signe de ralliement manifestent, avec des barrages sur des routes, notamment, contre la hausse du prix des carburants en France et à La Réunion. La situation a dégénéré à l&rsquo;île sœur avec des cas de violences, les plus graves enregistrés depuis 30 ans. Trente blessés, dont des gendarmes et des policiers, sont à déplorer. Les incidents, dont des pillages de commerces et le racket d&rsquo;automobilistes, se poursuivent en dépit du couvrefeu décrété mardi et qui durera jusqu&rsquo;à vendredi au moins. Comme pour le printemps arabe en décembre 2010 en Tunisie, le mouvement des gilets jaunes est né sur les réseaux sociaux, notamment Facebook.</p>