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Deux formes de pollution menacent la nature de l’eau

28 mai 2019, 21:40

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Deux formes de pollution menacent la nature de l’eau

La pollution des eaux de surface telles que rivières, plans d’eau et les eaux souterraines survient lorsque sa qualité est dégradée par des matières déversées par la nature ou principalement par les activités humaines. Cette pollution existe sous deux formes, chimique (engrais) ou organique (pathogène).

«Plus de 50 % de nos besoins domestiques proviennent des eaux souterraines. L’introduction de polluants dans le sous-sol peut provoquer une pollution des eaux souterraines caractérisée par une propagation lente et durable et une grande difficulté de résorption ou de traitement», avance Toolseeram Ramjeawon, ingénieur environnement et chargé de cours à l’université de Maurice.

Les différentes sources de pollution sont les eaux évacuées par les usines, les déjections animales, les eaux usées rejetées des toilettes, les détergents, les produits pharmaceutiques ainsi que le déversement de déchets solides dans les cours d’eau. Les hôpitaux, les élevages et certaines entreprises agroalimentaires rejettent des germes susceptibles de présenter un danger pour la santé.

Par ailleurs,les produits toxiques proviennent de l’industrie chimique et des métaux, de l’activité agricole et des décharges domestiques ou industriels. Les produits chimiques utilisés dans les machines électriques peuvent se retrouver dans l’environnement lors de fuites d’huile et peuvent polluer les réserves d’eau.

Toolseeram Ramjeawon mentionne que la présence excessive de nitrates et de phosphates liée aux activités humaines, à l’agriculture et à l’industrie, peut créer une prolifération d’algues dans les rivières et affecter nos eaux souterraines. «Les zones de culture, d’élevage intensif,et les endroits où il n’y a pas de systèmes d’égout ou que les fosses septiques ne fonctionnent pas, les rejets dépassent souvent les capacités d’épuration des sols.»

Notre loi et l’Organisation mondiale de la santé (OMS) ont fixé un seuil admissible de 50 mg/l de nitrates pour l’eau potable. D’après les données de l’Environment Statistics de 2017, le taux de nitrates de certains boreholes du Nord sont à environ 40 mg/l, donc juste en dessous de la norme. D’autre part, les activités agricoles, l’élimination illégale des eaux usées et l’élevage d’animaux pourraient être parmi les sources de pollution par les nitrates autour de Port-Louis, selon les conclusions préliminaires d’une étude soutenue par l’AIEA utilisant des techniques isotopiques.

«Il faut surveiller de près la pollution de nos eaux par les nitrates. Savoir qui ou quoi est responsable de cette pollution peut aider les décideurs politiques à prendre des mesures éclairées pour protéger les rivières et les eaux souterraines», souligne-t-il.

Cependant Ivan Collendavelloo, le ministre de l’Énergie et des services publics, rassure la population qu’il n’y a pas de mélange de matières premières brutes des eaux non-traitées avec celle traitée pour l’usage potable dans aucune région du pays. «Terre-Rouge ainsi que Pamplemousses que concernaient les résultats préliminaires, mentionnés par l’AIEA, sont des forages agricoles et ne sont pas utilisés pour l’approvisionnement en eau potable.» Il ajoute que l’étude est toujours en cours et constituera la base d’un plan d’action complet sur les eaux souterraines et de surface.

Le laboratoire de la CWA, accrédité ISO 17025, réalise 200 tests par mois sur des échantillons provenant de 140 sites. Des tests sont également effectués par le ministère de la Santé et de la qualité de vie et le Laboratoire national de l’environnement pour assurer le respect des normes relatives à l’eau potable.

Les zones à risques

D’autre part, les différentes zones géographiques avec des utilisations du sol variables (agriculture, élevage d’animaux et agglomérations urbaines) auront des degrés de pollution divers. Les zones les plus à risques sont les eaux souterraines dans des zones à fortes activités agricoles comme dans les plaines du Nord. Tout comme les eaux de surface dans les zones urbaines à forte densité avec des systèmes inappropriés d’évacuation des eaux usées des ménages, des fosses septiques défectueuses, des rejets industriels et des élevages d’animaux. L’urbanisation a une influence sur la qualité de l’eau car le bétonnage de grandes surfaces favorise une accélération des écoulements et ne laisse pas le temps ni la possibilité à l’eau de s’infiltrer pour être purifiée par le terrain.

Selon Jean Christophe Chauvet, président de l’organisation non-gouvernementale Biodiversity Conservation, les éléments polluants en quantité raisonnable ne sont pas toxiques et la nature peut traiter le cycle de destruction normal des choses. C’est l’accumulation qui pollue. Les eaux grises sont souvent déversées dans des champs d’épandage souterrains, donc c’est la nature qui «traite» mais avec l’augmentation des constructions et de la population ce type d’installation ne suffit déjà plus.

«On estime à 40 % les pertes en eau dues aux fuites sur les canalisations de la CWA et autres,fuites qui impliquent des trous dans les canalisations et c’est par ces trous que s’infiltre la pollution dans l’eau du robinet», souligne-t-il.