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Musée de l’esclavage: blâmer l’Unesco, c’est de la «lâcheté»
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Musée de l’esclavage: blâmer l’Unesco, c’est de la «lâcheté»
La petite phrase du Premier ministre n’est pas tombée dans l’oreille d’un sourd. Le 1er-Février, lors des commémorations des 184 ans de l’Abolition de l’esclavage, Pravind Jugnauth déclare, à propos du musée de l’esclavage: «Le projet a pris du retard à la suite des recommandations de deux experts de l’Unesco.»
Ce que dénonce Vijaya Teelock, présidente du comité scientifique de «La route de l’esclave», projet de l’Unesco. Sur Facebook, elle a traité cette «excuse» de «lâcheté». Sollicitée, elle confirme avoir été «choquée» par cette déclaration. «Je ne blâme pas le Premier ministre, mais ceux qui ont écrit ce discours pour lui. Il a été mal informé.»
Supposant que cela viendrait du ministère des Arts et de la culture, l’historienne y voit une tentative pour «cacher qu’ils n’ont rien fait depuis 2015». Elle souligne que les deux experts de l’Unesco mis en cause – George Abungu et Nicholas Clark – ne sont venus à Maurice, à la demande des autorités, dans le cadre du projet Metro Express, qu’en mai 2018. Longtemps après le démarrage du projet de musée. Leur avis a été sollicité parce que l’ex-hôpital militaire qui doit abriter le musée de l’esclavage se situe dans la zone tampon du patrimoine mondial qu’est l’Aapravasi Ghat. Une zone sensible où se trouvera également l’Immigration Square Urban Terminal.
Les experts de l’Unesco ont recommandé que des fouilles archéologiques et des recherches archivistiques plus poussées soient réalisées pour l’ex-hôpital militaire. Le ministère des Arts et de la culture a alors mis sur pied un comité technique. Pourtant, le contrat pour une étude de faisabilité a déjà été accordé à la société Steget, en partenariat avec Francis Wong Associates.
«Aucun intérêt du ministère»
Le projet de musée de l’esclavage remonte à 2011, année où la Commission Justice et Vérité (avec Vijaya Teelock comme vice-présidente) soumet son rapport. En 2015, un comité pour appliquer le rapport voit le jour. Il est présidé par Xavier-Luc Duval, alors ministre du Tourisme. «Il y a eu des réunions presque toutes les deux semaines». Mais «le musée est resté sous le tapis». «Il n’y avait aucun intérêt du ministère des Arts et de la culture à l’époque.»
Vijaya Teelock dit avoir «informé l’Unesco» de la déclaration du Premier ministre, notamment l’expert George Abungu. «Ils sont un peu surpris.»
Pourquoi ne pas rééditer le modèle de L’Aapravasi Ghat ?
<p style="text-align: justify;">Comment concrétiser le musée de l’esclavage ? Selon l’historienne, il faut une institution <em>«plus ou moins autonome»</em> pour le gérer. Ou en donner la responsabilité au centre Nelson Mandela. Des détracteurs soulignent que ce centre, avec ses cinq employés, n’est pas en mesure de gérer pareil projet. Vijaya Teelock, qui a été présidente de l’Aapravasi Ghat Trust Fund, lance : «<em>C’était la même chose quand nous avons commencé à l’Aapravasi Ghat. Il n’y avait que les membres du ‘board’ et moi.»</em> Petite mise en garde contre la tentation de sous-contracter tous les aspects du projet. <em>«Les entrepreneurs ne sont pas des experts en conservation du patrimoine. Ils peuvent berner les cadres administratifs qui ne sont pas des spécialistes de la question.»</em> D’où la nécessité d’une équipe dédiée.</p>
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