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Manifeste électoral de Lepep: Encore un an pour les trois quarts des promesses non tenues

24 novembre 2018, 22:30

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Manifeste électoral de Lepep: Encore un an pour les trois quarts des promesses non tenues

«Nous gouvernerons pour le peuple, avec le peuple et dans l’intérêt de toute la Nation, pas pour nous, ni pour un petit groupe d’amis, d’agents politiques, des copains et des copines.» Ou encore : «Nous allons mettre en place un comité spécial pour mettre fin aux nominations inadaptées aux postes importants. Nous éliminerons les gaspillages.» Voilà ce que contiennent les premières lignes du manifeste électoral de l’alliance Lepep, rendu public le vendredi 21 novembre 2014.

Un document sur lequel cette alliance a mené campagne et a remporté haut la main les élections. Quatre ans après, en parcourant une nouvelle fois ce manifeste électoral, nous constatons qu’environ trois quarts des promesses n’ont pas été tenues. Il reste encore un an pour l’alliance Mouvement socialiste militant – Muvman liberater pour se ressaisir et considérer ces… oublis!

D’abord, un constat des 12 priorités des trois premiers mois du gouvernement Lepep

1. La pension de vieillesse a été augmentée.

 2. Le salaire minimum a été introduit.

 3. Construction de 2 000 logements chaque année : pas réussi.

 4. Pas de chances égales à tous. Pas de transparence et manque de méritocratie dans les recrutements effectués par la Public Service Commission, la Local Government Service Commission et la Disciplined Forces Services Commission.

5. Le système de permis à points a été revu, mais les caméras à piège existent toujours.

 6. La banque de données où sont stockées les empreintes digitales et photos biométriques de la carte d’identité nationale n’a pas été détruite.

7. Pas de réorganisation de la MBC pour qu’elle fonctionne comme une vraie radiotélévision privée.

 8. Pas de télévision privée pour élargir l’espace médiatique.

 9. L’ICAC et la police n’ont pas leur indépendance opérationnelle. Par contre, les policiers sont autorisés à se syndiquer.

 10. La Declaration of Assets Act n’a pas été amendée pour inclure les propriétés acquises sous des prête-noms et la publication de toutes les informations dans la Gazette du gouvernement.

 11. Il y a eu une commission d’enquête sur la drogue.

12. Le service de wifi gratuit n’a pas été étendu dans tous les endroits stratégiques et pas de connexion Internet rapide à travers le pays.

Nous avons aussi relevé les autres promesses

Projets de loi

Le projet de loi sur la réforme électorale, le transfugisme, le financement des partis politiques se fait toujours attendre.

Pas de Freedom of Information Act

Pas de Disability Discrimination Bill

La Local Government Act n’a pas été revue pour accorder plus d’autonomie aux collectivités locales. Au contraire, le gouvernement fuit les élections villageoises.

Pas de Police and Criminal Evidence Act.

Par contre, il y a la Police Complaints Commission

Pas d’eau 24/7

L’eau 24/7. C’est une des promesses que le gouvernement peine à réaliser. Il avait pris l’engagement de compléter les travaux du Bagatelle Dam. C’est fait, mais le réservoir n’est pas opérationnel à pleine capacité en raison de la station de traitement d’eau qui est en construction. L’eau est déviée à GrandeRivière-Nord-Ouest.

Dans son manifeste, le gouvernement a aussi annoncé la construction de nouveaux barrages et le reboisement autour des réservoirs. Il n’en a rien été. En revanche, la Central Water Authority a remplacé des kilomètres de tuyaux et elle a fait l’acquisition de nouveaux camionsciternes. Le gouvernement n’a pas non plus regroupé les institutions qui gèrent l’eau.

Infrastructures publiques : parole pratiquement tenue

Même si le résultat laisse à désirer, le gouvernement a tenu une bonne partie de ses promesses dans ce secteur. Le permis à points a été aboli et les radars sont davantage visibles. La construction d’une route reliant l’Ouest à l’autoroute est en cours. Il y a eu également la construction d’un autopont à Port-Louis. Celui de Phœnix est en bonne voie. Le projet Metro Express a également été revu. Cependant, le projet d’une nouvelle route reliant l’Est à l’aéroport semble ne plus être à l’agenda, tout comme la construction d’un centre pour le permis de conduire. La construction d’un endroit pour les marchands ambulants n’est que sur le papier.

