Publicité
Taux de natalité en baisse: Maurice veut davantage de bébés
Par
Partager cet article
Taux de natalité en baisse: Maurice veut davantage de bébés
La Family Planning travaille avec le Prashanth Hospital, à Chennai, à l’intention des patients qui ont des difficultés à concevoir. Des représentants de cet hôpital devraient débarquer dans les jours à venir pour mettre en place le programme.
Le taux de natalité doit passer de 1,4 à 2,1 dans les prochaines années. Sinon, selon des économistes, la population mauricienne ne pourra soutenir son économie d’ici 2050. Depuis quelques années donc, la Mauritius Family Planning and Welfare Association (MFPWA) s’est engagée dans le «réajustement» de son programme de contrôle de naissance. Alors que dans les années 60 elle menait une campagne de terrain pour encourager les femmes à prendre la pilule contraceptive, cette année, elle s’est lancée dans un autre combat. Il s’agit d’aider les couples en difficulté à concevoir.
«Nous avons, depuis quelques années, lancé une campagne pour sensibiliser la population aux enjeux d’un taux de natalité trop bas. Mais récemment, nous nous sommes engagés dans une mission pour accompagner les femmes qui ont des difficultés à concevoir», affirme Vidya Charan, directrice de la MFPWA. Dans les grandes lignes, l’association offre des services de médecins spécialistes à des tarifs «abordables», bien inférieurs à ceux affichés par les cliniques locales.
En d’autres termes, les couples concernés peuvent se tourner vers l’association. «Nous faisons appel à des médecins du privé qui offrent des consultations à tarifs réduits. Il ne faut pas oublier que l’association a essentiellement un but social», soutient la directrice.
Elle ajoute que l’organisme travaille aussi avec le Prashanth Hospital, à Chennai, pour que les patients qui ne peuvent être encadrés à Maurice puissent recevoir l’aide d’une institution spécialisée à des coûts réduits. Des représentants de cet hôpital sont attendus à Maurice dans les jours qui viennent pour mettre en place le programme.
Bombe à retardement
Cependant Vidya Charan le concède : la bataille contre l’infertilité n’est qu’un aspect de la campagne pour faire monter le taux de natalité. Il faut encore encourager les couples qui n’ont aucune difficulté à concevoir et qui peuvent subvenir aux besoins de plusieurs enfants d’en faire justement.
En 2017, dans un précédent article de l’express, la Chambre de commerce et d’industrie avait fait ressortir que Maurice était exposé à une bombe à retardement. Avec le taux de natalité en chute, les effets d’une population vieillissante devraient se faire sentir dès 2030. Les Nations unies avaient, elles, souligné que la population active passerait de 600 000 personnes à 450 000 en 2050 et à 300 000 en 2100.
Parmi les autres mesures envisagées par la MFPWA et présentées lors des différentes consultations avec le gouvernement, il y a eu le flexitime. Mesure devant aider les parents qui travaillent à mieux s’organiser pour avoir le temps de s’occuper de leurs enfants.
En Chine, des chercheurs sont en train de réfléchir à des mesures pour inverser les effets de la politique de l’enfant unique instituée de 1979 à 2015. Une des idées qui ont émergé jusqu’ici est d’imposer une taxe aux adultes de moins de 40 ans jusqu’à ce qu’ils aient deux enfants. «Cet impôt, prélevé directement sur le salaire, viendrait alimenter un fonds de soutien à la maternité », indique le magazine Le Point, en reprenant les informations du Xinhua Daily, journal du Parti communiste chinois au pouvoir dans la province du Jiangsu.
Le magazine indique qu’à la naissance du second bébé, la personne pourrait demander le remboursement des sommes qu’elle a versées au fonds. Pour ceux qui n’auraient qu’un enfant ou qui n’en auraient aucun, ils pourraient récupérer le montant cotisé à la retraite.
