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Jeux des Iles de l’Océan Indien: Champions à leur façon

20 juillet 2019, 22:15

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Jeux des Iles de l’Océan Indien: Champions à leur façon

Remporter des médailles, c’est le but de chaque sportif participant à cette 10e édition des Jeux des îles de l’océan Indien (JIOI). Mais les sportifs, à eux seuls, ne font pas les jeux. Cet événement qui a lieu tous les quatre ans a requis la contribution de centaines d’hommes et de femmes, tous placés à des postes essentiels au bon déroulement de ce rendez-vous. Nous avons rencontré une famille de fervents supporters, une volontaire prête à tout pour vivre une expérience humaine inoubliable, un médecin urgentiste qui veille au moindre malaise ou encore un «Front Office Manager», affichant son plus beau sourire en voyant arriver les délégués…

Annielle Trousquin, volontaire: participer au mieux-être de la collectivité 

«Je me donne à 1 000 % sur le terrain. Énergie au top ! Je suis sur un petit nuage, car l’ambiance est extraordinaire. Je fais partie d’une équipe formidable», s’exclame Marie Annielle Trousquin, 26 ans, qui s’est portée volontaire pour les JIOI. Pour le bon déroulement des jeux, beaucoup travaillent dans les coulisses, dont des volontaires. Marie Annielle Trousquin y participe quoiqu’elle travaille déjà au sein du ministère de la Jeunesse et des sports comme animatrice. 

«Je me porte volontaire pour aider les autres et participer au mieux-être de la collectivité. Cette activité me permet d’exprimer mon intérêt à l’égard d’une cause et d’être parmi ceux qui travaillent pour améliorer les choses de notre pays et faire la différence», soutient-elle. 

Pour elle, cet événement est une opportunité de participer en compagnie d’autres Mauriciens à la réalisation d’un important projet commun et de découvrir les JIOI après si longtemps. Elle ajoute que c’est aussi par besoin d’appartenance à tout ce qui touche le pays. 

Dans le Nord, Marie Annielle Trousquin est responsable d’équipe et s’occupe du placement des porteurs. Elle explique que ses missions consistent à préparer le matériel pour les porteurs de la flamme et distribuer des T-shirts et des casquettes aux participants. 

La jeune femme est d’avis que sa participation lui permettra de développer de nouvelles compétences et de raffermir ses capacités. Ce sera surtout une belle expérience humaine.

Aldo Carnel, «Front Office Manager» à Westin: accueillir et s’occuper des VIP le temps des Jeux 

Autre terrain de jeu. Autre course contre la montre pour Aldo Carnel, le Front Office Manager de Westin Hotels & Resorts. Soit l’établissement hôtelier qui héberge la délégation comorienne mais surtout les VIP le temps des Jeux. VIP veut dire notamment ministres, membres du Conseil international des jeux, représentants des fédérations internationales, chefs des délégations, partenaires et invités officiels, pour ne citer que ceux-là. Trois cents personnes sont attendues. 

À 38 ans, Aldo Carnel fait partie du personnel hôtelier qui devra s’occuper des invités lors de cet événement qui a la velléité de tenir tout le pays en haleine. «Depuis mercredi soir, le gros du contingent des délégués a débarqué. Notre travail au Front Office consiste à accueillir les délégués, s’occuper de l’enregistrement, réceptionner les bagages et faciliter leur séjour, tout comme nous devons en parallèle accueillir et nous occuper des autres clients de l’hôtel», soutient le trentenaire. D’ajouter que des membres du personnel sont également appelés à faire des heures supplémentaires. 

En dépit du travail qui accapare tout son temps, cet habitant de Pointeaux-Piments, qui exerce dans l’hôtellerie depuis ses 18 ans, espère pouvoir aller voir au moins un match de football, de volley-ball ou des épreuves d’athlétisme. Car il a hâte de crier, venant de ses tripes: «Allez Maurice.»

