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Journée internationale des pompiers: Léopaul, dans le feu de l’action pendant 43 ans

5 mai 2019, 17:00

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Journée internationale des pompiers: Léopaul, dans le feu de l’action pendant 43 ans

Il a 86 ans. Pourtant Léopaul Samuel demeure très actif. Nous l’avons rencontré dans sa maison, à Quatre-Bornes, alors que l’on célébrait hier, le 4 mai, la Journée internationale des pompiers. Devant lui, les clichés de l’époque où il faisait tourner la tête des filles avec son uniforme marron – oui, il était de cette couleur jadis. Pour lui, avoir servi le pays, grâce à ce métier, pendant plus de 43 ans, reste l’un des moments phares de sa vie.

Il est issu d’une famille modeste, son père était menuisier. Léopaul Samuel a déserté les bancs de l’école après avoir décroché le Certificate of Primary Education (CPE). Il souhaite reprendre le flambeau et marcher sur les pas de son papa mais le destin en a voulu autrement. Le 1er août 1955, à l’âge de 22 ans, il est reçu comme pompier. «Mon père m’a encouragé à y aller. Li ti pé dir travay gouverma pli safe…». Il débute alors à la caserne de Piton, et à cette époque, il habite à Port-Louis.

«Je ne peux vous expliquer la joie, la fierté que j’ai ressenties en enfilant mon uniforme», soutient Léopaul. D’ajouter que la tâche n’était nullement facile en ce temps-là. Les pompiers n’avaient qu’un seul camion à leur disposition et étant donné que les maisons étaient en paille, il était difficile et périlleux de maîtriser les flammes. «Vous vous imaginez, dès que la citerne se vidait, il était quasiment impossible pour nous d’éteindre le feu…»

«Nous n’avions même pas de scie»

Aujourd’hui, il est fier de voir l’évolution du Mauritius Fire and Rescue Service (MFRS). «Ils ont tout. Tous les équipements nécessaires, qui sont à la pointe de la technologie, sophistiqués.» À l’époque cependant, même si les accidents étaient rares, il n’y avait aucun équipement permettant d’extirper les victimes. «Nous n’avions même pas de scie.»

Une journée à la caserne se résumait à nettoyer, astiquer, faire briller le sol. «Ti koumadir enn ti training SMF. Bann sef-la pa ti pé les ou asizé. Nou ti pé fer drill lor drill.» Mais ils ne chômaient pas pour autant. «Quand j’étais à Piton, il y avait tous les jours une partie d’un champ de canne qui partait en fumée.» L’astuce alors ? Creuser une sorte de sillon, pour éviter que le feu ne se propage. «Lerla nou tap difé-la, ziska li teign.» Il se souvient aujourd’hui encore de cet incendie qui avait ravagé des champs de canne à sucre entre Piton et le Château de Labourdonnais, à Mapou.

Durant ses 43 ans de loyaux services, Léopaul était basé dans diverses régions et a participé à plusieurs interventions. «J’ai également servi à Rose-Hill, Quatre-Bornes, Curepipe, Flacq et Mahébourg. Une carrière riche où j’ai eu la chance exceptionnelle de rencontrer des amis, des collègues hors-pair.» Parmi le Chief Fire Officer, Louis Pallen ou encore Dorsamy Ayacootee, le Divisional Fire Officer. «L’année prochaine si je suis toujours là, nous avons prévu un get together entre seniors.» Cependant, regrette-t-il, parmi ses compagnons d’armes, nombreux sont ceux qui ne sont plus de ce monde…

«Mo ti kontan lev barbel mwa»

Les souvenirs, eux, sont toujours vivants. «Mo finn déza al tir enn dimounn dan enn pwi Pamplemousses. Et puis, il y a ce cas de pendaison pour lequel j’ai été sollicité à Rose-Hill. À Forest-Side, il y avait une fille qui s’était noyée, dans un puits aussi.» Dans les années 80, il y a eu l’incendie d’une usine à Quatre-Bornes. Certaines histoires, qu’elles soient tragiques, tristes ou qu’elles se terminent bien, vous marquent à vie.

Cerise sur le gâteau, ce métier lui a permis de rencontrer l’amour de sa vie, Madame ayant un petit faible pour les soldats du feu et leur bel uniforme… «Elle était exceptionnelle, compréhensive. Elle a toujours su me soutenir et m’épauler alors que je faisais un métier à risque», lance-t-il, tout en nous montrant une photo de mariage, mais ne souhaitant pas qu’elle soit publiée. «J’ai été tellement heureux avec elle.» Malheureusement, l’amour de sa vie a quitté ce monde il y a 12 ans.

Léopaul Samuel n’est cependant pas le premier pompier de la famille. «J’avais un grand frère qui était lui aussi pompier. Mon fils, lui, ne m’a pas emboîté le pas. Il a su faire sa propre route.»

Et, ancienne profession – mais aussi coquetterie – oblige, Léopaul Samuel est très soucieux de son physique. «Dépi toulétan mo finn fer spor akoz mo travay.» Aujourd’hui encore, il y consacre au moins une trentaine de minutes. «Mo ti kontan lev barbel mwa, akoz sa mo paret touzour zen!»

On confirme.