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Précarité: la famille Laroulette habite dans un van depuis un an

27 janvier 2019, 18:06

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Précarité: la famille Laroulette habite dans un van depuis un an

C’est dans un van, au milieu d’un terrain en friche où gisent des bouteilles cassées, toutes sortes de babioles et de vieux jouets, qu’habite la famille Laroulette. Une triste réalité qui dure depuis bientôt un an déjà. Des appels à l’aide, ils en ont lancés. Les démarches, ils en ont enchaînées. Mais la vie ne cesse de leur jouer des tours. Elle ne cesse de les décevoir et de les mettre à l’épreuve...

Leur calvaire a débuté en février 2018. Assis sur un vieux matelas, balancé à côté du van qui leur sert de maison, Bilal Laroulette se confie. «Quand j’étais jeune, j’ai fait des erreurs. J’ai eu de mauvaises fréquentations et j’ai commis des délits qui m’ont conduit en prison», avoue cet homme de 41 ans. Il pensait avoir «payé pour ses fautes», que la prison – il a été libéré il y a 11 ans – a été une «punition» suffisante, mais non...

Son épouse Deema et lui louaient une maison à Terre-Rouge depuis cinq mois. Mais le propriétaire, ayant eu vent du passé tumultueux de Bilal, leur demande de partir. Malgré le fait que le couple s’est déjà acquitté de plusieurs mois de loyer en avance. Bien des ennuis et des discussions plus tard, et afin d’éviter que les choses s’enveniment, Bilal quitte la maison avec sa femme, sa fille et son fils âgés de sept et cinq ans respectivement, en laissant toutes leurs affaires sur place. Ils passent alors la nuit dans leur van.

Mais un malheur n’arrive jamais seul, dit-on. «Quand nous sommes allés dans la maison que nous louions pour récupérer nos affaires, on a découvert qu’on y avait mis le feu.»

«Baign bann zanfan lor filling»

Désespérés, en colère, les Laroulette se retrouvent à devoir recommencer leur vie à zéro. «Parce que mon certificat de moralité n’est pas clean, j’ai du mal à trouver un boulot stable. Je gagne de l’argent en ramassant et en revendant de la ferraille», avance ce père de famille. Leurs proches leur ont tourné le dos depuis longtemps, puisque Bilal et Deema, qui sont de religions différentes, se sont unis malgré les remontrances.

Les enfants, eux, ne vont pas à l’école. «Comment voulez-vous que j’envoie mes enfants à l’école ? Ils n’ont même pas une table pour faire leurs devoirs. Nous n’avons pas de cuisine pour préparer un repas les matins ou encore un endroit propre pour garder leurs affaires», déplore Bilal.

«Ce n’est pas facile de vivre ainsi, dans la rue, dans un van…» renchérit Deema. Les jours se suivent et se ressemblent. Au quotidien, Deema et Bilal vont ramasser de la ferraille dans un autre van que leur a gentiment prêté un ami de l’époux. Avec l’argent qu’ils gagnent, ils s’achètent de la nourriture. «Kan nou fini travay, nou al baign bann zanfan lor filling ek ranpli délo pou ki nou nou baigné dan touf plitar…»

Regards accusateurs, commentaires désobligeants, gens mal intentionnés, tout cela, ils connaissent… Le plus dur, c’est d’entendre les enfants demander «kan [nou] pou al lékol [nou]…» Deema avoue qu’au début, elle ne cessait de rejeter la faute sur son mari. «Je l’insultais, je le tenais responsable de tous nos malheurs. Mais ensuite, j’ai réfléchi, je me suis dit qu’il avait déjà payé sa dette envers la société. Il a changé, c’est un père aimant et un mari qui assume ses responsabilités, qui suis-je pour le juger ?»

Ils ont essayé de frapper à plusieurs portes. Toutefois, pour avoir une maison, ils doivent alimenter leur compte PEL. Comment trouver Rs 60 000 alors qu’ils peinent à trouver Rs 600 pour manger ?

La Child Development Unit s’est également penchée sur leur cas. Heureusement, les officiers se sont montrés compréhensifs et n’ont pas séparé les enfants… Des associations caritatives aussi sont venues à leur rencontre. Elles leur ont proposé un endroit pour vivre, mais séparément. Alors, Bilal et Deema ont refusé. «Nous sommes attachés l’un à l’autre. Nous sommes peut-être sans-abri et pauvres, mais nous sommes et resterons une famille unis. Nous n’accepterons pas d’être séparés…»