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Air Mauritius: nouvelle stratégie pour limiter les pertes
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Air Mauritius: nouvelle stratégie pour limiter les pertes
Faire des économies de plus de Rs 2 000 sur le prix d’un billet valant Rs 20 000. C’est une des solutions proposées par MK à des actionnaires pour freiner ses pertes. Mais les experts en aviation se montrent sceptiques quant aux possibilités de redresser la barre sur le plan financier.
L’annonce par Air Mauritius (MK) d’un rabais de 15 % sur les coûts de billets aux actionnaires détenant 5 000 titres et plus est-elle susceptible de rassurer les «stakeholders» de la compagnie nationale d’aviation, les petits porteurs comme les investisseurs institutionnels ? La question mérite d’être posée face à l’inquiétude, voire la colère de ces derniers, qui ont vu le cours de l’action de MK chuter en dessous de sa valeur nominale de Rs 10, après des pertes de plus de Rs 1 milliard enregistrées au 31 mars 2019.
«Nous finalisons les détails liés à ce scheme. Pour aider les procédures administratives, une carte sera émise aux actionnaires éligibles», souligne notre source au Paille-en-Queue Court. Toutefois, un premier calcul montre qu’un actionnaire souhaitant prendre avantage de ce rabais pourra déduire entre Rs 2 000 à Rs 2 500 sur le prix d’un billet de Rs 20 000, car cette baisse exclut les taxes gouvernementales.
Si cette mesure peut créer momentanément un «feel-good factor» parmi les actionnaires, il reste que les spécialistes de la finance et les courtiers en bourse s’interrogent, eux, sur les résultats financiers intérimaires pour le premier trimestre se terminant au 30 juin. Air Mauritius pourrait-elle enclencher une tendance baissière des pertes encourues jusqu’ici ou présenter carrément des résultats positifs ? À cette question, la direction de MK ne souhaite pas se prononcer, se réfugiant derrière la posture de «société listée».
Mais les plus avertis se disent sceptiques. «Si, pour les neuf premiers mois, MK a subi des pertes de Rs 1 milliard alors que c’est la saison où les transporteurs sont plus sollicités, doit-on comprendre que la compagnie pourrait renverser la vapeur dans cette période de basse saison ?», s’interroge un ex-cadre d’Air Mauritius, qui a voulu garder l’anonymat.
La compagnie a enregistré en fait des pertes Rs 1,2 milliard pour l’année financière 2018-19 (29 millions d’euros), pour des revenus totalisant une vingtaine de milliards de roupies. Mais avec des dépenses opérationnelles excédant les Rs 20 milliards, dont l’item lié aux carburants représente plus de 30 % de ce chiffre, soit Rs 6 milliards. Les dépenses administratives se montent à quelque Rs 1,3 milliard, dont une grosse partie est destinée à financer la masse salariale.
Exercice de recapitalisation
Toujours est-il qu’Air Mauritius s’est lancé, ces dernières semaines, dans un exercice de recapitalisation face à la dégradation de ses fonds propres (Shareholders Fund), qui sont passés de Rs 3,4 milliards, en 2018, à seulement Rs 1,6 milliard en mars 2019, soit une baisse de Rs 1,8 milliard. Du coup, en avril, MK a décidé de se désengager du capital de Pointe Coton Resort Hotel, à Rodrigues, pour un montant de Rs 110 millions, au profit d’AML Ltd ; d’émettre des actions dites «préférentielles» pour une valeur de Rs 500 millions, et d’acquérir 20 % du capital de Mauritius Duty Free Paradise Ltd, pour Rs 405 millions.
Ce qui a permis à la société aérienne de réunir presque Rs 1 milliard pour sa recapitalisation. Au Paille-en-Queue Court, on soutient que la compagnie s’est engagée dans un exercice de révision de son «business model», ce qui déterminera aussi sa structure de capital. «Celle-ci sera importante pour mettre en place ce nouveau modèle et assurer sa pérennité économique à long terme», affirme notre source. Mais quid de l’impact de cette capitalisation sur les liquidités de MK ? Il va sans dire, nous dit-on, que tout cet exercice de recapitalisation influera positivement sur les liquidités de la compagnie.
Mais est-ce suffisant pour «turn around» la situation d’Air Mauritius, se demandent des spécialistes. Visible- ment non, disent-ils. «L’État, comme principal actionnaire contrôlant 63,8 % du capital, à travers ses filiales, doit injecter plus de fonds dans la société, pour lui donner les moyens de ses ambitions. Le cas échéant, on se fera battre par nos concurrents, qui ont déjà grignoté une part de nos marchés sur certaines lignes», reconnaît le haut cadre de la compagnie.
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