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Agalega: le PMO tente de calmer le jeu
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Agalega: le PMO tente de calmer le jeu
Des Agaléens ont appris d’ouvriers indiens sur place qu’ils devront évacuer leurs maisons. Si le gouvernement nie, tout ce qui se trame dans l’opacité la plus totale autour de ce projet infrastructurel, à Agalega, fait craindre le pire aux habitants qui appréhendent un «Chagos bis».
Les habitants d’Agalega ne sont pas au bout de leurs peines. Ils viennent d’apprendre qu’en raison des travaux d’infrastructure dans l’île, ils vont devoir vider les lieux. Alors que les quelque 330 habitants sont plongés dans l’angoisse, à Maurice, le Bureau du Premier ministre se veut rassurant.
«Il n’y aura pas d’évacuation. Ce ne sont que des rumeurs », indique un conseiller du Premier ministre suite à la publication des informations troublantes sur Agalega concernant l’éviction des habitants. Ces derniers, ceux du village La Fourche par exemple, ont appris de la bouche des travailleurs indiens qui sont dans l’île depuis décembre qu’ils seront déplacés.
Ces ouvriers, arrivés dans le cadre du projet de construction du port et de la piste d’atterrissage, effectuaient des travaux d’arpentage dans cette partie de l’archipel quand ils ont laissé échapper que l’évacuation prochaine des habitants est envisagée par la société Afcons. «C’est choquant ! Encore une fois, on nous a mis devant le fait accompli», s’insurge le président de la Voix des Agaléens, Arnaud Poulay. Ce dernier, menacé d’expulsion d’Agalega l’année dernière, dénonce l’opacité autour des projets.
Manque de planification
Outre la construction d’une grande piste d’atterrissage et l’aménagement d’un mini-port, une trentaine de bâtiments seront construits pour loger les ouvriers. Ce qui n’était pas prévu selon les habitants. Mais leur plus grande appréhension demeure l’évacuation.
«S’il faut déplacer les habitants, où va-t-on les mettre ?» s’interroge le député du Mouvement militant mauricien (MMM) Aadil Ameer Meea. L’élu du n°3, dont dépend Agalega, déplore le manque de planification. «Il n’y a pas assez de logements sur place pour accueillir ces habitants s’ils doivent quitter leur domicile.»
Toutefois, la ministre des Collectivités locales et des îles éparses, Fazila Jeewa-Daureeeawoo, affirme que «d’après nos renseignements, il n’a pas été demandé aux Agaléens d’évacuer leurs maisons. Le Resident Manager est en communication avec les habitants pour éclaircir tout malentendu.»
Tout cela ramène sur le tapis le problème d’opacité autour de ces projets de développements qui sont réalisés par les Indiens. C’est la société Afcons qui a décroché le contrat. Ce flou, selon Aadil Ameer Meea, ajoute de l’eau au moulin de ceux qui pensent que Maurice veut céder Agalega à l’Inde. La crainte que les habitants connaissent le même sort que ceux des Chagos est forte dans l’île.
Ce manque d’information et de concertation est décrié par le père Jacques Henri David. Le prêtre, qui compte partir dans l’île bientôt, regrette aussi le flou total qui prévaut. «Ces informations sont à prendre au sérieux, d’autant que les Agaléens ne sont pas encore propriétaires de leurs maisons et de leurs terres. Il y a tellement de secrets.» Le père Jacques Henri David ne croit pourtant pas à un «Chagos bis» : «Les Mauriciens sont beaucoup plus éveillés maintenant.»
Alors que le Bureau du Premier ministre se veut rassurant, les travaux dans l’île devraient s’accélérer dans les semaines, voire les mois, qui viennent. La centaine d’ouvriers indiens ont débarqué à Agalega à la fin de décembre dans le cadre du démarrage des travaux et devraient obtenir du renfort bientôt.
D’autres indiens
Environ 1 500 Indiens pourraient arriver d’ici l’année prochaine. Il est prévu que les travaux démarrent officiellement le 12 février pour la piste d’atterrissage, le plus grand chantier que l’archipel ait connu. Elle sera de 3 000 mètres de long.
A noter que c’est motus et bouche cousue du côté de la firme Afcons. Pas de commentaire non plus au niveau du haut-commissariat de l’Inde à Maurice, qui a accueilli hier Tanmaya Lal, le nouveau haut-commissaire. Succédant à Abhay Thakur, il a présenté ses lettres de créance au président de la République par intérim, Barlen Vyapoory.
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