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Jean Yves Blot: Et si on faisait un circuit Paul et Virginie ?
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Jean Yves Blot: Et si on faisait un circuit Paul et Virginie ?
Partir du naufrage du «Saint-Géran». Pour un voyage dans le temps suivant pas à pas Paul et Virginie. L’objectif : monter un dossier s’appuyant sur des aspects littéraires, sous-marins, mais aussi ancrés dans la réalité géographique de Maurice. Et qui sait, l’emmener jusqu’au patrimoine mondial. C’est le projet de Thierry Château de Histoire(s) Production, avec le concours de Jean Yves Blot, spécialiste d’archéologie sous-marine.
Spécialiste de l’épave du saint-Géran
Jean Yves Blot, archéologue, notamment sous-marin, est de retour à Maurice. Il y a une quarantaine d’années, il avait remonté des artefacts de l’épave du Saint-Géran. Des artefacts, dont la cloche du navire, qui sont conservés au musée d’histoire nationale à Mahébourg.
Le Saint-Géran est un navire de la Compagnie des Indes, qui «gérait l’ensemble de l’économie de l’île», souligne le spécialiste. Le naufrage date de 1744. Jeudi, quand nous avons rencontré Jean Yves Blot, il était prévu qu’il se rende au musée de Mahébourg.«Je vais mettre un peu d’ordre dans les étiquettes. Quand j’ai donné les objets remontés de l’épave au musée, il n’y avait pas de structure pour gérer des collections d’objets venant de la mer.»
Ces artefacts repêchés au fond de l’océan doivent être traités pour empêcher que le sel ne les ronge. «Il y a 40 ans, il fallait un budget pas possible pour faire cela. Je vais comparer ce qui existe aujourd’hui, avec les notes d’il y a 40 ans.»
Jean Yves Blot affirme qu’à l’époque de l’expédition sous-marine, des objets remontés ont aussi été récupérés par des particuliers. Dans les années 1970, «il n’y avait pas encore les mêmes législations qu’aujourd’hui». Un appel à la restitution d’objets est l’un des éléments du dossier en cours de montage.
Reconnaître les «prisonniers de guerre»
Parmi les passagers du Saint-Géran, il y avait ceux que Jean Yves Blot préfère appeler des «prisonniers de guerre» plutôt que des esclaves. L’archéologue affirme avoir vu les fers de ces 39 «fantômes» dans l’épave. Il y voit un devoir de mémoire, nécessaire pour l’identité mauricienne.
L’intérêt pour ce naufrage
Pourquoi cet intérêt pour le naufrage d’un navire parmi les autres ? Jean Yves Blot mesure cela à l’impact qu’a eu le drame du SaintGéran, où «environ 200 personnes ont trouvé la mort avec la totalité des marchandises, de l’argent, tout ce que l’île attendait pour ses besoins, pour les prochains six mois. C’est un drame qui a tellement marqué l’île qu’un écrivain, aventurier, ingénieur, Bernardin de Saint-Pierre, en a eu plein les oreilles, quand il est venu vivre ici».
Une mine d’or
Le site du naufrage du «Saint-Géran» regorge toujours d’artefacts, indique Jean Yves Blot. Parmi, des canons et des ancres qui n’ont pas été remontés. Le naufrage est arrivé «à cause d’un traître qui est toujours là, le courant». Des pierres basaltiques retrouvées sur place indiquent que ce navire avait déjà fait escale à Maurice.
Le voyage dans le temps
Établir la carte d’un paysage culturel lié à Paul et Virginie, qui pourrait, à terme, devenir un patrimoine mondial, sur le modèle du paysage culturel du Morne. C’est le vœu de Jean Yves Blot et de Thierry Château. Première étape : cartographier les artefacts qui sont toujours sur le site de l’épave, du côté de l’île d’Ambre, avec le concours de l’université de La Réunion. «À terme, on pourra visiter l’épave en restant devant un écran d’ordinateur», promet l’expert. Jean Yves Blot affirme qu’il est temps de raconter cette histoire «de manière définitive pour toutes les générations futures».
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