Santé : toujours malade

 Encourager l’intégration des hôpitaux et des institutions de santé avec les nouvelles technologies afin d’attirer la clientèle étrangère. Cette annonce n’a pas encore abouti. C’est plutôt le contraire. Par exemple, un laboratoire français spécialisé dans des tests ADN a voulu s’implanter à Maurice, mais il n’a pas eu son permis.

Le gouvernement avait promis un master plan pour réduire la pression sur les hôpitaux régionaux, mais il n’y a rien eu. Il devait également y avoir un desk dans les hôpitaux pour enregistrer les doléances des patients et des visiteurs. Un comité spécial devait être institué pour le contrôle de médicaments, mais ces dernières années, le bureau de l’Audit a critiqué le gaspillage dû aux achats des médicaments.

Pour le traitement du cancer, le gouvernement avait promis d’investir dans la technologie de pointe, le ministre Anwar Husnoo a même annoncé qu’un constructeur a été engagé en vue de construire un centre pour le traitement des cancéreux. Coût du projet : Rs 1 milliard. Le gouvernement a également baissé le prix des bâtonnets utilisés pour des tests de diabète. Le ministère a également ouvert un deuxième centre pour traiter les personnes atteintes de problèmes cardiaques.

Logement : divergences entre voisins

Construire 2 000 maisons par an. C’est le défi que le gouvernement s’est lancé avant les élections. Selon les chiffres rendus publics par le Premier ministre, le 3 juillet au Parlement, le gouvernement a construit jusqu’ici 2 171 maisons. La question de logement est souvent évoquée à l’Assemblée nationale, le gouvernement et l’opposition ne sont pas sur la même longueur d’onde. Le ministre du Logement et des terres, Mahen Jhugroo, maintient qu’à la fin de leur mandat, 6 800 maisons seront bâties.

Education : peut mieux faire

Dans le domaine éducatif, une des promesses les plus attendues a été réalisée. Celle de remplacer le Certificate of Primary Education par un examen de fin de cycle primaire moins stressant et d’introduire le Nine-Year Schooling. Mais cela est-il moins stressant pour parents et élèves ? Pas si sûr, car les leçons particulières se poursuivent au-delà du Grade 6.

Les subventions sur les frais d’examens du School Certificate et du Higher School Certificate ont été réintroduites. Par contre, pas de repas chaud chaque jour à nos enfants fréquentant une école primaire. L’usage de la technologie afin de réduire le poids des livres en version papier reste encore une promesse. Maurice n’est pas encore devenu un Education Hub comme promis et jusqu’ici pas d’introduction de «service volontaire» dans le cursus scolaire pour promouvoir le sens de responsabilité des jeunes.

Agriculture (secteur sucrier) : des promesses dans la mélasse

Le gouvernement a accordé une compensation aux petits planteurs en tenant compte de la chute de leurs revenus avec la baisse du prix du sucre. Les planteurs produisant jusqu’à 60 tonnes de sucre sont exemptés de la prime d’assurance au Sugar Insurance Fund Board. Les revenus sur la mélasse ont été augmentés. Par contre, la reconsidération de la Multi-Annual Adaptation Strategy en vue de compléter la réforme de l’industrie de canne à sucre n’a pas eu lieu.

Pas de diversification des marchés d’exportation de notre sucre. Pas de révision des conditions d’allocation de terres aux métayers, le projet de Trade Fair n’a pas été étendu ou encore pas d’actions offertes gratuitement aux planteurs et travailleurs dans les différentes filières de l’industrie sucrière.

Informatique : la cyber-island ne prend pas forme

Peu de promesses réalisées au niveau de l’Information and Communication Technology. Les Business Parks à Rose-Belle, Terre-Rouge, Flacq et Bambous sont toujours au stade de promesse. Il était question de former 300 000 citoyens à l’usage informatique, mais tel n’a pas été le cas. La création d’une bibliothèque numérique nationale de niveau mondial n’a pas vu le jour. Pas de prêts forfaitaires non plus sur l’outil informatique pour permettre à chaque famille d’en être propriétaire.

Services financiers : des délaissés

Au niveau des services financiers, il n’y a pas eu de création d’un Mauritius Sovereign Strategic Fund qui devait investir en Afrique ou encore d’un Africa Social Fund qui devait intervenir sur la microfinance et le social.