Dhiraj Bassoodelsingh, fan du Club M: au rendez-vous pour une troisième finale


Les JIOI ont commencé fort pour Dhiraj Bassoodelsingh. Parmi la foule réunie au stade George V, à Curepipe, jeudi, le quadragénaire, accompagné de ses filles et de ses amis, est venu soutenir son équipe de cœur qui affrontait les Seychelles. Ce premier match du Club M que ce père de famille ne pouvait nullement manquer d’y assister. 

Portant fièrement le quadricolore, Dhiraj Bassoodelsingh raconte qu’il a connu les premiers JIOI qui ont eu lieu à Maurice en 1985. Et, depuis, dit-il, il est devenu un inconditionnel du Club M. Heureux d’avoir pu transmettre la fibre footballistique et patriotique à ses filles de même qu’à ses proches, ce fan du ballon rond n’hésite pas à pousserun «Alé Moris !» 

Nostalgique, Dhiraj Bassoodelsingh se souvient que c’est à travers la télé, alors qu’il était encore enfant, qu’il a vécu ses premiers JIOI. «La famille était heureuse de vivre cet événement. Ma discipline favorite, c’est le football. Petit, je suis allé voir un match de la Fire Brigade au stade George V et c’était le déclic. Lors de la finale de foot de 85, mes parents, mes cousins et d’autres proches étaient là. Au sifflet final, Maurice a remporté sa première médaille d’or en football. C’était une joie indescriptible», relate notre interlocuteur, visiblement ému. Lorsque les Jeux reviennent à Maurice en 2003, il a fait partie des porteurs de la flamme. Mais étant donné que les matchs étaient programmés plus tôt, il parvient à se libérer de son travail que pour assister à un seul match. Néanmoins,souligne Dhiraj Bassoodelsingh, «j’étais derrière le Club M lors de ses matchs et lors de la finale, et je savais que Maurice pouvait réaliser un doublé».
 
Cet habitant de St-Julien Village se dit fier que Maurice organise une nouvelle fois la compétition. «La ferveur et l’élan patriotiques sont bien présents. Lors du match Maurice-Seychelles, j’étais heureux de voir que beaucoup de Mauriciens sont venus en famille. Cela fait longtemps que je n’ai pas vu un tel engouement. J’étais dans le stade avec mes filles et mes amis, c’était des moments intenses. Malgré le match nul, je sais que Maurice fera le break aux prochaines rencontres.» N’empêche, concède-t-il à l’express, le match nul (NdlR, 1-1) lui a donné un pincement au cœur. 

Mais ce père de famille ne se limitera pas à assister qu’au football. «Je serai présent au stade Anjalay pour l’ouverture. J’ai acheté des billets pour la natation à Côte-d’Or aujourd’hui, vu que mes filles pratiquent ce sport. Je serai aussi présent pour le volley-ball. Dommage que des billets pour certaines disciplines sont déjà sold-out.» 

Heureusement, sourit-il, il a déjà son billet pour la finale de football. Et de lâcher: «Jamais deux sans trois. Maurice sera en finale comme lorsqu’on a accueilli les Jeux en 1985 et 2003. Et Maurice va la remporter une nouvelle fois !» 

Sur une note de fin, Dhiraj Bassoodelsingh fait ressortir que les JIOI sont importants pour le pays. «C’est l’occasion d’être une vraie nation. Dès mon jeune âge, j’ai compris ce que c’était d’être derrière son pays. J’ai choisi de transmettre ces valeurs et cette fierté à mes enfants.» Cet employé de la Santé insiste que «c’est important que les dirigeants des pays organisent de tels événements pour unir les Mauriciens».

Yann Erasmus, responsable de production côté créatif: un passionné d’art derrière le spectacle d’ouverture

Depuis l’enfance, il est un passionné d’art et de culture. Yann Erasmus fait partie de ces jeunes qui ont participé à la mise sur pied du spectacle d’ouverture des Jeux des îles de l’océan Indien (JIOI). À 25 ans, le jeune homme est le responsable de production côté créatif de ce spectacle qui aura mobilisé autour de 300 personnes sur scène et une centaine pour l’organisation. 

