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Arts et culture: ces chantiers qui s’éternisent

7 janvier 2019, 20:30

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Arts et culture: ces chantiers qui s’éternisent

Musée de l’esclavage, l’invité du 1er-Février

À l’approche des commémorations du 1er-Février resurgit le dossier du musée de l’esclavage. Il y a un an, en janvier 2018, le ministère des Arts et de la culture a lancé un appel à candidatures international pour retenir les services d’un consultant. Sa mission : réaliser l’étude préliminaire devant mener à la création de ce musée. Le Budget 2017-2018 avait accordé Rs 5 millions pour une étude de faisabilité du musée. Cinq soumissionnaires y ont répondu. Les offres sont devant un comité d’évaluation.

La création du musée de l’esclavage est l’une des recommandations du rapport de la Commission Justice et Vérité (CJV), soumis en 2011. Ce rapport contenait déjà le concept du musée et une estimation des coûts, qui, à l’époque, tournaient autour de Rs 80 millions. L’Hôpital militaire a été identifié comme lieu propice pour abriter le musée, non seulement parce qu’il est associé à l’esclavage, mais surtout parce qu’il n’y a pas de monument ou de lieu commémorant l’esclave dans la capitale mauricienne.

Le 1er février 2017, lors de son discours de circonstance au Morne, le Premier ministre (PM), Pravind Jugnauth, avait affirmé avoir dit au ministre des Arts et de la culture que le musée de l’esclavage était une priorité. Ce projet bien qu’approuvé par le Conseil des ministres, le 7 avril 2016, a été retardé par des tergiversations autour du lieu choisi. Officiellement, il s’agit de l’Hôpital militaire, construit sous La Bourdonnais. Des esclaves y ont été soignés. Il y a eu un bagne à cet emplacement, situé à deux pas de l’Aapravasi Ghat. Aujourd’hui, le bâtiment principal de l’Hôpital militaire abrite les bureaux de l’Aapravasi Ghat Trust Fund. L’an dernier, le PM, souffrant, n’avait pu assister aux commémorations.

MASA : toujours des grincements de dents

Le paiement des royalties le mois dernier ne s’est pas fait dans la sérénité. Cela a remis sur le tapis les divers problèmes auxquels fait face la société des droits d’auteurs. Malgré la nomination d’un président, Michael Veeraragoo, en octobre 2007. Malgré l’élection de six représentants d’artistes qui siègent au conseil d’administration de la Mauritius Society of Authors. Malgré des amendements à la Copyright Act votés fin 2017. La question de fond reste la collecte et la distribution des droits d’auteurs. Qui sont ceux qui paient pour l’utilisation de la musique et combien ? Faut-il imposer un quota de musique locale aux radios privées et publiques ? Une nouvelle grille des tarifs à appliquer aux utilisateurs de la musique – radios, télévision, hôtels entre autres – est prête. Elle attend toujours d’entrer en vigueur. L’autre sujet qui fâche les artistes : la mainmise de l’État au sein de la MASA. Parmi les derniers amendements à la Copyright Act : le ministre peut donner des instructions au conseil d’administration. Le directeur de la MASA a été suspendu en 2011, suite à un procès pour piratage. Après le départ à la retraite de l’officer in charge, c’est le Permanent Secretary du ministère des Arts et de la culture qui agit en tant que tel.

National Art Gallery : en attendant Borstal

Le Budget 2018-2019 prévoit la rénovation de l’ancien hôpital de Grande-Rivière-Nord-Ouest (ex-Borstal) pour y accueillir la National Art Gallery (NAG) et le National Heritage Fund. Dans une interview accordée au Mauricien, le ministre Pradeep Roopun a précisé que ce sont les locaux administratifs des deux institutions qui seront éventuellement transférés dans l’ex-Borstal, une fois le bâtiment délabré retapé. Ce qui signifie que la NAG n’aura toujours pas d’espace d’exposition.

En 2011, le store de l’hôpital militaire, en face de l’Aapravasi Ghat, avait été identifié pour abriter la galerie d’art nationale. Une inauguration officielle avait eu lieu, en présence du Premier ministre d’alors. Sauf que les travaux de rénovation de ce bâtiment délabré n’ont jamais eu lieu. La cour du bâtiment est aujourd’hui un parking géré par Landscope Mauritius. À Borstal, non plus, les travaux n’ont pas encore démarré.

