Publicité

Lesbiennes et mamans: «Un lien plus fort que le sang»

26 mai 2019, 20:00

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Lesbiennes et mamans: «Un lien plus fort que le sang»

Un enfant et deux mamans. C’est la famille du bonheur de G. et de M. Ces deux jeunes femmes sont en couple depuis huit ans. Et cela fait déjà trois ans qu’elles ont accueilli leur bout de chou dans leur cocon.

Elle n’avait jamais songé à devenir mère. Mais c’était avant de rencontrer l’amour de sa vie. Lorsque G., 38 ans, fait la connaissance de sa compagne, 33 ans, elle ne pensait pas du tout au grand amour. Et surtout pas à fonder une famille. «Je n’avais jamais pensé à devenir mère. J’ai mon filleul, je m’entendais très bien avec lui. Mais je ne pensais pas devenir mère.» Toutefois, après plusieurs années de vie commune, c’est tout naturellement qu’est venu le désir d’avoir un enfant ensemble.

Le couple se rend alors en Europe, plus précisément en Belgique et en Hollande, pour essayer de concevoir. Elles décident d’un commun accord que c’est M. qui portera l’enfant. Tout se passe à merveille et les deux futurs parents rentrent à Maurice. Hélas, un drame survient quelques jours à peine après leur arrivée. La future maman perd le bébé. Une période très difficile pour les deux mamans.

Mais elles ne baissent pas les bras et cette fois-ci décident de rester à Maurice pour concevoir. Quelque temps après, elle tombe enceinte à nouveau. Et lorsque les deux femmes apprennent la nouvelle, c’est une explosion de joie. Mais après avoir perdu le premier bébé, elles sont beaucoup plus prudentes. «Le médecin nous a recommandé le test sanguin après 15 jours, mais nous avons préféré attendre un mois. Nous n’avons pas non plus annoncé la grossesse à qui que ce soit avant trois mois.»

Neuf mois plus tard, leur petit bout de chou fait son apparition. Avec dix jours d’avance… «L’accouchement était prévu pour le 16 avril, mais dix jours avant, ma compagne a commencé à sentir des contractions. On l’a alors transportée à la clinique.» G. explique qu’elle et sa compagne ont déjà tout préparé pour l’accouchement deux mois en avance.

À la clinique, la gynécologue les informe que l’accouchement aura lieu le même jour. Au bloc opératoire, deux options s’offrent à G.: soit elle est auprès de sa compagne ou aux côtés de la gynécologue pour voir son enfant naître. Elle n’hésite pas une seconde: elle veut être la première à voir son enfant. Même si elle est prête à tourner de l’œil devant le spectacle qui s’offre à elle lors de l’accouchement, elle tient bon. «Je me suis dit que c’est un moment qu’il ne fallait pas que je rate.» Mais il y a des complications durant l’opération et la position du bébé n’est pas bonne.

Le moment le plus poignant vient quand le personnel soignant dépose le bébé dans les bras de G. «Il était en train de pleurer mais dès que je l’ai pris dans mes bras, il s’est calmé. Pour moi, c’est la preuve qu’il y a un lien beaucoup plus fort que celui du sang et de la chair entre un enfant et un parent.»

Et d’ajouter que quand elle a pris ce bébé dans ses bras, il n’y avait plus aucun doute pour elle que c’était son enfant. «J’avais beaucoup d’appréhensions, je me demandais si cet enfant allait m’aimer car je ne l’ai pas porté. Mais à ce moment précis, je me suis rendu compte qu’avoir cet enfant était déjà un accomplissement en soi.»

Après l’accouchement, M. reste alitée pendant un mois. Une période durant laquelle G. prend soin du bébé. «Je me suis occupée de lui de a à z. C’est moi qui lui ai donné son premier bain. J’ai pris soin de lui. Ce qui m’a permis de forger des liens entre nous.»

Des liens qui, au fil des années, seront davantage renforcés. G. indique que si physiquement son petit bonhomme est la copie conforme de M., il tient toutefois ses défauts d’elle. «Ça peut être ennuyant pour d’autres, mais moi, cela me rassure surtout. Au de-là du côté biologique, il y a aussi le fait que je lui ai parlé pendant neuf mois alors qu’il était dans le ventre de M., pour tisser nos liens. Il y a tout l’amour que je lui porte, la sécurité de notre cocon, notre famille.»

À trois ans, le petit est encore trop petit pour comprendre la différence entre sa famille et les autres. Mais G. affirme que quand le garçonnet sera en âge de comprendre, ses parents lui diront la vérité. «Comme chaque enfant, il n’a pas choisi de naître, nous l’avons voulu. Il doit savoir d’où il vient, son histoire, notre histoire. Mais il saura aussi et surtout que nous l’aimons beaucoup.»

Pour G., sa famille, c’est «notre cocon, c’est la maison du bonheur, on y respire la joie. Il y a certes des disputes, comme dans tous les couples, dans tous les foyers. Mais il y a aussi beaucoup de respect et de valeurs. Le respect de soi et de l’autre ainsi que l’amour, ce sont là les facteurs les plus importants dans une famille».