«Cela a été une logistique énorme. En tant que responsable de production, je devais faire le lien entre les différentes sections. Notamment le comité d’organisation des JIOI et les équipes techniques. C’est une position qui demande beaucoup de rigueur», avance Yann Erasmus. 

Car il faut s’assurer que les choses soient faites convenablement et dans les temps, poursuit-il. «Tout, que ce soit la musique, les chansons, les costumes ou encore les images mises en avant lors des quatre tableaux présentés, a été conçu uniquement pour ce spectacle.» 

Yann Erasmus travaillait en régie pour Porlwi by Nature en 2017 lorsqu’il a été approché par Emilien Jubeau pour travailler sur les JIOI. S’il est un habitué des spectacles pour avoir été dans le passé comédien et assistant metteur en scène, il fait ressortir que l’expérience des JIOI est unique. «C’est la première fois que je travaille sur un projet d’une telle ampleur. Et, qui plus est, un projet qui a été conçu majoritairement par de jeunes mauriciens.» 

Yann Erasmus baigne dans l’art depuis son plus jeune âge. «Quand j’étais enfant, nous écoutions beaucoup de musique et nous chantions en famille. De fil en aiguille, je me suis tourné vers l’art. J’ai assisté à beaucoup de spectacles. Puis, en 2012, j’ai fait ma première expérience dans la production, avec la comédie musicale «La Traviata»», confie-t-il. Le jeune homme a agi en tant qu’assistant metteur en scène aux côtés de la Française Ludivine Petit. 

Par la suite, Yann Erasmus s’est envolé pour l’Afrique du Sud, où il a poursuivi ses études en graphisme. Il y a également travaillé. Notamment dans le domaine du graphisme et du software. Rentré au pays en 2017, Yann Erasmus travaille pour l’entreprise familiale Ad Lib Ltd. 

L’année suivant son retour, soit en 2018, le jeune homme a joué dans «La Veuve joyeuse».

Dharmanand Auchoybur, «Senior Sports Officer»: Monsieur Repas Chaud 

Il doit s’assurer que les officiels, les volontaires et les VIP ont de quoi se mettre sous la dent. Que ce soit sur le parcours de la flamme, lors des séances de répétition ou sur les sites de compétitions, la mission de Dharmanand Auchoybur, 63 ans, a démarré bien avant le coup d’envoi des jeux, hier. Senior Sports Officer au ministère de la Jeunesse et des sports, où il a consacré 25 ans de sa vie, le sexagénaire a le devoir de tout superviser, soutenu par une équipe de 15 fonctionnaires. 

Cela va du choix des menus validés par un nutritionniste à l’allocation du contrat à huit traiteurs agréés par les ministères concernés. Et sans compter gérer une distribution de 2 500 plateaux-repas par jour, pour le déjeuner et le dîner, pour les 14 disciplines au programme. Un lunch pack peut comprendre du riz, du grain sec, du poulet, du poisson ou de la viande et une salade pour un non-végétarien. Le tout, accompagné d’une bouteille d’eau et d’un fruit ou d’un yaourt.
 
«La restauration des sportifs est prise en compte par l’hôtel où ils résident. Mon équipe s’occupe de la restauration des officiels et autres non-résidents. Notre tâche est aussi de s’assurer que le repas est livré à temps sur les différents sites. Nous travaillons pour cela avec la commission des transports», confie Dharmanand Auchoybur. Par-dessus tout, notre interlocuteur se dit honoré de s’être vu confier une telle responsabilité à la veille de son départ à la retraite, prévu l’année prochaine. 

Avant d’atterrir au ministère de la Jeunesse et des sports, Dharmanand Auchoybur a été ancien athlète et ensuite professeur de sports au collège, dont SSS Triolet et le collège Royal de Port-Louis. Père d’une fille de 28 ans et d’un fils de 26 ans, tous deux médecins, dont l’un s’est spécialisé en chirurgie cardiaque, Monsieur Repas Chaud de ces JIOI est fier de la mission qui, dit-il, «restera gravée dans ma carrière. Car le sport, c’est ma vie».

