Ceux qui prennent la route côtière de Mahébourg ont dû s’apercevoir que les mangroves luttent contre les déchets pour pousser. Cela fait environ deux ans et demi que Diane Desmarais a fait enregistrer des plaintes se rapportant au dépotoir sauvage situé sur cette route.

Diane Desmarais, porte-parole du collectif EcoGuard, a pris la pleine mesure de l’incivisme des gens jetant leurs ordures à la mer lorsqu’elle aidait une organisation non gouvernementale (ONG) à mettre en place un projet social de barachois pour les pêcheurs avec les ministères concernés. Elle dit avoir fait enlever une tonne et demie de déchets des mangroves et ce, à deux reprises afin de préserver l’aspect économie social et environnemental du pays.

«Pour le projet, nous devions avoir trois permis, du ministère de l’Agro-industrie, du ministère de la Pêche et du ministère du Logement et des terres. Malheureusement, on n’a pas reçu de permis de ce dernier ministère. Le bruit qui court est que des gens jettent des déchets à cet endroit afin de bloquer le projet.»

Elle précise avoir adressé des lettres à la police de l’Environnement, aux ministères de l’Agro-industrie et à celui de la Pêche, ainsi qu’à la Citizen Support Unit. Les officiers de la police de l’Environnement et des ministères susmentionnés ont répondu qu’un rapport serait rédigé mais du côté de la Citizen Support Unit, Diane Desmarais affirme n’avoir pas eu de réponse.

Nirmal Domah, le président du conseil de district de Grand-Port, dit être au courant du dépotoir. Il ajoute que l’année dernière, un ONG a même prêté main-forte pour le nettoyage du coin.

«Comme il y a des métaux, ainsi que des débris de construction, il faudra lancer des appels d’offres pour les faire enlever, ce qui prendra environ deux semaines. Il faudrait un contracteur et un camion pour se débarrasser de ces débris», explique-t-il. Il faudrait aussi savoir où jeter ces déchets.

«Quand on voit des actes d’incivisme de ce genre, il faut porter plainte à la police de l’Environnement parce qu’on ne peut pas se permettre de jeter des ordures pareilles. Je pense que les habitants ont dû voir qui a fait cela», s’indigne Nirmal Domah.

L’inspecteur Amasay de la police de l’Environnement affirme que les plaintes déposées dans le passé ont été traitées car des actions ont été prises par l’équipe du Sud avec la collaboration du conseil de district de Grand-Port. Il souligne que s’il y en a d’autres, l’équipe va se mobiliser et l’enquête va être lancée mais que «nous n’avons pas reçu de nouvelles plaintes récemment à ce sujet», déclare-t-il.

Le constable Bachoo de la région Sud explique qu’un cas concernant des débris de construction a été rapporté dans le passé et qu’il a ensuite été référé au conseil district de Grand-Port pour que les déchets soient enlevés. Quand un cas est rapporté, dit-il, c’est de leur devoir de mener une enquête.

«Si on ne sait pas qui en est l’auteur, on enlève les déchets malgré tout. Au cas contraire, c’est l’auteur qui doit les enlever et il aura à payer une amende variant entre Rs 5 000 et Rs 50 000, dépendant du volume de saleté et du lieu qui a fait l’objet d’acte de pollution.»

<p style="text-align: justify;">Sameer Kaudeer de Reef Conservation soutient que les palétuviers ou mangroves ont une importance écologique. Ces plantes ont trois fonctions majeures. <em>&laquo;En premier lieu, elles servent de nursery aux poissons, surtout aux juvéniles. Et s&rsquo;il n&rsquo;y a pas de nursery que feront-ils ?&raquo;</em> Il ajoute qu&rsquo;il faut aussi savoir que Mahébourg se trouve au bas d&rsquo;une région montagneuse, ce qui signifie que lors de grosses averses, la terre en amont est lessivée et les mangroves bloquent ces sédiments. <em>&laquo;Si la terre rentre dans le lagon, elle peut affecter les coraux, ainsi que les herbes marines. La destruction des mangroves peut avoir un impact sur la vie marine</em>&raquo;, souligne-t-il. En dernier lieu, les palétuviers agissent comme un bouclier et protègent la zone côtière lors de calamités naturelles comme un cyclone ou un raz de marée.</p>