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L’agriculture et les industries d’exportation n’attirent plus les jeunes

30 avril 2019, 17:02

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L’agriculture et les industries d’exportation n’attirent plus les jeunes

La Banque mondiale est catégorique : la jeunesse mauricienne connaît un taux de chômage supérieur à la moyenne. Elle avance deux raisons : la réticence des travailleurs peu qualifiés à accepter des emplois dans certains secteurs économiques et les difficultés des employeurs à trouver des profils présentant des compétences techniques.

De moins en moins de jeunes choisissent l’agriculture et les industries d’exportation. En effet, d’après le rapport de la Banque mondiale (BM) intitulé «Mauritius: Earnings Mobility and Inequality of Opportunity in the Labor Market», rendu public le 24 avril, ces deux secteurs n’attirent plus la jeunesse mauricienne.

Les raisons ? Les conditions de travail et le statut social qui y est associé. Mais aussi l’incapacité des opérateurs économiques à présenter des profils dont les compétences techniques correspondent à ceux de jeunes qui sont recherchés. Un signe – selon l’auteur du rapport, Marco Ranzani, économiste à la BM – que le système éducatif n’est pas adapté aux attentes du marché ou encore que les jeunes sont moins susceptibles de s’engager dans ces filières.

Face au chômage des jeunes, Maurice peut actionner, selon le rapport, deux leviers. Afin, d’une part, d’améliorer les liens entre les systèmes d’éducation et de formation et le marché du travail pour qu’ils puissent acquérir les compétences nécessaires pour les emplois d’aujourd’hui et de demain. Et, d’autre part, de réunir les différents programmes d’emploi et les associer étroitement aux poli- tiques d’éducation comme aux attentes des employeurs. Ce qui permettra d’avoir une stratégie globale intégrant formation continue, formations traditionnelles de courte durée, apprentissage tout au long de la vie et services de placement et d’orientation.

L’étude de la BM analyse également en profondeur l’étendue et la nature de la mobilité des revenus et de l’inégalité des chances sur le marché du travail mauricien. Et ce, afin de vérifier si les travailleurs mauriciens peu rémunérés finissent par rattraper le niveau de salaires de ceux qui sont relativement bien payés et d’identifier les facteurs personnels susceptibles de contribuer à la mobilité des revenus. Le bureau local de l’institution bancaire tente également de définir dans quelle mesure le contexte familial à la naissance influe sur l’aptitude d’un individu à accéder à certains types d’emplois de qualité.

Aggravation des inégalités

Le rattrapage n’est pas aussi rapide pour les femmes et les travailleurs peu instruits. D’une manière générale, les femmes bénéficient d’une moindre mobilité salariale que les hommes. C’est aussi le cas pour les travailleurs peu instruits par rapport aux travailleurs ayant un bon niveau d’éducation. Ainsi, ceux qui ont fait des études post secondaires ou supérieures connaissent une plus forte évolution de salaire sur une période de 16 mois comparativement aux travailleurs ayant arrêté leur scolarité après le primaire.

Par ailleurs, la convergence des hausses salariales ne suffit pas à réduire les inégalités. Car l’aggravation des inégalités observée ces dix dernières années suggère que les salaires au bas de l’échelle ont moins augmenté que les salaires situés dans le haut de la distribution. Dans le même temps, le suivi des travailleurs sur une période de 16 mois montre que ceux opérant au bas niveau de la hiérarchie ont connu une plus forte hausse de salaire que ceux qui se trouvaient au départ dans le haut de la distribution.

Pour bien comprendre ce qui différencie ces deux résultats, il ne faut pas oublier que la position des travailleurs à différents niveaux de la distribution des revenus évolue avec le temps, à mesure qu’ils progressent dans l’échelle des salaires. Les travailleurs qui se situaient au départ dans le bas de la distribution ne sont pas les mêmes que ceux qui s’y trouvent 16 mois plus tard, parce qu’ils ont vu leurs salaires augmenter légèrement. L’inverse est vrai pour les travailleurs qui se trouvaient au départ dans le haut de la distribution. On voit par-là que les inégalités, qui mesurent l’écart entre les salaires du bas et du haut de la distribution, se creusent probablement tandis que les individus qui ont démarré avec les salaires les plus faibles bénéficient d’une hausse supérieure à celle des travailleurs les mieux payés au départ.

La BM ajoute dans son rapport que si rien n’est fait pour réduire les écarts entre les sexes sur le marché du travail, le rendement des investissements dans le capital humain des femmes continuera à baisser. Du coup, un pays comme Maurice, confronté à un vieillissement rapide de sa population et qui n’a pas atteint tout son potentiel productif, doit permettre à tous les citoyens, femmes et jeunes compris, d’exprimer pleinement leurs capacités.