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Organisation du hadj: un rapport des Finances épingle le Centre culturel islamique

21 janvier 2019, 21:00

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Organisation du hadj: un rapport des Finances épingle le Centre culturel islamique

C’est un carton rouge donné aux organisateurs du hadj. Mauvaise gestion, maldonne, favoritisme, incompétence, manque de transparence… Les reproches contre l’ICC sont multiples. Et inquiétantes.

Accablant. C’est le premier constat qui émerge après la lecture d’un rapport du ministère des Finances sur l’Islamic Cultural Center (ICC). Signé de la Principal Internal Control Officer du ministère, ce rapport recommande, entre autres, que l’organisation du hadj soit transmise à une autre institution. Cela, dans l’intérêt des pèlerins et pour mieux organiser ainsi que coordonner les activités liées au pèlerinage sacré, le cinquième pilier de l’islam. L’exercice a été mené entre novembre 2017 et février 2018 et le rapport, publié le 30 mars 2018, couvre la période janvier 2016 à février 2018. Cependant, ce n’est que quelques jours de cela qu’il est sorti de l’ombre.

Ce qui est reproché à l’ICC ? En gros, une gestion amateur de l’organisation du hadj et des zones d’ombres sur des procédures y relatives. Par exemple, de 2013 à 2017, des dépenses additionnelles ont été encourues, bien au-delà du subside reçu pour le hadj. En 2016 et 2017, l’approbation du board de l’ICC et du ministère des Arts et de la culture n’a pas été recherchée en vue de ces dépenses. En février 2018, la somme de Rs 358 620 avait déjà été réallouée pour la «pre-Hadj mission » de la même année.

 Pendant l’année financière 2016-2017, le ministère des Arts et de la culture avait alloué Rs 1 345 000 pour l’organisation du hadj. Or, le 11 août 2016, le board de l’ICC devait approuver une somme de Rs 1 395 296 pour le «hadj mission». Aucune provision n’avait été faite en vue de la «pre-hadj mission» qui devait être exécutée au courant de l’année financière.

Au total, un montant de Rs 1 848 624,79 avait été dépensé pour le hadj cette année-là, soit Rs 503 624,79 (37 %) de plus que le grant déboursé par le ministère. Sans compter le paiement de Rs 52 432 en guise de frais téléphoniques pour le roaming d’un ex-membre de la «hadj mission». Des paiements excessifs jugés «non-autorisés» étant donné que ni le board de l’ICC ni le ministère des Arts et de la culture n’avaient donné leur aval.

Absence de certification

Hadj 2017. Dans une lettre adressée au ministère, l’ICC indique que Rs 1 369 129,36 avaient été dépensées à Maurice et en Arabie saoudite pour le pèlerinage. Cependant, ce chiffre ne comprend pas toutes les dépenses et des factures totalisant la somme de Rs 125 155,80 demeurent introuvables. D’autres factures, en arabe, représentant un montant de Rs 404 544, n’ont pu être auditées en l’absence de certification.

Au lieu du département des finances, c’est le hadj officer, employé par l’ICC, qui détient des factures liées à des dépenses encourues en Arabie saoudite, totalisant Rs 763 978. Huit chèques, d’un montant de Rs 4 750 000, ont aussi été retrouvés en sa possession. Trois d’entre eux, d’une valeur de Rs 1 750 000, étaient invalides car il manquait la seconde signature, celle d’une personne autorisée. L’un d’eux n’était même pas daté.

Poursuivant, le rapport note d’autres éléments troublants. Selon les procédures, toute personne qui souhaite accomplir le pèlerinage doit remplir un formulaire d’enregistrement qui sera numéroté manuellement, en série, et rangé dans un dossier. Une copie du document et le numéro de série sont alors remis au demandeur. Les données sur le formulaire sont, elles, enregistrées dans un système informatique et figurent aussi dans le «hadj register».

Sauf que le rapport du ministère des Finances a révélé que ce registre n’était pas mis à jour et que le système informatique était peu fiable. En effet, des 19 803 demandes reçues à la fin de décembre 2017, 11 700 entrées avaient été faites sur ordinateur alors que le registre affichait 8 637 entrées. Du coup, «lorsqu’on ne procède pas à la mise à jour du registre quand il y a une nouvelle demande, il y a le risque que le principe du premier venu, premier servi ne soit pas respecté», souligne le rapport.

Formulaires éparpillés

Autre constat : des formulaires d’inscription se retrouvaient éparpillés, au lieu d’être regroupés dans le fichier indiqué. Dans certains cas, aucun numéro d’enregistrement n’a été remis au demandeur et la date de la demande d’inscription n’était même pas mentionnée dans le formulaire. Aucun document n’a été retrouvé dans le dossier contenant les formulaires d’inscription qui aurait un lien direct avec la crédibilité du numéro remis à un demandeur.

Par ailleurs, il est possible que le numéro donné à un pèlerin potentiel soit modifié sans justification, créant ainsi un risque de «malingering» avec la liste des pèlerins enregistrés. Il n’y a aussi pas d’évidence ou enregistrement des lettres envoyées aux pèlerins pour les informer de leur sélection pour accomplir le hadj. Ce qui fait qu’on ne peut vérifier si des pèlerins éligibles ont été sélectionnés et invités à confirmer leur participation. En fait, le rapport fait remarquer qu’il n’y a aucun monitoring du processus à partir du moment que l’enregistrement se fait jusqu’au départ des pèlerins.

Toujours concernant le registre du hadj, dans certains cas, le nom du mahram (NdlR, un homme qui accompagne une femme lors du hadj ou de l’Oumrah. Il s’agit de l’époux ou d’un proche de sexe masculin qui ne peut épouser la femme selon la loi islamique) ne figure pas parmi les détails fournis par le demandeur. Il y a donc le risque que des pèlerins non-enregistrés en tant que mahram soit favorisés en tant que mahram.

 Quant au système informatisé, un test a permis de constater que celui-ci n’est pas protégé. Il n’y a pas de mot de passe pour sauvegarder la base de données. Ainsi, des données peuvent être effacées ou modifiées, sans laisser de traces.

 

Opérateurs choisis sans évaluation

<p style="text-align: justify;">En 2016, 12 opérateurs ont reçu un permis en tant que <em>&laquo;pilgrimage operator&raquo;.</em> Toutefois, aucun enregistrement n&rsquo;a été trouvé sur l&rsquo;évaluation qui a été faite pour leur sélection. Il n&rsquo;a donc pas été possible de déterminer si l&rsquo;exercice de sélection s&rsquo;est fait de manière équitable et juste. Et pour 2017, il n&rsquo;y a pas eu d&rsquo;évaluation. Les opérateurs ont été choisis uniquement en s&rsquo;appuyant sur le fait qu&rsquo;on leur &laquo;<em>avait demandé de soumettre leurs packages respectifs au plus tard le 21 avril 2017, à la lumière de quoi les permis provisoires allaient leur être octroyés.&raquo;</em></p>