Status of Artist Bill : reconnaître l’artiste comme un professionnel

Donner le statut de professionnel aux artistes. Les reconnaître en tant que travailleurs et contribuables. C’est l’objectif du Status of Artist Bill. Pour ce projet de loi, le ministère des Arts et de la culture bénéficie du soutien de l’Unesco. Des consultations autour du texte ont eu lieu au début et à la fin de 2017, avec Vesna Copic, experte de l’Unesco. Une ébauche a été réalisée. Ce document a été rendu public en novembre 2018. Les intéressés ont eu jusqu’au 14 décembre 2018 pour faire leurs commentaires et suggestions. Une autre experte de l’Unesco est attendue pour travailler sur le dossier. La question est : le Status of Artist Bill sera-t-il à l’agenda de la prochaine rentrée parlementaire ?

Théâtres municipaux, rénovations marathon

À Port-Louis, la première phase de la rénovation du théâtre est en cours. Cette partie des travaux, entamée en février 2018, doit s’achever en mars 2019. L’objectif, selon Pritoo Purmanund, architecte du cabinet Morphos, responsable de la rénovation, est de retrouver l’état d’origine du théâtre, comme il était en 1822. La rénovation comprend l’aménagement d’un café pouvant accueillir 70 personnes. Une somme de Rs 75 millions a été allouée à la première phase de la rénovation du théâtre de Port-Louis.

Pour la deuxième phase, le lord-maire, Daniel Laurent, a annoncé que l’Association Internationale des Maires Francophones (AIMF) a accordé une enveloppe de 200 000 euros (environ Rs 7 millions), pour financer la suite de la rénovation. Le théâtre de Port-Louis, le plus vieux de l’hémisphère sud, est fermé pour rénovation depuis 2008. Les travaux ont donc commencé dix ans après la fermeture.

Au Plaza, le consultant pour les travaux, le cabinet Pixel team, a été mandaté fin octobre 2018. Il prépare actuellement les documents pour l’appel d’offres visant à trouver l’entrepreneur des travaux. La rénovation du théâtre est la troisième phase de la rénovation du Plaza. Le théâtre a fermé pour rénovation en 2004. La réparation des toitures a eu lieu d’octobre 2008 à décembre 2009, au coût de Rs 87 millions. Dix ans après la réparation des toitures, les travaux au théâtre n’ont pas encore commencé. Il y a eu, entre-temps, la remise à neuf de la salle des fêtes et du bloc administratif, livré fin 2016.

Sega tambour Chagos, prochain patrimoine mondial ?

Du 9 au 14 décembre 2019, le patrimoine immatériel aura pour capitale Bogota en Colombie. C’est là-bas que se tiendra la 14e session du comité intergouvernemental pour la sauvegarde du patrimoine immatériel de l’Unesco. Maurice est parmi les 24 États-membres du comité. Nous en profiterons pour défendre le dossier du sega tambour Chagos, qui demande son inscription sur la liste du patrimoine mondial, ayant besoin d’une sauvegarde urgente. En 2018, le centre de conférence à Pailles avait accueilli la 13e session de ce comité de l’Unesco. Le sega tambour Chagos suivra-t-il les pas du sega typik (inscrit en 2014), du geet gawai (inscrit en 2016 et du sega tambour Rodrigues (inscrit en 2017) ?

Patrimoine national : Un petit bout par ci, par là

Le Budget 2018-2019 prévoit la rénovation de huit sites classés patrimoine national. Sentiment de déjà-vu avec les travaux annoncés à La Tour-Koenig, qui se trouve dans l’enceinte du centre Nelson Mandela pour la culture africaine. L’institution, en manque d’espace, espère l’aménager pour abriter ses services. Les travaux devraient aussi concerner les baraquements sur l’île de La Passe, la batterie française à Pointe-du-Diable, le cimetière des Hollandais à Vieux-Grand-Port ou encore le Fort-Albert à Baie-du-Tombeau.