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Pêche en haute mer: un capitaine dénonce des «pratiques illégales»

3 août 2019, 17:30

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Pêche en haute mer: un capitaine dénonce des «pratiques illégales»

Ce serait une question de sécurité mais aussi de fraude. Des bateaux de pêche opéreraient sans le permis approprié, grâce à des petits malins qui auraient su comment contourner le système. Un capitaine s’inquiète de ces pratiques qui seraient une menace pour les marins pêcheurs tout comme pour leurs embarcations.

Ils ont trouvé un bon moyen pour contourner la loi et, ainsi, se faire de l’argent facile tout en évitant les contraintes administratives et sécuritaires. Quelques propriétaires de bateaux de pêche nageraient en eaux troubles depuis quelque temps, mettant du coup la vie de leur équipage en danger. Un capitaine, habitué du port, tenant à parler sous le couvert de l’anonymat, affirme qu’une dizaine d’embarcations au moins opèrent sans être pourvues d’une licence appropriée sur les bancs, en haute mer. La raison : elles ont été enregistrées sous la mauvaise loi. Nous attendons des réponses du ministère de la Pêche, concernant cette affaire, depuis la semaine dernière.

D’après les législations mauriciennes, toute embarcation de 24 mètres ou plus doit respecter les règlements de la Merchant Shipping Act afin d’avoir l’autorisation du ministère du Transport maritime pour pouvoir naviguer. Ce permis entraîne une série d’obligations à respecter. Cependant, dit le capitaine qui compte plus de 30 ans d’expérience dans le secteur, ces propriétaires de navires de pêche ont trouvé une combine pour éviter ces obligations. «Je ne sais pas par quel moyen ils s’y sont pris, mais ils ont fait enregistrer leur embarcation dans la catégorie de moins de 24 mètres de long, cela auprès du ministère de la Pêche au lieu de celui du Transport maritime.» Et ça fait toute la différence.

En obtenant un permis du ministère de la Pêche, explique-t-il, ces «fraudeurs» ont moins de frais à débourser. En effet, tout bateau enregistré sous la Merchant Shipping Act doit non seulement respecter des normes de l’International Maritime Organisation et de la convention de Safety of Life at Sea, mais le propriétaire doit également engager un personnel qualifié, comme capitaine et chef ingénieur, et leurs assistants doivent avoir été formés selon des critères internationaux en vigueur.

Or, avec un bateau ayant obtenu son permis d’opération du ministère de la Pêche, il lui suffit de prendre la mer avec un capitaine, et un chef mécanicien, formés localement, par exemple. «Il y a quelques bateaux qui n’ont pas de chef mécanicien ou, sinon, c’est un mécanicien qui officie également comme pêcheur», affirme notre capitaine. De plus, sous la Merchant Shipping Act, les bateaux de 24 mètres de long ou plus doivent être équipés d’appareils électroniques appropriés.

Notre source estime que c’est risquant pour tout l’équipage d’un bateau de pêche si ses membres n’ont pas l’expérience nécessaire ou si l’embarcation est équipée de manière inappropriée. Car, par exemple, les bancs au nord de Maurice se retrouvent sur les routes maritimes reliant l’est de l’Afrique ou Madagascar à l’Asie. Si nos bateaux de pêche n’arrivent pas à détecter la présence de gros navires sur leur route, un accident peut vite arriver… 

Le capitaine rapporte également une autre pratique dangereuse en haute mer, près des bancs de poissons. Selon lui, au lieu de retourner à Port-Louis avec leur excès de carburant, certains bateaux le revendent illégalement à d’autres embarcations, qui prolongent ainsi leur campagne de pêche. Le carburant, explique le marin, est vendu plus cher que le prix pratiqué au port.
 
«Pour des raisons de sécurité, ces capitaines doivent se rendre à quai, à Port-Louis, avec leur excès de carburant. Une fois au port, ce surplus sera pompé pour être stocké dans des récipients appropriés. Cependant, pour se faire de l’argent facile et, aussi, pour ne pas payer les frais de pompage, au port, le diesel est vendu en mer à d’autres bateaux.» Le transfert, dit notre source, se fait dans des conditions minimales de sécurité, ce qui met en péril la vie des pêcheurs de même que l’écosystème marin.

Le ministère de la Pêche a été sollicité le 15 juillet, afin qu’il fournisse des réponses à nos interrogations et pour savoir si les autorités sont au courant de ces pratiques. Nous avons reçu un mail dix jours plus tard, où un officier nous a expliqué que le ministère enquête pour savoir si effectivement des propriétaires de bateaux ont enfreint la loi. Ajoutant qu’il nous tiendrait au courant de tout développement à ce sujet.