Khomadee Sooprayen, médecin urgentiste: avoir cette propension à agir vite 
 


C’est sa toute première expérience des JIOI. Le Dr Khomadee Sooprayen, 37 ans, est médecin urgentiste. Son choix de carrière, elle l’a fait en 2016, après avoir passé huit ans dans plusieurs départements de la santé publique. Faire partie des urgences, pour elle, c’est d’avoir cette propension à agir vite. «C’est un autre bonheur que de voir un patient dont la chance de survie est quasi nulle reprendre son souffle», lâche-t-elle.
 
Le Dr Khomadee Sooprayen dit avoir nourri le rêve d’être médecin depuis l’enfance. «Je savais exactement que je voulais être dans le monde médical. Le choix d’être urgentiste est venu plus tard», poursuit-elle. Comment? «Le fait de tenter tout pour réanimer quelqu’un, c’est ce qui me donne la satisfaction dans mon métier. Nous intervenons lors des accidents ou lorsque quelqu’un a un malaise à son domicile. C’est un travail dur par moments. Il y a des contraintes comme dans tous les métiers, mais il faut pouvoir gérer si on aime ce travail», indique la trentenaire. 

Affectée au Service d’aide médicale d’urgence (SAMU) depuis 2016, elle fait aujourd’hui partie de la commission médicale du Comité d’organisation des 10e JIOI. Son rôle: coordonner, avec Yannick d’Hotman, président de la commission, le déploiement d’une équipe d’au moins 250 personnes, comprenant des secouristes et autres, durant la période des jeux. Sans compter qu’il faut aussi s’assurer que les équipements nécessaires soient distribués au personnel médical et paramédical. 

Du 19 au 28 juillet, le Dr Khomadee Sooprayen dispose donc d’un official release du service de Samu pour participer à plein temps au sein de la commission médicale. Une expérience qui est, pour elle, une fierté de servir son pays autrement et qu’elle n’est pas près d’oublier de sitôt.

Arvin Doomjy, chauffeur: toujours en stand-by pour conduire les athlètes à bon port

Pour la 10e édition des JIOI, le Comité d’organisation des Jeux des îles (COJI) a mobilisé 4 500 véhicules pour le «transfert» des athlètes et officiels à travers le pays. Au quotidien, environ 300 voitures sont déployées pour assurer le transport à partir des hôtels vers les sites de compétition ou d’entraînement. Arvin Doomjy, 38 ans, est l’un de ces chauffeurs chargés d’emmener les athlètes à bon port. Bravant le froid et la pluie, il se fait un devoir d’être au «Village des Jeux» dès 6 h 30. 

«Je suis déjà en stand-by à cette heure-ci, afin de connaître mon itinéraire de la journée», lance Arvin Doomjy. Il ajoute que le responsable du transport fait un briefing avec tous les chauffeurs et les informe du nombre de véhicules qui seront utilisés. «Il y a toute une organisation à mettre en place, avant de nous indiquer notre destination. Cela se passe en coordination avec le Transport Officer.» Ce dernier est d’ailleurs un de ses amis, qui possède une flotte de 50 véhicules, poursuit notre interlocuteur. De préciser que celui-ci a décroché le contrat après avoir répondu à l’appel d’offres lancé par le COJI. 

Si Arvin Doomjy affirme qu’il faut toujours être en «stand-by», sa journée prend toutefois fin vers 22 heures. Celui qui avait quitté son job en tant que Production Coordinator, car «lapey pa ti tro bon», travaille comme chauffeur à son propre compte depuis dix ans. Le trentenaire décrit cette 10e édition des JIOI comme une «bonne expérience». 

À noter que Rs 25 millions ont été allouées pour les frais de transport des athlètes à Maurice et Rs 700 000 pour Rodrigues.