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Limons rodriguais: «Il y avait d’autres solutions au lieu d’un embargo»
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Limons rodriguais: «Il y avait d’autres solutions au lieu d’un embargo»
Louis Ange Perrine est un ancien commissaire de l’Agriculture de Rodrigues. Il donne son avis sur l’embargo qui a actuellement cours sur les produits rodriguais en raison de la chenille légionnaire.
L’interdiction d’exporter les produits agricoles de Rodrigues à Maurice est-elle exagérée ?
La chenille légionnaire est un insecte nuisible qui attaque les céréales comme le maïs, des légumes tout comme les potagers. Elle est très nuisible étant donné qu’elle se propage très vite et est difficile à éradiquer. Elle a été détectée pour la première fois sur le continent africain en 2016. N’empêche, j’estime que la décision du ministère est irrationnelle. Il y avait d’autres solutions au lieu d’un embargo. Il aurait pu prendre en considération l’évolution biologique de la chenille.
Je m’explique. Les œufs de l’insecte sont entreposés sur la plante. Il leur faut deux à trois jours pour atteindre l’étape de larve. Donc, on aurait pu stocker les limons dans des conditions requises pendant quelques jours le temps que les œufs se transforment en larve pour ensuite traiter les fruits avec des produits bio. Je fais donc un appel au gouvernement pour revoir cette décision, d’autant que les agriculteurs ont été durement touchés par les deux cyclones cette année.
Il n’est pas sûr que ce système de quarantaine fonctionne…
D’abord, les œufs sont déposés sur les feuilles des citronniers, mais pas sur les fruits. Donc, il est peu probable qu’ils soient présents sur les limons. Pour être plus sûr, il faut suivre ce protocole. Les larves vivent mieux en température ambiante. Si les limons sont stockés en chambre froide, les larves, s’il y en a, mourront. Par la suite, on peut traiter les fruits avec des insecticides bio pour être sûr.
Quand le Mouvement rodriguais était au gouvernement, nous avons pris des mesures pour relancer l’agriculture. Il y avait trois consultants de l'Union européenne pour l’alimentation et l’agriculture qui étaient à Rodrigues pour nous aider à mettre sur pied les infrastructures et un système de prévention contre les parasites.
Il y avait le village de limons, de maïs et de haricots. Il y avait un système de communication pour prévenir les planteurs contre tout risque. Ces derniers tenaient régulièrement des réunions pour prévenir leurs collègues dès qu’une maladie attaquait une plantation. Désormais, ils doivent attendre 15 jours pour qu’un fonctionnaire visite leur champ. Il y avait également un projet pour la construction de trois mini-laboratoires. Le nouveau gouvernement n’a rien fait. Ce n’est que le mois dernier qu’il y a eu un exercice d’appel d’offres pour l’achat de ces équipements.
Que faut-il faire donc pour relancer ce secteur ?
Les experts ont recommandé la création de cinq «cuisines communautaires», respectant les normes de propretés, afin de transformer l’excès de limons sur le marché en achard ou produits dérivés. Avec l’aide du Fonds des Nations unies pour le développement, il y a eu une première «cuisine communautaire» à Maréchal, Le limon d’or, pour le traitement des agrumes justement. Malheureusement, avec le changement du gouvernement, il n’y a pas eu d’autre.
Avec cet embargo, ces «cuisines communautaires» auraient pu transformer tous les limons pour l’exportation. Le nouveau régime a mis la cuisine communautaire de Maréchal sous la responsabilité d’une coopérative qui fonctionne à temps partiel alors que les autres n’ont pas été ouvertes.
Comment voyez-vous l’évolution du secteur de l’agriculture à Rodrigues ?
L’avenir de ce secteur réside dans la transformation de nos produits pour l’exportation. Avec l’attaque de cette chenille, il faudra donc songer à cette éventualité.
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