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Publication du rapport du PRB: après les seniors, les fonctionnaires dans le viseur du gouvernement
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Publication du rapport du PRB: après les seniors, les fonctionnaires dans le viseur du gouvernement
Comme en décembre 2014, avec la promesse électorale de l’augmentation de la pension universelle, ciblant surtout les seniors, l’alliance gouvernementale compte-t-elle refaire le même coup politique auprès des fonctionnaires cette fois ? Après ce 1er-Mai fortement politique, la question reste posée. Le 23 avril, au Parlement, le Premier ministre, Pravind Jugnauth, en réponse à une question du député mauve Aadil Ameer Meea, a rappelé que la demande syndicale pour publier le rapport salarial du Pay Research Bureau (PRB) en janvier prochain, soit 10 mois avant son échéance d’octobre 2020, était à l’étude. Le gouvernement joue gros car, à la clé, il y a un bassin électoral de plus 100 000 votants que la majorité souhaite caresser dans le sens du poil… Mais gare à l’impact financier.
Volonté de rattrapage salarial dans la fonction publique ou considération électoraliste ? Observateurs politiques et spécialistes économiques sont catégoriques : à l’approche d’une échéance électorale, il y a toujours des tentatives de mettre la pression sur le gouvernement, en faisant monter les enchères. C’est le cas de cette démarche syndicale concernant le PRB et de la réponse gouvernementale, qui, selon l’économiste Éric Ng, peut être perçue comme une mesure électoraliste.
Mais ce qui choque l’économiste, c’est le non-respect des règles du jeu, ce qui peut constituer un mauvais signal pour les opérateurs économiques. Selon Éric Ng, après la publication du dernier rapport du PRB en 2016, il était entendu que le suivant serait rendu public dans cinq ans, c’est-à-dire en 2021. Or, il note que l’actuel gouvernement ne joint pas l'acte à la parole et s’interroge sur le fait que «des syndicalistes politisent à ce point la date de la mise en pratique des recommandations du PRB». L’économiste ajoute «qu’ils font exactement ce qu’ils reprochent au secteur privé, soit faire du lobbying politique dans une tentative d’influencer les résultats des élections générales».
Rattrapage salarial
Pour le moment, on ne connaît pas la teneur des recommandations salariales du PRB. Et ce en l’absence, pour le moment, du pourcentage d’augmentation d’une vingtaine de catégories salariales. Cependant, selon des personnes proches du dossier, c’est un montant de plus Rs 3,6 milliards qui serait déboursé, afin de permettre le rattrapage salarial pour quelque 104 000 préposés qui comprennent notamment des fonctionnaires, des employés de corps parapublics et de collectivités locales.
«La mise en pratique des recommandations du PRB, qui comprend au final trois increments à être payés à partir de janvier 2020, aura certainement un coût financier pour l’économie. Car cela représente une masse financière considérable», affirme Pradeep Dursun, Chief Operating Officer de Business Mauritius. Éric Ng ajoute à cet effet que si le coût du PRB est intégré au Budget 2019-2020, le déficit budgétaire sera appelé à prendre l’ascenseur, lequel, selon les estimations, devrait tourner autour de 3,2 % du PIB (ou Rs 16,3 milliards) pour l’année fiscale se terminant au 30 juin 2019. À moins, dit-il, que les charges fiscales des entreprises et des individus soient allégées.
Certes, il n’y a pas que le déficit budgétaire qui pourrait croître. L’économiste Azad Jeetun affirme, lui, que l’injection de plus de 3,6 milliards, voire de Rs 4 milliards, dans le circuit économique entraînerait mécaniquement une augmentation de la dette publique déjà sous pression, selon des institutions financières étrangères, dont le Fonds monétaire international (FMI). Idem pour le taux d’inflation, qui est actuellement sous contrôle à 1,4 % à la fin de mars 2019.
«À 63,7 % du produit intérieur brut au terme de l’année fiscale 2018-19, le FMI a déjà tiré la sonnette d’alarme quant à la gestion de cet important indicateur économique. Il est évident que l’impact financier du nouveau rapport salarial exercera une forte pression sur l’économie», insiste Azad Jeetun. Et ce, à un moment où certains secteurs économiques clés comme le textile, le sucre, le tourisme et le Global Business sont confrontés à d’énormes défis.
Reste la productivité qui est le parent pauvre de la fonction publique. D’un rapport à l’autre, la productivité et l’efficience ontelles été améliorées ? Absolument pas, estime Azad Jeetun, qui réfute l’argument avancé par les syndicalistes de la fonction publique selon lequel le rapport du PRB à la velléité de compenser les pertes du pouvoir d’achat liées généralement au taux d’inflation.
Or, tel n’est pas le cas, car la compensation salariale accordée à chaque début d’année prend en considération la hausse du coût de la vie. Pradeep Dursun affirme que toute augmentation salariale doit être accompagnée raisonnablement d’une hausse de la productivité et de l’efficience par le biais de nouvelles mesures. «Le re-engineering des services et la modernisation de l’administration publique doivent être privilégiés dans le prochain rapport du PRB», dit-il.
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