À Maurice, nous ne sommes pas encore à ce stade de la réflexion. Lors des consultations, plusieurs idées ont émergé, comme la baisse des prix des produits de première nécessité pour le nourrisson, la révision des lois du travail pour permettre à plus de couples d’envisager d’avoir des enfants, la création de crèches pour faciliter la garde des petits… Mais pour la MFPWA, la priorité est que les Mauriciens misent sur les valeurs familiales au lieu d’être encouragés par une quelconque motivation monétaire.
En 1976, Poonowtee prend sa première pilule contraceptive
<p style="text-align: justify;">Poonowtee Gungadurdoss se souvient de ses 18 ans. Elle tenait son premier fils dans les bras lorsque l’infirmière du quartier est venue lui rendre visite. C’était en 1976. À l’époque, c’était la coutume pour les infirmières de rendre visite aux mères de leur localité qui venaient d’accoucher grâce aux sages-femmes. «Elle m’avait dit qu’il existait la pilule qui empêcherait de tomber enceinte lorsqu’on ne le voulait pas. Après la naissance de mon premier enfant, je ne voulais pas prendre le risque de tomber enceinte tout de suite. J’ai alors opté pour la prise de pilule», raconte Poonowtee Gungadurdoss, aujourd’hui mère de quatre enfants et également grand-mère. Âgée de 60 ans, elle se souvient encore de ses nombreuses réunions au centre social de Case-Noyale.</p>
<p style="text-align: justify;">À l’époque, avec ses jeunes amies mariées, elle se rendait chaque mois au centre social pour prendre de nouvelles pilules qui étaient offertes gratuitement. «C’était aussi l’occasion pour nous de poser des questions. Je me rappelle que je ne me sentais pas très bien lorsque je prenais ces pilules. Mais on m’avait expliqué que c’était normal. Donc, j’avais continué pour deux ans environ avant d’arrêter», confie-t-elle.</p>
<p style="text-align: justify;">Poonowtee Gungadurdoss se souvient qu’à un moment, toutes les femmes de son entourage étaient sur la prise de pilules contraceptives. Les préservatifs étaient aussi disponibles, mais ils étaient moins populaires. La méthode consistant à prendre la température et à favoriser l’abstinence préconisée par l’Action familiale était également connue. Mais Poonowtee Gungadurdoss avait opté pour la pilule, encouragée par la MFPWA.</p>
Monique Dinan : «Les conditions dans lesquelles les enfants naissent sont aussi importantes»
<p style="text-align: justify;">Il ne suffit pas de faire plus d’enfants. Il faut aussi s’assurer qu’ils vont grandir dans un environnement sain et au sein d’une famille unie. C’est le point que fait ressortir Monique Dinan, fondatrice et directrice du Mouvement d’aide à la maternité. Son association a pour but d’accompagner les mères, qu’elles soient adolescentes ou adultes, dans leur cheminement de parent. Sollicitée, elle affirme que l’encadrement familial sain est une des conditions à respecter pour ne pas avoir des enfants à problèmes qui causeront par la suite plus de tort à la société.</p>
<p style="text-align: justify;"><em>«Il faut travailler avec les adolescents dès maintenant pour qu’ils soient responsables, qu’ils aient une croissance saine avec de bons principes qui leur permettront d’étudier, d’avoir un travail stable et de fonder une famille où le couple continuera à s’aimer»</em>, souligne Monique Dinan.</p>
<p style="text-align: justify;">Si elle rejoint Vidya Charan sur les incitations gouvernementales telles que les crèches ou les logements plus grands, la directrice du Mouvement d’aide à la maternité estime que dans les hôpitaux, la naissance des enfants devrait être une action plus chaleureuse. <em>«La maman devrait se sentir mieux entourée dans les hôpitaux. Il faut plus de chaleur humaine…» </em>De petits gestes qui peuvent contribuer à encourager les femmes à procréer.</p>
Publicité
Les plus récents