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Hostie: quand l’exportation fait recette

1 décembre 2018, 20:06

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Hostie: quand l’exportation fait recette

Il est 10 h 30. À l’étage d’un grand bâtiment crème à Curepipe, on en voit de toutes les couleurs. Des roses rougeoyantes, aux nuances pétillantes ou pâlottes nouées par des feuilles fraîches, des marguerites aux pétales clairsemés et même de fines plaquettes annonçant déjà l’arrivée de Noël. Chaque petit détail se dévore des yeux… et presque du palais. Car toutes ces créations sont comestibles. Nous sommes au cœur de Creasim, entreprise spécialisée dans la fabrication de ces produits en feuilles d’hostie, aussi connue comme le pain azyme, en ce mercredi 28 novembre.

 
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En 1999, alors que les émeutes secouent le pays, Eric Mamet, directeur de cette firme, qui approvisionne aujourd’hui une dizaine de pays, s’embarque dans cette aventure inconnue. «Je devais reprendre une compagnie spécialisée dans la décoration en sucre. J’avais des contacts en Italie qui m’ont proposé de me lancer dans ce domaine. Cette filière m’était complètement étrangère.» Avec le soutien de ces partenaires, il met rapidement en place les infrastructures et démarre la formation d’une quarantaine de personnes.

Désormais, Creasim emploie 185 personnes. De leurs petites mains est façonnée une diversité de décorations et de sous-produits en hostie. Comment sont-elles fabriquées ? «Pour les fleurs et feuilles, une pâte est concoctée à base d’amidon de maïs et de colorants alimentaires. Ces matières premières proviennent d’Afrique du Sud, d’Inde et de Turquie. Puis, on passe à la cuisson», confie-t-il. Une fois cette étape complétée, place à la transformation.

Chaque forme sera façonnée artisanalement selon le modèle requis. «Par exemple, pour les fleurs blanches, nous faisons un montage avec des pétales. Nous les assemblons avec de l’eau pour former des fleurs», explique Samantha Poudreux, employée à Creasim depuis huit ans. Elle fabrique environ un millier de fleurs par jour. Idem pour sa collègue Medha Gunesh, qui fait du montage de fleurs depuis dix ans et sept mois. «L’hostie est une matière très agréable à travailler. J’aime beaucoup fabriquer les fleurs rouges comme c’est ma couleur préférée», avoue-t-elle.

Une cinquantaine de références florales servent de modèles chez Creasim. D’après Eric Mamet, environ 50 millions de petites fleurs sont produites annuellement. Leur particularité ? Elles ne contiennent pas de sucre et peuvent durer pendant cinq ans sous bonne conservation hermétique. Après la fabrication, les produits passent au contrôle qualité puis sont empaquetés dans des sachets de 100 pièces. Une dernière évaluation est effectuée avant que les petites décorations florales n’entrent dans la boîte pour leur future destination.

Mais le pain azyme ne fait pas uniquement une fleur à ce commerce. En fait, la palette de sous-produits est diversifiée. Dans une des salles, des capsules creuses aux tons roses sont découpées par une machine. Cette fois-ci, elles auront une tout autre utilité que la décoration. «Nos clients européens y rajoutent des produits en poudre et les transforment en pastilles médicales.» Dans d’autres cas, des feuilles rectangulaires sont conçues pour la décoration de la surface des gâteaux ou encore pour y imprimer de petites plaquettes avec des inscriptions précises telles que des souhaits d’anniversaire, de félicitations ou de Noël.

Ces toutes nouvelles venues seront commercialisées en grande surface en décembre. Et bien sûr, l’hostie destinée au service de communion n’est pas en reste. Creasim en fabrique pour les églises et les centralise vers une instance religieuse pour la distribution. En sus d’alimenter ce marché local, la compagnie en fait la livraison à l’île de La Réunion.

Outre l’île sœur, les créations en hostie mauricienne atterrissent dans plusieurs pays. Selon Eric Mamet, tout est acheminé vers Milan où les Italiens approvisionnent les clients européens. Et d’autres pays veulent aussi leur part… d’hostie. «La Russie, la Turquie, Dubaï, l’Arabie saoudite et l’Afrique du Sud constituent nos marchés. Nous avons aussi commencé à travailler avec l’Inde et projetons de le faire avec les États-Unis», ajoute le directeur.

Les prochaines étapes ? Faire fleurir davantage l’entreprise avec des extensions au bâtiment et une nouvelle certification aux normes britanniques.

Quelques chiffres

Les produits en pain azyme constituent un commerce très porteur. Selon Statistics Mauritius, les revenus liés à leurs exportations sont de Rs 29,3 millions pour le premier semestre de 2018. Quelque 78 746 kilos ont été commercialisés durant cette période. L’Italie demeure le plus gros client avec 36 758 kilos ; suivie de 9 171 kilos pour la Russie ; 7 232 kilos pour la Turquie ; et 5 244 kilos pour la France. Pour 2017, l’exportation d’hostie était évaluée à Rs 65,2 millions pour un volume de 193 443 kilos. Après l’Italie, qui brigue toujours la première place avec 72 496 kilos, on retrouve Mayotte avec un taux de 27 129 kilos ; la Turquie avec 35 082 kilos ; la Russie avec 15 897 kilos ; et la France avec 12 310 kilos. L’Australie était également demandeuse d’hostie avec 8 787 kilos. Le marché comprend notamment La Réunion avec 7 864 kilos ; Madagascar avec 3 985 kilos ; et les Seychelles avec 1 600 kilos.